Maia, en vogue vers l’imaginaire
Jouer, voguer, peindre. Pieds sur scène, cheveux au vent, pinceau à la main.
Avec Maia, les passions se conjuguent et les rêves prennent vie. Comédienne, navigatrice et artiste, elle partage avec Femmes de Polynésie son univers « d’alchimiste » entre « la matière substantielle qu’est l’imaginaire », et « ces choses terriblement concrètes que sont les émotions, les gestes, le corps ».
Maia est une personne à trois facettes.
La première est lumineuse. La seconde, marine. La troisième, colorée.
Enfant de Huahine, Maia nourrit « des rêves d’une vie culturelle, de théâtre et de scène ».
À 18 ans, la jeune femme aux espoirs plein la tête met les voiles vers Paris. Elle y suivra les cours de l’école Périmony, y jouera et y écrira elle-même plusieurs pièces. Entre répétitions et représentations, la jeune femme baignera dans le monde parisien du spectacle pendant plus de 12 ans.
« Je me suis gavée de culture comme jamais, et j’ai adoré ça. Mais mon Fenua me manquait beaucoup. J’avais l’impression d’avoir une racine qui était là, mais qui ne pouvait pas fleurir. »
L’océan pour horizon
2020 marque l’année du retour en Polynésie pour Maia, qui choisit de poser ses valises à Taravao dans une petite maison côté mer. Loin des lumières de la scène, avec l’océan pour horizon, un nouveau rêve émerge : celui de voguer.
« Mes parents avaient beaucoup navigué avant ma naissance. Je ne l’avais jamais fait moi-même… Mais je sentais en moi cette envie d’aller sur l’eau. »
Alors, la jeune femme se lance… Et tombe dans le bain de la navigation.
« J’étais un peu comme Harry Potter la première fois qu’il monte sur un balai. Je savais quoi faire, j’avais le sens du truc. Et là, c’est devenu une passion fulgurante pour la voile. »
Une exposition en vue
Lorsqu’elle n’est ni sur un laser ni sur scène, la jeune femme aime se réfugier dans son atelier. La peinture est le 3ème de ses talents, découvert sur le tard à l’instar de la voile :
« Il paraît que j’ai toujours eu un beau coup de crayon. Ma maman, à l’époque, m’encourageait à faire les Beaux-Arts. Mais je n’avais pas envie de lui obéir, je pense. J’ai fait mon propre truc à travers le théâtre. Et j’y suis finalement revenue des années après. Je me suis dit « OK, j’ai un bon coup de crayon, mais zéro technique. Allons voir ce que ça donne avec un peu de travail. »
Aujourd’hui, la peinture fait partie du quotidien et des projets de Maia.
Elle et sa maman présenteront leurs toiles cette semaine à Te Fare Tauhiti Nui, dans le cadre d’une exposition intitulée… « Mer et filles ».
«C’est chouette qu’on ait réussi à se tenir par la main, ça a beaucoup de sens. Ma mère peint des poissons, je pense qu’elle en est un elle-même (rires). Et moi je peins sur des voiles de bateau transformées en toiles. Des toiles voiles. Je peins sur la mer, en quelque sorte. »
Des échappatoires à partager
Peinture, voile, théâtre, les trois passions de Maia se font écho à travers « une grande part d’imaginaire et de créativité, que j’essaye de mettre dans tout ce que je fais ».
Mais aussi à travers le partage. Maia aime transmettre ses passions : le jour, elle donne des cours de théâtre ; le soir, elle prépare la 3ème édition du Festival de la Créativité, rendez-vous annuel qu’elle a créé afin de faire vivre l’art par et pour les Presqu’îliens. Enfin, pendant les grandes vacances, elle embarque pour la Saga, où elle encadre des enfants en tant que monitrice de voile.
Maia s’adresse aux petits comme aux grands, mais elle avoue adorer le contact avec les adolescents.
« C’est très touchant ce qui peut sortir d’eux, ils ont des questionnements existentiels tellement importants. Je les prends très au sérieux, parce que je me rappelle que c’est une étape à ne pas louper. Quand on est un adolescent, on est idéaliste. On est habité par plein d’envies, qui sont aussi mêlées de frustrations et de rêves. Et en même temps, des fois, ils sont foudroyants de lucidité. »
Elle évoque notamment certains jeunes, qui vivent des situations « pas toujours reluisantes » :
« Voir ces gamins si jeunes, qui déjà doivent faire face à des problèmes si lourds… C’est pas toujours évident, et moi je n’ai pas de formation de psychologue. Je ne peux pas résoudre leurs problèmes. Mais par contre, je peux leur apporter une échappatoire. »
Une échappatoire. C’est ainsi que la jeune femme résume ses trois casquettes :
« Trois manières de s’évader, de s’échapper. D’aborder des choses essentielles, aussi… Mais pas de manière trop frontale. »
¹ Bateau à voile dériveur de type solitaire (une seule personne peut y monter à bord).
Rédactrice
©Photos : Ariane Carreira pour Femmes de Polynésie
Directeur des Publications : Yvon BARDES