Teonoiatu : retour à une vie plus simple à Mataiva

Publié le 24 mai 2024

C’est à l’heure dorée, avant que le soleil ne déserte définitivement l’horizon, que Femmes de Polynésie rencontre Teonoiatu, jeune créatrice des Trésors de Mataiva. À travers cette petite entreprise, elle magnifie les objets du quotidien avec des coquillages et insuffle dans ses créations ses valeurs ainsi que sa passion pour ces trésors si simples, pourtant si beaux, plus particulièrement ceux de l’atoll qui l’a désormais adoptée : Mataiva. Découvrons ensemble son cheminement, de son quotidien de femme travaillant au cœur du fourmillement incessant de Papeete à celui qu’elle a choisi il y a un peu plus d’un an, celui d’une vie simple dans les îles.

MATAIVA, UN RETOUR AUX SOURCES NÉCESSAIRE

La jeune femme de 27 ans est née à Tahiti, où elle grandit et fait ses premiers pas dans la vie active. Au fil des semaines marquées par la platitude et le manque de temps passé avec sa famille, son conjoint et elle-même prennent une décision radicale : celle d’aller s’installer à Mataiva, d’y ouvrir une pension de famille et de vivre de leurs passions.

«Quand j’étais ici, j’étais en mode survie, prise dans une routine monotone entre aller et revenir du travail, manger et dormir. Nous n’avions pas vraiment le temps de profiter. Je voulais une vie où je pourrais profiter de mon bébé. Un jour, on s’est dit “on plaque tout”, et nous sommes allés habiter à Mataiva, d’où mon chéri est originaire. »

Elle évoque rapidement sa grande passion pour la confection de couronne, de taille et de pō’ara. Sur cet atoll bordé de bleu, elle remarque que la végétation est différente, moins diversifiée. S’adaptant à ce nouvel environnement, ce sont alors les coquillages qui l’interpellent.

« À Mataiva, la vie est simple. Il faut savoir s’occuper, que ce soit par la pêche, le coprah ou l’artisanat. Personnellement, ce sont les coquillages qui m’ont appelée. J’ai trouvé le moyen d’allier ma passion pour les couronnes à ma passion naissante pour les coquillages. »

La naissance des trésors de Mataiva

Elle commence à appréhender cet intérêt naissant en confectionnant des colliers de coquillages, puis prend confiance et laisse petit à petit parler son imagination, expérimentant sur différents supports.

« Je me suis rendue compte qu’il me restait quelques serre-têtes sur lesquels je faisais des compositions florales. J’ai donc essayé de faire des tiares avec des coquillages. Et c’est là que l’intérêt à commencer à naître pour mes créations. »

La demande pour ses réalisations grandit et s’établit. Teonoiatu lance alors sa propre entreprise, “Les Trésors de Mataiva”. Un nom qu’elle ne choisit pas par hasard et qui a une importance toute particulière à ses yeux.

« J’ai réalisé que l’on accordait pas assez d’importance au coquillage. J’ai été portée par la volonté de mettre la lumière sur ce trésor local, de rendre justice à sa beauté, sa pureté et son élégance naturelle. Je voulais absolument citer Mataiva, car c’est un atoll merveilleux qui mérite d’être connu. »

MAGNIFIER LES OBJETS DU QUOTIDIEN

Aujourd’hui, un an après la création de son entreprise, l’artisane a pris de l’assurance et vogue désormais au rythme de ses inspirations, des coquillages que la mer lui dépose sur la plage, leurs formes, leurs couleurs, leurs tailles. Son inventivité se charge ensuite d’honorer avec élégance et simplicité tous types d’objets, au gré des demandes et de ses inspirations.

« Au fur et à mesure, on me demandait si je pouvais composer sur des tables, des miroirs. J’ai donc accepté ces défis. Je me plais aujourd’hui à donner de la valeur à nos objets du quotidien en les ornant de coquillages et autres trésors de la mer. »

UNE FEMME, UNE MÈRE, UNE ENTREPRENEUSE

Teonoiatu allie désormais au quotidien sa vie de femme, de mère de famille et d’entrepreneuse. Ainsi la jeune femme s’épanouit dans cette nouvelle vie, en accueillant les contraintes et les difficultés qui la compose.

« Mon fils me suit partout. Il est toujours présent pour m’accompagner à la chasse aux coquillages. Il est hyperactif et cherche toujours à participer. Des fois, c’est un peu dur de gérer mon activité et de m’occuper de lui en même temps, mais c’est une joie de le voir grandir avec ce cadre de vie. »

Autant pour la qualité de vie qu’elle possède que pour l’avenir qu’elle entrevoit pour son entreprise, Teonoiatu désire fermement rester à Mataiva.

« Quand je suis arrivée là-bas, j’ai vu que les enfants vivaient simplement, et ça m’a touchée. J’avais l’habitude de voir les jeunes sur les ordis ou les tablettes. À Mataiva, ils vont pêcher, ils apprennent les savoir-faire traditionnels. J’ai regretté que nous perdions cette connexion là à Tahiti. Je ne regrette pas une seconde d’être allée habiter là-bas. »

UNE VIE SIMPLE, RICHE DE MOMENTS PRÉCIEUX

Consciente d’être à contre-courant de l’exode des jeunes vers Tahiti, Teonoiatu n’échangerait sa nouvelle vie pour rien au monde

« Les gens ont l’habitude que tout soit disponible sur Tahiti, et s’attendent sûrement à ce que je rentre pour mon business. Justement, je tiens à briser cette idée et encourager les locaux à venir nous voir, à découvrir Mataiva, à rencontrer la population et voir de leur propres yeux les richesses et la beauté de notre atoll. »

C’est d’ailleurs avec douceur et bienveillance qu’elle exhorte les jeunes polynésiens à renouer avec leurs racines, avec leur île.

« Mon souhait serait que nous revenions à une vie plus simple, que nous nous reconnections à la terre, à notre culture et nos savoir-faire ancestraux. Si vous avez un projet et que vous voulez retourner chez vous, n’hésitez pas et écoutez votre instinct. »