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    Ninirei, architecte des nacres

    Publié le 17 mars 2022

    La brise à peine perceptible de la côte ouest accueille les rayons surplombant déjà les sommets des monts. Le ressac de l’eau est rythmé par le passage des bateaux à moteur. Femmes de Polynésie est assise sur le bord, et Ninirei nous prend la main pour mettre un pied dans sa barque de création onirique, voguant vers les profondeurs de l’océan Pacifique, à la rencontre de la nacre. Par sa manipulation, elle entonne des chants inaudibles, des poèmes visuels qui nous invitent à nous retrouver dans cette identité perdue.

    NAISSANCE POLYNÉSIENNE

    L’histoire débute sur les îles, par le mariage du métissage et de l’identité. Sur Tahiti y naît Ninirei, enfant pluriculturelle, enfant de la mer et de l’amour. Les pieds foulant le sable encore humide de l’aurore, Ninirei y ramasse ses premières huîtres perlières. Un souffle de vie sur les poussières de sable ancré sur la coquille, et nous prenons les rames de ses souvenirs pour voguer vers le commencement.

    « Dans les études, je me suis orienté en faisant un bac professionnel secrétariat. »

    Son chant résonne désormais en une mélodie appelant à la cadence de chaque coup de rame. Les tonalités sensiblement audibles rappellent ses origines de Tubuai et Rurutu. Une identité personnelle ayant implicitement influencé son univers dans lequel elle crée, ses racines.

    « Après ça, j’ai pris des années sabbatiques. Puis j’ai passé le concours d’entrée du Centre des Métiers d’Arts où j’ai trouvé ma voie. »

    2016, Ninirei ouvre cette porte où art et culture se confondent dans l’enseignement. Un hymne à l’héritage et à la pérennité de nos connaissances jadis acquises.

    « Je voulais rester dans le domaine de l’art qui m’attirait depuis l’enfance. »

    Nous poursuivons la cadence de nos rames vers les autres portes de ses souvenirs. Quelques coups nous élancent sur les années qui suivent.

    « J’ai ouvert mon entreprise de bijoux. J’ai par la suite ouvert ma patente de peintre, ma première passion que je ne pouvais pas délaisser. »

    Dans un moment de réflexion, elle nous livre que son rêve aurait été d’être architecte, elle y rêve encore, mais avec recul désormais.

    LA NACRE COMME VOIE CRÉATIVE

    L’eau claire scintillante sous la barque miroite des lumières d’avenir sous lesquelles se dissimulent des trésors bruts, source de sa créativité : la nacre.

    « À l’époque, je ne connaissais ni la gravure ni la sculpture. J’y ai découvert la nacre qui est devenue par la suite une passion. »

    Son regard vers l’horizon, un soupir de reconnaissance, puis elle reprend.

    « Au début, je ne me rendais pas compte de sa valeur. Puis au fil du temps, j’ai pris conscience de son importance. »

    Tandis que dans une société où l’artisanat file sur une autoroute de concurrence, Ninirei trouve sa voie d’originalité avec ses boucles d’oreilles en 3D.

    « J’aime ce qui est sobre donc j’apporte juste de la couleur et de la gravure quand il le faut. »

    Puis, son crayon danse, suivi des pelures de gomme, le coup d’un revers de main et c’est un retour aux temps anciens, lorsque nos mamas portaient des peignes dans leurs gros chignons huilés.

    « Il y a eu un grand engouement avec les peignes à cheveux, j’ai continué avec les pics. »

    Elle continue à rêver d’être architecte, mais pour nous, Ninirei est devenue architecte de ses œuvres. Ses croquis sont des lignes de structures formant la base de sa création, ses légendes regroupent les matières et les détails apposés sur les arabesques sont des points finaux. Elle savait qu’elle voulait être une artiste, elle l’est devenue.

    LA NATURE D’INSPIRATION

    Femme de l’océan, Ninirei se sent intimement liée par cet univers de flots et de flux.

    « Je ne prends plus le temps mais dès que je vais à la mer, c’est un moment de détente, de méditation, une communion et une reconnaissance de pouvoir gagner ma vie avec cette matière qui vient de l’océan. »

    Le soleil surplombe maintenant l’azur. Elle nous le rappelle, cette source d’énergie et de lumière est à l’origine de sa force. Quant à la nature, elle la ramène à sa culture, une richesse dont elle prend conscience désormais.

    « Et il y a l’amour. Si tu n’as pas d’amour dans ce que tu fais, il n’y aura pas d’âme ni de vibrations. Je ne vendrais jamais quelque chose qui ne me plaît pas. »

    Sans l’amour de ses amis et de sa famille, ses créations ne seraient pas ce qu’elles sont : « Il te faut de l’amour pour toi et ta création. »

    « On vient tous de l’océan. Les polynésiens sont des navigateurs et travailler la nacre me ramène d’où je viens. »

    Manutea Rambaud

    Rédactrice

    ©Photos : Manutea Rambaud et Ninirei Temaiana pour Femmes de Polynésie

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