Vanessa, du bon vin pour tous
Dans la belle boutique du Fare Tony, l’atmosphère chic se mêle à l’accueil décontracté de l’équipe. Le ton est posé, une invitation est lancée, ici on parle de vin, de spiritueux, de champagne et de produits du terroir. Et pour Femmes de Polynésie, Vanessa, responsable des boutiques La Cave de Tahiti et du Café de la Gare, nous dévoile les coulisses de son activité. La bonne humeur règne, car aujourd’hui la discussion porte sur sa passion.
L’école de la passion
Chez un vigneron bien connu, en Bourgogne, tout devient clair pour Vanessa. C’est ici que né réellement son amour pour le fruit béni des dieux.
« J’ai eu l’occasion de faire les vendanges en Bourgogne dans le domaine de Philippe Pacalet1. C’est un grand connaisseur et il m’a transmis sa passion. »
Au sein du domaine Pacalet, elle va participer à toutes les étapes essentielles à la production d’un vin de très bonne qualité.
Ayant auparavant travaillé dans la restauration et le commerce, à 24 ans, elle reprend les études. Cette fois-ci, le vin s’est transformé en une passion et Vanessa aspire à devenir œnologue experte.
« 2 ans de formation, puis tout le reste sur le terrain, car je suis quelqu’un qui a besoin de vivre le moment. »
Avec une expérience chez de grands cavistes parisiens, elle se lance dans la formation avec des initiations à la dégustation et des cours sur le vin. Elle se hisse en demi-finale du concours de dégustation à l’aveugle de vin du salon de l’Agriculture à Paris. Ces concours sont difficiles, ils consistent à deviner le cépage, le domaine et le millésime d’un vin que l’on déguste.
« Chaque vin a sa particularité. Le plus important c’est la relation entre fruit, tanin, alcool et acidité. C’est dans cet équilibre que réside toute la magie. »
Vanessa évoque le bourgeon de cassis, le poivron, le café torréfié, la minéralité et une multitude de saveurs et de sensations que l’on peut retrouver dans notre quotidien.
« Il y a tout cela dans le vin, c’est fantastique. Mon travail consiste à mémoriser toutes les saveurs pour pouvoir les identifier. »
L’ouvrage est considérable, car de nos jours, il existe beaucoup plus de vins. En plus de l’Europe, « le Nouveau Monde » propose des vins fabuleux.
« Je ne suis pas sûre d’avoir suffisamment d’une vie pour tout goûter. Mais j’y travaille. »
Coup de cœur
Son histoire polynésienne commence au Four Seasons de Bora Bora en tant que chef sommelière. À l’issue de cette expérience, un « gros coup de cœur » pour la Polynésie conduit Vanessa à s’investir ici. Encore une fois, sa passion la place au bon endroit, mais cette fois-ci, loin de la Bourgogne, elle rejoint l’équipe de la Cave de Tahiti.
« Avec les compétences que j’avais accumulées, je me suis donné la liberté de travailler avec qui je voulais. Je me suis émancipée. »
« Du bon vin pour tous »
Avec des prix abordables sur une gamme de vin de qualité, la Cave de Tahiti restitue les bonnes cuvées.
« Notre souhait à La Cave de Tahiti, c’est de rendre le vin accessible à tous. Pour que tout le monde puisse boire un vin de qualité à la portée de tous les budgets ! »
« Les Polynésiens ne consomment pas le vin comme en Europe. Généralement et en dépit du climat, ils se dirigent le plus souvent vers des vins sucrés à fort caractère et au pourcentage d’alcool élevé. »
La clientèle locale a ses particularités. D’un côté, la tendance aux vins de types moelleux et de l’autre, une tendance aux vins rouges à caractères charnus.
« J’ai été un peu surprise que le rosé ne se boive pas plus en Polynésie, car l’environnement et le mode de vie s’y prêtent fortement. Mais la tendance est à la hausse concernant ces vins. »
Entre l’achat, le marketing et la gestion des deux boutiques et du Café de la Gare, Vanessa participe également à l’alimentation et à l’organisation du site marchand.
« Comme pour beaucoup, notre site est né avec la crise sanitaire. À l’heure actuelle, tout est en ligne et nous assurons les livraisons. Notre site a aussi vocation à rendre nos produits accessibles dans les îles, parfois laissées pour compte. »
Accompagnant la disparition de la majorité des restrictions sanitaires, la Cave de Tahiti reprend les événements.
« Nous souhaitons remettre au goût du jour nos soirées mensuelles. Les personnes de tous horizons, connaisseurs ou pas, tout le monde y est le bienvenu. »
Au-delà du vin, les boutiques de La Cave de Tahiti sont également un portail ouvert sur les produits du terroir local. Le Rhum Manutea, les conserves de thon assaisonnées, les rillettes de sashimi aux parfums locaux et bien d’autres. Les produits de nos artisans locaux sont à leurs justes places.
« Nous mettons l’accent sur le local quand il s’agit de notre épicerie et dans la mesure du possible pour certaines liqueurs. Nous élargissons également notre gamme d’alcool, avec plus de spiritueux. »
Aujourd’hui, Vanessa lie passion et profession dans une cave où le produit du fruit de la vigne est roi. Pourtant, à la base, rien n’était gagné d’avance.
« Le monde du vin est très masculin. En tant que femme dans le métier, j’ai appris la patience, la persévérance et à avoir beaucoup d’humour. Ma force de caractère m’a beaucoup aidée. À partir du moment où tu suis ta passion, rien ne peut t’arrêter. »
L’intarissable motivation dont Vanessa fait preuve réside dans l’absence de monotonie dans sa profession.
« Il y a toujours quelque chose à apprendre, d’une année à l’autre un vin peut être différent. Je ne m’ennuie pas. »
1 Philippe Pacalet est un artisan du vin. Il se définit comme un révélateur de terroirs. La singularité de son travail est l’élaboration de vins de climats qui repose sur l’utilisation de techniques ancestrales et modernes. Il se veut peu interventionniste.