Isabelle Ozan, passionnée de cuisine végétale et locale
Adepte d’une nourriture végétale naturelle, Isabelle Ozan propose depuis mars dernier des plats végans à la population de Moorea avec des recettes exclusivement à base de plantes. Elle se confie à Femmes de Polynésie pour nous partager sa passion et pour nous expliquer les raisons qui poussent de plus en plus de personnes à adopter ce régime alimentaire.
Promotion des aliments locaux à base de plantes
En plus de sa profession de formatrice en management et communication, Isabelle Ozan est également une grande passionnée de cuisine, notamment de recettes végétariennes. C’est tout naturellement qu’elle crée au mois de mars 2022 avec Carole Marie et Santo Coppola, Om Made, un traiteur végan qui propose chaque week-end des buffets au Fare OM à Pihaena. Les convives peuvent ainsi apprécier des plats à base de plantes et de fruits locaux.
« Nous avons créé ce service traiteur pour montrer que l’on peut se nourrir différemment et de manière locale. Dans l’alimentation végan, on retrouve tout ce qui est à base de plantes sauf les produits animaliers comme la viande, le poisson, le lait ou encore le fromage. On peut avoir des légumes, des fruits, du tofu, des graines, des légumineuses et aussi des fleurs. »
Expérimentation, recherche et créativité
Les plats proposés dans les buffets sont très variés puisqu’on peut y trouver du tartare de taro, du riz fait à base de tubercules, du boulgour de mape ou encore des steaks de bananes vertes, de manioc et de ‘uru, des pâtes artisanales à base de farines locales. Les hors-d’œuvre et tapas sont également présents avec par exemple de délicieux crackers de manioc, des fonds de tarte aux farines maison (mape, manioc, uru) et des empanadas (chaussons salés) aux saveurs méditerranéennes. L’idée pour Isabelle et ses associés est en fait de constamment innover en cherchant de nouvelles recettes à base de plantes locales et en s’inspirant également des cultures culinaires d’ailleurs.
« Il y a des plantes à feuilles comestibles que l’on ne connaît pas encore bien ici et que l’on commence à utiliser (baselle, katuk, gynura, faux ginseng…). On les retrouve sur les étals du marché de Papeete de plus en plus. Les anciens connaissent les plantes médicinales, mais pas forcément leur usage dans la nourriture. Même si les familles polynésiennes ne sont pas habituées à manger ce que l’on prépare dans nos plats, elles apprécient la nouveauté. C’est en fait pour nous une cuisine d’expérimentation dans laquelle il y a de la recherche, de la créativité … »
Aspirer à l’autonomie alimentaire du Fenua
À travers son activité culinaire, Isabelle tient aussi à démontrer à la population qu’on peut se nourrir exclusivement d’aliments locaux et tendre vers une autonomie alimentaire du Fenua.
« On voit déjà que le jour où il n’y a plus de farine, de riz ou de sucre, les gens sont déstabilisés. Je pense que ce pays a besoin de vivre en autosuffisance alimentaire. Cela me fait de la peine de voir les familles polynésiennes dépenser autant d’argent dans les magasins. Je suis convaincue qu’on peut moins dépendre de ces commerces en mangeant de manière locale et en se fournissant en circuits courts. On propose pour notre part des buffets 100% locaux avec des produits d’ici jusqu’à même utiliser du sel ou du poivre du Fenua. »
Remplacer la nourriture industrielle par l’alimentation végétale
Éviter de consommer des produits industriels souvent néfastes pour notre santé est justement une des raisons qui motiveraient selon Isabelle certaines personnes à se diriger vers une nourriture à base de plantes, fruits et légumes.
« Je pense que cette alimentation végétale est née par opposition au mode de vie industriel, pour inverser la tendance des industries agroalimentaires qui proposent une nourriture souvent néfaste pour la santé, l’environnement … On mange des produits gras, salés et transformés. Les gens prennent de plus en plus conscience des poisons que l’on absorbe, notamment à travers les méthodes d’élevage et de culture intensive. L’alimentation végétale, si elle est issue de cultures respectueuses de l’environnement, est un peu une manière de reprendre sa santé en main. Elle est également reconnue par les sportifs de haut niveau pour l’amélioration des performances sportives. »
Contre la maltraitance animale dans les élevages
La lutte contre la maltraitance animale dans les élevages serait aussi une autre raison d’une nourriture exclusivement végétale.
« Il y a des producteurs qui élèvent les animaux dans le respect, mais on sait très bien que les conditions d’élevage industrielles sont souvent catastrophiques partout dans le monde. Beaucoup d’animaux souffrent, parqués, bourrés d’antibiotiques et autres substances nocives et sont juste destinés à être consommés. Il y a beaucoup de préjugés affirmant que si tu manges végan, tu n’as pas de protéines. Ce n’est pas vrai. Ici, le poisson fait partie de la culture et est souvent pêché de manière respectueuse. Dans ces conditions, de nombreuses personnes en consomment, en accord avec leur conscience. Pour ma part, je ne suis pas strictement végan et consomme encore un peu de poisson acheté aux pêcheurs en bord de route. »
Préservation des ressources de la terre
Se nourrir de végétaux, si ces derniers sont issus de culture biologique par exemple, est enfin une manière de préserver les ressources de la terre pour les générations futures.
« Il s’agit par une démarche individuelle et collective de moins faire souffrir la planète. Je dis collective, car on doit penser aux générations à venir. »