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Culture

Taina : « Le plus beau bijou qu’une femme puisse porter, c’est elle-même. »

Publié le 26 avril 2022

Artiste pluridisciplinaire aux multiples réalisations, Taina Calissi trouve toujours la force de créer. Là où Femmes de Polynésie s’engage, c’est dans la compréhension de son fil rouge : l’intarissable force qui anime l’artiste, entrepreneur et coach, l’inspiration et la source de sa création.  Aujourd’hui, elle nous ouvre les portes de RAW Tahiti, la start-up dont la mission est la promotion des artistes contemporains de Polynésie et qui complète son dispositif avec la première galerie solidaire de Polynésie nichée à la presqu’île.     

Arahoho

Sur la plage de son enfance, les souvenirs avec ses frères et sœurs, des parties de pêches de ses oncles et du fa’a’apu familial dans la vallée sont encore vifs. En 1996, à Arahoho, Taina, accompagnée de sa fille, sa « boussole », présente pour la première fois ses œuvres.   

« C’était une exposition en plein air sur le site du trou du souffleur. Ma mère m’a aidée à faire la scénographie, c’était vraiment beau. J’ai exposé une trentaine de toiles au pastel gras et elles ont toutes été vendues. »

Depuis longtemps, l’art fait partie intégrante de sa vie. Dans son enfance, elle est mise en confiance par sa mère qui détecte le talent créatif de sa fille.

« J’ai toujours aimé la création au sens large du terme. Je suis toujours épatée par l’innovation, la nouveauté et la création. Chez moi, cela s’exprime de différentes façons. Ma mère a toujours aimé mon côté créatif, par exemple elle me demandait souvent de composer l’affiche de la kermesse. »

Cette sensibilité à la création, Taina en fera le fil rouge de son parcours.

L’art de la résilience

En 2020, lors d’une consultation de routine chez son médecin, Taina apprend la maladie. Un cancer aujourd’hui guérit, qui aura suscité la création avec la souffrance. Car malgré l’adversité, Taina crée.

« Corps et l’Armes, c’est un projet que j’ai créé durant mon traitement. Je ne pouvais pas faire d’activités physiques intenses. J’ai donc privilégié une sorte de gymnastique chorégraphique. J’ai voulu exprimer la résilience face à la maladie pour mettre en lumière la faculté du corps à se battre et à se reconstruire. »

Taina conçoit le projet en faisant appel d’une part à Matthieu Courtois, professionnel de l’aéronautique de métier, pour le traitement graphique et chromatique – c’est lui qui propose le traitement en  faux noir et blanc  – et d’une autre part, au jeune talent Henry Danis, photographe encore étudiant. Si les muscles du corps en tension suggèrent la force, ils expriment aussi la douleur du traitement, mise en évidence par les ongles noircis, et le crâne dégarni, dénué d’homogénéité. Les clichés, (combinés à notre volonté), font appel dans leur ensemble, à l’extraordinaire force de résilience qui nous anime.

Ouvrir le champ des possibles

« Il y a beaucoup d’initiatives publiques et privées, mais cela reste insuffisant. J’ai voulu répondre à un manque en donnant la possibilité aux artistes moins vus d’être mis en lumière. Je ne fais qu’apporter ma pierre à l’édifice. »

Animée par cette philosophie, RAW Tahiti voit le jour en juin 2020. Taina construit alors la première plateforme digitale pour la promotion des arts et des artistes contemporains de Tahiti. Un collectif de 65 artistes, des expositions en simultanées comme l’exposition Tatou, exposant des œuvres à Tahiti et à Toulouse. Mais RAW Tahiti c’est aussi le blog, la webchannel, les événements et la production audiovisuelle.

« On ouvre le champ des possibles et l’on stimule les initiatives artistiques : que ce soient les collaborations, les inspirations ou les idées. C’est aussi l’occasion de donner aux amateurs d’art de connaître et de côtoyer des artistes qui sortent du cadre des galeries. »

La fondatrice n’en est pas à sa première opération. En 2001, en qualité de directrice, elle insuffle un vent de dynamisme sur To’ata et Vai’ete.

« J’ai été mandaté par le président de l’époque. On souhaitait dynamiser les lieux, en créant des tremplins d’artistes, des lieux d’échanges et de shows. »

Dans ce contexte, le Festival des Artistes de Polynésie voit le jour. Avec 120 artistes et 600 œuvres sur la place To’ata, l’événement est l’occasion de réunir les artistes et de les présenter au grand public. Pour Taina, le partage est lancé.

Plus récemment en 2019, elle revient avec une exposition solo, puis collective en 2020. En 2021, à l’issue d’un concours, elle obtient une résidence d’artiste à la Cité internationale des arts de Paris. Elle est la première femme polynésienne résidente de la cité.

« C’était une belle expérience. 4 mois de rencontres entre artistes de tous horizons. J’ai mis en place une exposition appelée Polymorphisme, elle proposait des artistes de différents domaines. C’était une façon de marquer le passage des Polynésiens dans la cité. »

Aujourd’hui, RAW Tahiti complète son dispositif avec la première galerie solidaire sur le territoire, loin de la ville.

« C’est une galerie où l’on ne paye pas de loyer aux généreux propriétaires Kaiki & Co et où les artistes ne versent pas de commissions. Mais on ne remplace pas les galeries. Notre réelle vocation, c’est la promotion des artistes. Notre souhait, c’est de bouger les lignes. »

« On inspire beaucoup sur les sujets, sur les formules. Le jour où les galeries présenteront tous les artistes de RAW Tahiti, notre mission sera accomplie.»

L’essence de la création

L’univers visuel de ses créations suggère une certaine ambivalence. Par son approche Taina, questionne sur la réalité, et ouvre des champs inexplorés.

« Être artiste, ce n’est pas forcément savoir dessiner, c’est bien plus. C’est apporter un regard, proposer un angle particulier et nouveau sur un sujet, faire se poser des questions. Ça peut par exemple passer par la puissance des couleurs, le choix des éléments représentés, la matière et les installations artistiques, mais aussi par l’écriture… »

Forte d’une vie de recherches artistiques ancrées, dorénavant, elle accompagne les gens, les équipes et les entreprises dans la recherche et l’expression de leurs pleins potentiels avec des séances de coaching, et facilite la création par l’inspiration et la collaboration grâce aux différentes actions menées par RAW Tahiti.

« Avec le coaching en entreprise, par exemple, on peut mettre en place des team building artistiques, on va aller puiser dans les pratiques de création artistique pour répondre aux enjeux managériaux. Les objectifs peuvent être :  la cohésion d’équipe, motiver le personnel, préparer à la conduite d’un nouveau projet, développer la créativité et la productivité. »

Et tandis que notre discussion touche à sa fin, pour les femmes de tous horizons, l’artiste partage ses lignes :

« Le plus beau bijou qu’une femme puisse porter, c’est elle-même. »

Et quand les tripes et le cœur s’en mêlent, elle ajoute :

« Les jeunes ne devraient pas avoir de doutes sur la richesse de leur culture et de leur identité. Soyez-en fier ! Il est essentiel de partager cette richesse. »

Niuhiti Gerbier

Rédacteur

©Photos : Niuhiti Gerbier et RAW Tahiti pour Femmes de Polynésie

Pour plus de renseignements

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