Vainui, aider et aimer l’autre
Femmes de Polynésie part à la rencontre de Vainui Aumeran, une femme au grand cœur animée d’une soif infinie d’apprendre et d’aider. Chez elle, le don de soi c’est inné. Émotions et confessions rythment nos échanges à travers les couloirs de l’OPH et de la vie…
Apprendre des autres
Originaire de Papenoo, Vainui grandit au sein d’une famille pleine de valeurs tournée vers le partage et les autres. Jeune, sa maman l’incite déjà à aller vers les personnes qui en ont le plus besoin. Vainui poursuit tranquillement sa scolarité à Tahiti et obtient un bac+2 en gestion.
« Je rêvais de partir en France pour voir autre chose et découvrir le monde. La vie a fait que je suis entrée rapidement dans le monde du travail à Tahiti. »
Elle débute sa carrière à la SAGEP, puis, très vite, se trouve confrontée aux difficultés de la société d’aménagement.
« 25 ans au bord de la route avec des pancartes, ça reste gravé en toi. »
Déterminée, Vainui poursuit son chemin et intègre l’Office polynésien de l’habitat (OPH) en 2013. Après avoir occupé différents postes, elle est aujourd’hui assistante de gestion locative au sein de la Direction de l’habitat groupé et de la proximité (DHGP) et travaille en collaboration avec la juriste de la DHGP.
« J’aime apprendre et continuer d’évoluer. L’OPH permet de voir différentes facettes, différents métiers. »
Donner un logement à ceux qui en ont besoin
Auparavant, elle intervenait sur les problèmes techniques des locataires. Aujourd’hui elle intervient auprès des locataires directement, elle essaie aussi de créer et d’entretenir un lien avec eux. Son rôle c’est de leur rappeler leurs droits et leurs obligations, mais avant tout de les sensibiliser.
« Il y a des gens qui attendent depuis pas mal d’années d’avoir enfin leur logement, ça fait chaud au cœur quand on leur remet les clés et de voir leurs sourires. »
C’est une gestion différente au quotidien, une gestion de l’être humain.
« Je suis curieuse, j’aime aller au contact des gens même dans l’adversité. Comme une éponge, j’absorbe et des fois je craque. »
En un instant, la voix de Vainui se fait plus tremblante, son visage se ferme peu à peu et c’est dans une vague d’émotions qu’elle se livre :
« Quand tu fais des enquêtes et que tu vois certaines familles qui n’ont rien, tu te dis qu’on fait un beau métier. On est en contact de cas fragiles sur le terrain. Certains n’ont que des tôles. En 2021, on ne devrait plus appeler ça des maisons ! »
« Et puis certaines fois, il y a des personnes mécontentes. Il faut savoir faire la part des choses et gérer ses émotions. »
Dans un souffle, Vainui nous confie qu’elle n’y arrive pas toujours.
« Je suis comme ça, je suis sensible. Le sport m’aide beaucoup. »
Mettre des mots sur des maux
« J’avais des activités sportives, j’aime bien courir mais ça m’est maintenant déconseillé.
Je suis atteinte d’endométriose1. »
Le mois de novembre est consacré à la lutte contre l’endométriose. A cet effet, Vainui porte chaque jour une touche de jaune.
« Je n’hésite pas à expliquer cette maladie à mes collègues ou bien à mon entourage. Il y en a beaucoup qui ne la connaissent pas. On met du temps à poser le diagnostic. »
Certains jours, Vainui est sous anti-douleurs matin, midi et soir, comme si elle recevait des coups de couteaux dans le bas ventre. Une période de télétravail lui permet de mieux gérer les crises et de prendre du recul.
Un rééquilibrage alimentaire et des huiles essentielles l’aident beaucoup. Mais c’est auprès de sa famille, de son mari et de ses enfants de 15 et 11 ans qu’elle trouve la force d’aller de l’avant.
sa force : sa famille
« Mon mari est toujours très présent à mes côtés. Ma maman a fait de son mieux mais ne connaissait pas cette maladie. J’ai une fille, et étant passée par là je saurai être à l’écoute des signaux. J’aimerais que la femme soit mieux considérée par rapport à ces maladies silencieuses et invisibles. »
Le comité d’entreprise de l’OPH organise régulièrement des collectes de sang et à cette occasion, Vainui, donneuse universelle, motive ses collègues à participer. Selon elle, quand on entre dans une société comme l’OPH il faut aimer l’être humain.
« Je suis là où je dois être, on verra ce que la vie me réserve… J’aimerai que tout le monde ait un logement décent pour y vivre et fonder sa famille. »
¹ L’endométriose est une maladie gynécologique fréquente qui touche près de 10 % des femmes. Elle se caractérise par la présence, hors de la cavité utérine, de tissu semblable à celui de la muqueuse de l’utérus (appelée endomètre).
Angélique Brugidou
Rédactrice
©Photos : Angélique Brugidou pour Femmes de Polynésie