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Portrait

Orama Ou Wen, une artisane généreuse et inventive

Publié le 10 mars 2022

Elle est une femme d’art et de cœur. Orama Ou Wen a appris la gravure de la nacre mais aussi du bois avec son père Hiro. Depuis bientôt 20 ans, elle œuvre dans l’atelier familial. Mais depuis quelques années, elle s’affirme, marquant de sa personnalité des pièces vendues aux 4 coins du monde. Elle va racheter l’entreprise familiale dans quelques semaines.

Orama Ou Wen nous reçoit dans sa boutique, à l’étage du marché de Papeete. À l’intérieur sont exposés des bijoux qu’elle a elle-même créés ainsi que ceux de son père. À l’extérieur, reposent des sacs et des chapeaux customisés. L’interview se déroule sur une petite table en bois. « On est bien, il y a de l’air ici », déclare Orama, avant d’entamer la description de son parcours. Elle sourit, heureuse.

Née à Papeete, elle a aujourd’hui 38 ans. Elle a étudié en ville avant de partir, une fois son baccalauréat en poche, en Nouvelle-Zélande. Elle était à Auckland.

« J’ai suivi des études dans le tourisme, mais je suis rentrée en Polynésie au bout d’un an, Tahiti me manquait trop. »

UNE ENTREPRISE FAMILIALE

Son père l’accueille dans son atelier où elle démarre sa vie professionnelle. Elle a alors une vingtaine d’années. 

« J’ai commencé tout en bas de l’échelle, j’ai trié les nacres, les ai polies, poncées. Je n’ai ni découpé, ni dessiné pendant longtemps. »

Elle apprend également à nettoyer des matières comme le bois ou l’os qui sont aussi utilisées dans l’atelier.

« On est connu comme nacrier, mais on ne fait pas que ça ! 
On travaille par exemple le ‘ō’ota1 ou bien encore le paua2. »

Elle apprend beaucoup auprès de son père et s’affirme doucement, mais sûrement. Elle doit faire ses preuves avant de pouvoir s’exprimer.

« Il m’a beaucoup conseillé. Il m’a appris la technique mais aussi la gestion d’une entreprise. Son souhait a toujours été que l’un d’entre nous reprenne, il a mis tout son cœur et sa passion.  »

PREMIÈRE COLLECTION À 30 ANS

Orama Ou Wen sort sa première collection quand elle a une trentaine d’années. L’exposition a lieu salle Muriāvai à la Maison de la culture. Une collection d’objets réalisés à partir de nacres et de ō’ota, avec beaucoup de relief. Elle affiche sa personnalité.

« J’ai apporté une touche de modernité et souhaité faire des pièces plus accessibles. Mon père fait, lui, de grandes pièces magnifiques, des parures. »

Depuis, Orama et Hiro Ou Wen présentent leurs pièces ensemble à l’occasion de salons et expositions.

« On choisit des thèmes différents à chaque fois, le Japon, les mille et une nuits, l’océan… »

Aujourd’hui, elle revient un peu plus au local, elle s’oriente vers des bijoux triangulaires ajourés. Elle donne rendez-vous à son fidèle public au moins trois fois dans l’année et s’inscrit à différents événements dès que l’occasion se présente.

Orama ne compte pas ses heures. Elle affine sa technique, s’occupe aussi de la communication et des séances photos réalisées par des photographes. Pendant les confinements, elle organisait chaque jour les photos pour la vente à distance, puis les livraisons.

« On allait tout autour de l’île. Ce qui m’importait c’était de pouvoir continuer à payer les salaires. La société compte six salariés à l’atelier et deux vendeuses patentées à la boutique. On a fait le maximum. »

Depuis cinq ans, elle a repris les rênes, son père lui laisse gérer la société. La situation sera officialisée dans quelques mois.

« Je la rachète, même si l’on créera toujours tous les deux.  »

Ce qui plaît à Orama c’est de laisser libre court à son imagination. Elle fait de la peinture depuis peu et envisage d’incorporer des pierres précieuses à ses créations.  Elle se plaît à ouvrir de nouveaux champs de création pour elle, mais aussi pour les amateurs.

1 ‘Ō’ota est une moule géante, une espèce protégée et réglementée, utilisée dans l’artisanat en Polynésie française.

2 Paua est le nom maori donné à trois espèces de mollusques gastropodes marins endémiques aux côtes néo-zélandaises. Le paua ou pāhua désigne également dans la plupart des langues polynésiennes le bénitier.

Delphine Barrais

Rédactrice

©Photos : Delphine Barrais pour Femmes de Polynésie

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