Christine Rotrou, derrière les fourneaux de la Roulotte à Kiki à Orofara

Publié le 15 mai 2025

Comme un air de week-end chez Femmes de Polynésie… Nous vous amenons déjeuner à Orofara, à l’emblématique Roulotte à Kiki. Au menu : cuisine faite maison, produits frais, sourires et bonne humeur avec Christine et Wendy qui s’activent pour vous régaler. Devant la roulotte, les surfeurs domptent les vagues ; derrière, la montagne s’élève. Et Christine Rotrou nous raconte un petit moment de sa vie.

Tout larguer

Tahiti est un lieu de renouveau pour Christine Rotrou :

« Je suis arrivée à Tahiti en 1998 en vacances chez mes beaux-parents et on est tombés amoureux tous les deux de la Polynésie. Nous ne sommes jamais repartis ! »

Installée au fenua avec sa famille, Kiki travaille dans la formation professionnelle et opère des remises à niveau en français et en mathématiques.

« Et puis, j’ai tout largué pour la roulotte : ça faisait un moment que ça me trottait dans la tête. La cuisine est un domaine qui m’a toujours passionnée. »

Et tout s’aligne pour Christine :

« Le travail en formation se passait moins bien qu’au début et j’ai eu une opportunité. La sœur de la directrice de la garderie où allaient mes enfants avait la roulotte à Orofara. À un moment donné, je lui ai dit : “Le jour où tu vends tu penses à moi”.
Un matin, elle m’a téléphoné : j’ai répondu banco. Je largue tout et je reprends la roulotte.»

Et Christine de se réinventer à Tahiti. Dans ce nouveau chemin, elle est accompagnée par l’ancienne propriétaire de la roulotte qui lui montre d’abord comment elle travaille. Au fil du temps, notre cuisinière adapte le menu et les recettes pour y mettre sa patte et s’approprier ce qui devient la Roulotte à Kiki.

Le fait maison à la roulotte

Et la patte de Kiki, c’est le fait maison avec des produits frais.

« J’ai mis ma touche sur les recettes : j’ai désucré et dégraissé. Désormais, il y a beaucoup de fait maison. Ce que je ne prépare pas à la maison, j’essaie de faire en sorte que ce soit de bonne qualité.
J’essaie de proposer régulièrement des burgers qui changent un peu de l’ordinaire et les suggestions changent tous les deux mois.»

Pour nous régaler, elle travaille en amont, chez elle : sauce chocolat, caramel beurre salé, chantilly, pâte à tartiner spéculos, gaufres et crêpes…

« Il y a beaucoup de préparation à la maison, mais comme j’aime cuisiner, ça ne me dérange pas. »

Cette qualité des produits fait vite la renommée de sa Roulotte.

« Au début, on était connus pour les gaufres maison, et maintenant apparemment, c’est les burgers. On propose un menu plus sain qu’avant : on s’est rendu compte que les gens faisaient aussi attention à ce qu’ils mangent. »

Réinventer la carte pour proposer des produits plus frais, plus sains, c’est un pari gagné pour Christine.

Trouver son rythme

Surtout, nous retenons la bonne humeur de Kiki et de Wendy, qui travaille avec elle.

« Au début, j’étais dans une toute petite roulotte, je pouvais tout faire toute seule. Et puis, comme il y avait de plus en plus de commandes, il m’a fallu absolument quelqu’un pour m’aider. Wendy est arrivée. »

Elles se répartissent les tâches : Wendy s’occupe de l’accueil des clients et Christine des préparations, des courses et des cuissons.
Sereine, elle semble avoir trouvé sa place :

« C’est tellement plus agréable que le bureau : viens de ce côté et regarde ma vue sur la mer. Il n’y a pas photo !
Ici, il y a beaucoup moins de stress et puis, je suis ma propre patronne : je choisis tout, mes horaires, mes jours… »

Mais, elle n’oublie pas de souligner les limites de cette activité à son compte :

« Il y a des moments difficiles, notamment des périodes avec moins de fréquentation. À cet emplacement, on est hyper dépendant de la météo : le week-end de Pâques, par exemple, avec la pluie, ça a été horrible. On est quand même venues, j’avais fait les courses, les préparations. »

Épanouie, Christine Rotrou semble avoir trouvé sa place sur son parking vue. Elle en tire une leçon de sagesse qu’elle nous partage :

« Nous travaillons les week-ends et jours fériés. Et avec ça, je m’en sors. Je ne cherche pas à devenir riche, juste à pouvoir vivre correctement.
Je crois que j’ai trouvé mon rythme de croisière, ça me suffit et cela me permet de donner de quoi vivre à Wendy. Et accessoirement, envoyer des sous à mes enfants qui font leurs études.»