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Société

Eva Bourgeois : créer une entreprise en accord avec ses valeurs

Publié le 17 novembre 2022

Il n’est pas nécessaire d’attendre l’âge mûr pour devenir son propre patron et revenir sur la terre de ses ancêtres. À 28 ans, Eva Bourgeois a réussi ce double pari en créant sur Raiatea, The Niu Shack, une pension de famille inspirante. Elle confie à Femmes de Polynésie la genèse de ce projet.

Originaire de Tahiti, Eva suit des études en école de commerce à Bordeaux. De retour au Fenua, elle fait ses premiers pas professionnels dans l’événementiel par goût du contact humain.

« Mais l’ambiance de fiesta nocturne, l’organisation de concerts, de soirées dans des hôtels… tout cela ne me convenait pas vraiment, la cause n’était sans doute pas assez noble. »

Être son propre boss

Eva dresse la table pour les convives du Niu Shack. Elle-même se présente plutôt comme une mangeuse « flex », adepte du vegan sans le suivre à la lettre.

C’est à Hawaï où elle part en voyage à 25 ans qu’Eva a le déclic.

« Je me suis dis à moi-même : tu vas arrêter d’être sous la tutelle de quelqu’un, tu vas devenir ton propre boss. Je me voyais de plus en plus monter moi-même un projet qui concilie mes valeurs et mes passions. »

Malgré sa détermination, il lui manquait quelque chose d’essentiel, l’aspect émotionnel.

À la même période, sa mère, séparée de son mari, vivait dans la vallée de Tepuhapa, sur la côte ouest de Raiatea.

« C’était dur pour elle d’être seule, et moralement pénible. J’ai été sensible à ses états d’âme car je lui serai toujours reconnaissante de tout ce qu’elle a fait pour moi; j’avais envie qu’on soit ensemble toutes les deux. Quand ta motivation s’ancre dans la volonté d’aider quelqu’un, qui plus est une personne que tu aimes, cette motivation est beaucoup plus forte. »

Ainsi est né The Niu Shack : Niu pour Nature Inspires Us et Shack qui signifie « refuge ».

« Ce qui est étonnant, c’est que Tepuhapa, qui fut un lieu de repos pour la famille royale de mes ancêtres, signifie « refuge, lieu de rassemblement !»

Session de yoga intimiste ponctuée par le chuchotement de la rivière en contrebas

Mère et fille se serrent les coudes afin de donner vie à cette pension de famille qui coule des jours heureux depuis 2019.

« Même durant le Covid, on a tenu bon car on était autonome, sans prêts ni emprunts. C’est une philosophie que je défends : faire avec ce que l’on a déjà. »

Hébergement cocooning

Deux fare hébergent en moyenne, 5 à 8 invités par mois. Un nombre volontairement réduit car, « dès que nous accueillons un couple ou une famille, nous leur réservons l’endroit exclusivement afin de nous consacrer à eux. On est loin de la tendance Air B and B qui déteint sur certaines pensions de famille, celles-ci se contentant d’un « je te donne les clés et tu te débrouilles ».

Vue sur la vallée de Tepuhapa et ses mystères

Eva et Victorine, au contraire, bichonnent leurs hôtes, ce qui est facilité par l’absence d’internet et la rareté du réseau téléphonique car on ne capte que « sur ce caillou-là » ou « tout près de ce cocotier-ci».

« On ne se rend pas compte de la surcharge de notre mental du fait d’être toujours hyper connecté. C’est un peu comme le mal de dos, il suffit de se faire masser pour s’apercevoir que, ah ! oui, j’avais sacrément mal! »

Au Niu Shack, la déconnexion numérique entraine la connexion aux forces vitales de la nature et à soi-même. 

Restauration vegan, pour raison de santé

Cette nature généreuse se retrouve en cuisine car Eva emmène ses visiteurs à la découverte d’une alimentation exclusivement végétale, vegan même (à l’exception du miel de ses ruches).

« Ma mère s’est intéressée à ce régime lorsqu’elle est tombée gravement malade en 2000, contractant un cancer du sein. Supprimant les aliments qui favorisent le cancer, elle s’est alors nourrie de fruits et légumes. À 64 ans, elle se porte super bien ! »

Rituel de soins des cheveux

À l’occasion de « cooking class » ou de repas spéciaux, Eva s’associe à sa maman pour surprendre les convives: fleurs, herbes et légumes inconnus s’invitent dans une tarte au potiron, dans un gâteau à la banane revisité ou encore dans des steaks de lentilles à l’ananas.

« Nous recevons des touristes mais aussi des locaux qui veulent changer leurs habitudes alimentaires comme faire aimer les légumes à des enfants obèses. Je me souviens aussi d’un couple dont le tane suivait un lourd traitement anticancéreux. Son épouse est venue vers nous car elle sentait qu’il avait besoin d’être chouchouté et aussi de retrouver l’appétit. C’est vraiment gratifiant qu’une activité d’accueil réponde à ce type de besoin. »

Collégiens et lycéens, notamment d’Uturoa, découvrent aussi cet espace enchanteur lors de classes vertes.

« J’observe que les jeunes sont plus sensibles à leur culture quand ils se trouvent en pleine nature. »

Se ressourcer

Puisque le lieu dégage une certaine paix, des pratiques zen s’y sont tout naturellement installées. Yoga, massage et soins cosmétiques sont enseignés à l’occasion de sessions intimistes. Naïki, de Aroha Yoga et Massage, propose tout un panel de soins du corps et de l’esprit, suivant que l’on a besoin de lâcher le mental ou bien par exemple, de retrouver de l’énergie. Bien d’autres formules pourraient voir le jour car Eva, qui a plus d’une idée en tête, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

Des fare plein de charme. Ceux-ci ont valu au Niu Shack de figurer dans un documentaire sur l’habitat intitulé « Un toit au jardin d’Eden », sorti en 2017 et diffusé à l’occasion du Fifo

Gaëlle Poyade

Rédactrice

©Photos : The Niu Shack pour Femmes de Polynésie

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