Camille : du brut à l’élégance d’un bijou
C’est sur l’île sœur que Femmes de Polynésie découvre Camille, bijoutière, qui conçoit de A à Z ses créations. Après quelques minutes de marche en pleine nature, au pied du mont Rōtui, nous atteignons son atelier.
Dès l’entrée, Camille nous invite dans son univers créatif. On aperçoit une étagère remplie de magazines de mode et de livres, les murs sont revêtus d’affiches et de photos et ses tiroirs renferment son matériel et ses outils. Assise confortablement sur sa terrasse, elle nous conte son parcours et sa passion pour la conception de bijoux.
UN TALENT, JEUNE ET BRUT
Enfant de Moorea, Camille grandit dans une famille d’artistes et d’âmes libres. Sa mère étant artisane, elle baigne depuis l’enfance dans le travail manuel au travers du tressage ou de la couture.
À 15 ans, Camille hésite à arrêter ses études pour commencer à travailler, privilégiant l’expérience à une formation théorique. Sa mère lui conseille d’abord de bien considérer ses options et de chercher des cursus qui pourraient lui plaire avant de passer à l’action.
Après de longues recherches, son professeur principal lui présente, en dernier recours, une brochure présentant une formation en esthétique. Une fois encore, elle n’est pas inspirée et retourne le flyer. Elle tombe à ce moment-là sur la présentation de la filière bijouterie. Trois mots font écho au fond de son âme alors en perdition.
« J’ai lu “patience, créativité et minutie.” Et là, j’ai flashé. J’ai senti que c’était pour moi. »
LE POLISSAGE DE SES COMPÉTENCES
Guidée par son instinct, elle quitte son île pour suivre une formation de 2 ans en CAP1 bijouterie à Tahiti. Son intuition se confirme et elle se découvre une réelle passion pour ce domaine.
« Je pensais que la bijouterie, c’était minutieux et délicat. J’ai découvert que ce n’était pas que ça. Bien sûr, c’est précis car ce sont de petits objets, mais ça demande aussi de la force car il faut tordre et faire fondre du métal. »
Après l’obtention de son CAP, Camille s’envole pour la France pour quatre ans d’études supplémentaires. Elle obtient son Brevet des Métiers d’Art, puis son Diplôme des Métiers d’Art. Elle emmagasine, au cours d’une dizaine de stages, autant d’expériences possibles en gardant perpétuellement son objectif en mémoire.
« Avant de partir en France, je savais déjà que je voulais revenir monter mon entreprise ici. Mes études m’ont aidé à voir plus précisément ce que je voulais faire et comment j’allais le faire. »
LE SERTISSAGE DE SES RÊVES
De retour sur son île natale, Camille n’a qu’une seule aspiration : monter son entreprise et retrouver son indépendance. Un an après son retour au Fenua, il y a trois ans, l’atelier Tamahine voit le jour. Depuis ses débuts, sa vision a bien changé, et reste en constante évolution.
« Quand on crée son entreprise, c’est important de réfléchir aux messages qu’on veut transmettre. Une des choses qui me tient à cœur est de mettre en valeur la diversité des corps au travers de ma communication, notamment de mes égéries. »
Plusieurs thématiques lui tiennent à cœur, particulièrement le “body-positive”, la libération de la Femme ainsi que l’écologie. Elle a donc tenu à les exprimer au sein de ses créations et de son entreprise. Ces valeurs se retrouvent autant dans ses prix, que les matériaux qu’elle utilise ou les égéries qu’elle choisit pour représenter sa marque.
« Ce sont des bijoux destinés à tous. Le prix reste le même quelle que soit la taille de mes créations. Le plus important est que tout le monde ait accès au même produit. Ce qui me touche dans le métal, c’est de pouvoir en faire quelque chose de fin et de raffiné. Dans la société, c’est associé à la féminité. Je ne fais pas des bijoux uniquement pour les femmes, seulement des bijoux fins et raffinés. »
Cette année réserve encore bien des changements pour Camille, qui ouvrira bientôt son showroom sur Moorea. Ce lieu donnera une opportunité en plus d’admirer ses bijoux, toujours confectionnés avec patience, créativité et minutie.
1 CAP : Certificat d’aptitude professionnelle