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Évasion

Agnès Benet, passion cétacés

Publié le 26 juillet 2023

La saison des baleines démarre, Agnès est en alerte. Celle qui a créé l’association Mata Tohora veille à la tranquillité des baleines, dauphins et autres mammifères marins. Docteure en biologie marine, elle étudie les cétacés, rassemble et sensibilise petits et grands sur tout l’intérêt à respecter la Terre et sa biodiversité.

Agnès vit près de l’océan depuis toujours. Elle est originaire de la côte Atlantique en France. La légende familiale raconte qu’elle savait nager avant même de savoir marcher. Ce qui est certain aujourd’hui c’est qu’elle a une passion pour la mer et les mammifères marins depuis toujours. Le lien qui lie la femme à la mer est puissant et indéfectible.

À 11 ans, elle savait déjà qu’elle voulait devenir cétologue.

« J’ai même écrit à Jean-Yves Cousteau pour lui demander comment faire. »

Elle a reçu une réponse. Celle-ci disait que le chemin était long et difficile et qu’il n’y avait pas de débouchés. Cela n’a pas découragé Agnès. Elle a suivi un parcours universitaire et s’est spécialisée dans les récifs coralliens et les mammifères marins. Elle est devenue docteure en 2010.

Douceur de vivre

Elle a enseigné quelques temps l’écologie et la biologie marine à l’université en France.

« Mais j’ai eu besoin de faire du terrain, de me rapprocher de mes sujets d’études. »

Originaire d’Andalousie, Agnès avait également besoin de soleil et de chaleur. Elle est arrivée en Polynésie en 2001, avec 30 kilos de bagages et une planche à voile. Elle a trouvé ce qu’elle était venue chercher et même plus.

« Il y a une douceur de vivre que je n’ai pu apprécier nulle par ailleurs dans le monde. »

Elle a donné des cours à l’Université de la Polynésie française en arrivant, puis a rejoint le service de l’urbanisme pour travailler sur la mise en place de la Réserve de Biosphère de Fakarava et d’un plan de gestion de l’espace maritime (PGEM). Enfin, elle a créé son bureau d’étude Progem.

« C’est ce qui me fait vivre, avec notamment la mise en place et le suivi des aires marines protégées. »

Elle mène également différents travaux sur les comportements des dauphins et baleines en lien avec l’environnement et l’activité humaine.

Dans les années 2007-2008, elle a assisté au boom du whale watching, prenant conscience en même temps qu’aucun état des lieux n’avait jamais été fait dans le domaine. Elle s’y est attelée. Elle a aussi créé l’association Mata Tohora, mis en place le programme « C’est assez ! », rédigé une charte de labellisation, etc.

Fin septembre 2019, le président du Pays et le Haut-commissaire l’ont nommée représentante de l’Ifrecor1 en Polynésie. Depuis 1999, l’Ifrecor (1) agit pour la protection et la gestion durable des récifs coralliens et des écosystèmes associés (mangroves, herbiers) dans les collectivités françaises d’outre-mer. Elle est constituée d’un comité national et d’un réseau de dix comités locaux.

énergie et sensibilité

Agnès est passionnée par les mammifères marins. En particulier par les baleines et les dauphins car ils dégagent :

« Énergie et sensibilité. Ils sont capables de communiquer avec les hommes. Ce sont des êtres curieux qui viennent à notre contact s’ils ne sont pas dérangés, ce sont des êtres capables de sauver d’autres êtres en danger. Ils ont un mana incroyable. »

Agnès leur consacre donc une grande partie de sa vie. Elle sensibilise les enfants sur l’eau ou en classe et les adultes lors de conférences. Son objectif reste la tranquillité des êtres.

« L’Homme doit prendre conscience qu’il n’est pas le seul sur Terre, ni le plus important. Respecter la Nature c’est se respecter soi-même. »

Avant le Programme « C’est Assez ! », 90% des gens sur l’eau ne connaissaient pas les risques d’une approche irrespectueuse des baleines, ni les règles existantes. Les baleines à bosse se nourrissent en Antarctique. Elles viennent dans les eaux tropicales pour se reproduire et mettre bas. Mais pendant tout leur séjour, les adultes ne mangent pas. Les krills dont ils se régalent ne vivent pas dans nos eaux. Les approches intempestives épuisent les baleines, perturbent les liens sociaux ainsi que la reproduction, l’allaitement des petits. C’est donc toute la population qui souffre.

Les efforts payent

Aujourd’hui, plus de 90% du public sur l’eau connaît et respecte les règles. La sensibilisation n’est pas vaine, l’évolution est donc positive. Mais il reste encore à faire :

« À cause d’une poignée d’individus et un nombre de bateaux trop importants en zone urbaine et sur l’ile sœur.»

Elle poursuit maintenant son travail de chercheur avec un œil protecteur sur les baleines. Elle est entourée des membres de Mata Tohora pour cela. Ses études scientifiques viennent conseiller le gouvernement pour une gestion des pressions et des menaces sur les cétacés du fenua. D’ores et déjà, le maire de Bora Bora l’a remerciée pour ses études sur les baleines et le milieu marin et compte suivre ses conseils pour le bien-être des baleines de sa commune. C’est pour Agnès une grande satisfaction de constater que son travail sert directement la cause qu’elle défend sans relâche.

1  Initiative FRançaise pour les RÉcifs CORalliens

Delphine Barrais

Rédactrice

©Photos : Delphine Barrais et Agnès Benet pour Femmes de Polynésie

Directeur des Publications : Yvon BARDES

Pour plus de renseignements

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