Myriana défie les stéréotypes
Huit heures du matin sur Motu Uta, tandis que le soleil s’est doucement installé sur le goudron, marié à l’odeur vacillante du coprah, nous nous engageons dans un hangar. À l’étage, Myriana reçoit le premier client. Sa journée a commencé il y a déjà quelques heures, mais loin de la fatigue et après l’avoir renseigné en tahitien, entre deux coups de fils, elle enchaîne :
– Ia ora na ! Que puis-je pour toi ?
– … Femmes de Polynésie ! Dis-nous tout…
Entre la Calédonie et Tahiti
Née à Nouméa, d’une mère Calédonienne et d’un père originaire de Raiatea, Myriana grandit à Paea avec son frère.
« Je me suis toujours sentie Tahitienne, mais j’ai gardé de bons contacts avec ma famille Calédonienne. »
Parfois, ses pieds foulent la terre de ses ancêtres qui l’ont vu naître, mais son île d’accueil demeure son lieu de résidence. C’est cet environnement qui l’accompagne dans son ascension personnelle, dans son éducation. C’est aussi sur Tahiti que Myriana construit son foyer et fonde sa famille. Aujourd’hui, le soleil se levant à l’Est, caresse chaque matin son visage et l’encourage à se dépasser au quotidien.
Son chemin dans la vie professionnelle
Un regard en arrière, nous la voyons chez Total comme agent administratif. Sur le promontoire que lui offre le hangar surélevé, elle observe sa vie d’avant et nous confie son passé. Jadis naviguant entre les CDD, 2 ans plus tard, elle répond à une offre d’emploi.
« À CEFOGEM, j’ai commencé en tant que secrétaire. Assez rapidement on m’a promu chargée de formation. »
Ici, Myriana assure le bon fonctionnement de l’activité. La planification des formations et la facturation font partie de son quotidien.
« Je fais également office de secrétaire. Mais le management des formateurs reste essentiellement ce que j’assure. En clair, je fais en sorte que tout se passe bien, avant, pendant et après les formations. C’est de l’organisation, de la planification et de l’administratif. »
CEFOGEM a obtenu un grand nombre d’agréments, notamment toutes les certifications nécessaires aux CACES1. Plusieurs conventions lui permettent d’offrir un catalogue très diversifié, avec près de 100 formations réparties sur 3 pôles de compétences.
« Les 3 pôles : sécurité au travail/conduite d’engins, sécurité incendie et sécurité maritime. Nous délivrons aussi le certificat de pilote lagonaire ou encore le brevet de surveillance aquatique. »
Le téléphone sonne, Myriana répond. Alors qu’elle explique en détail toutes les procédures relatives au renouvellement d’une compétence dans le milieu maritime, une question se pose. Que fait-elle de son temps libre ?
Ici pas de clichés
Quand on lui demande, c’est sans hésitation que Myriana nous parle de rugby. Une de ses passions.
« Je jouais au rugby dans le club de Paea. J’aime le contact, le fait de pouvoir se défouler, de décompresser. Au bout de deux heures de rugby, tu rentres à la maison calme et KO. »
Entre la sueur et la force, Myriana relâche la pression qu’elle a pu accumuler dans sa vie professionnelle. Le dernier coup de sifflet annonce la fin du match, l’essai est transformé, une victoire et le sommeil l’emporte.
La femme qu’elle est devenue, Myriana nous en parle avec fierté. Et comme si ce n’était qu’une formalité, elle enfile ses gants et son savoir-faire dans le bâtiment. En effet, quand elle ne travaille pas, le week-end c’est bricolage.
« En ce moment, je rénove la maison, je fais beaucoup de ciment. C’est mon père qui m’a inculqué ce savoir-faire. De base, je suis un peu garçon manqué. »
Avant qu’elle ne reprenne la veille sur les formations et ses appels quotidiens, c’est humblement qu’elle nous laisse sur ces mots positifs.
« Je félicite les femmes de Polynésie, car elles changent toutes les tendances et défient les clichés. Personnellement, je suis fière d’être ce que je suis. »
1 Certificat d’Aptitude à la Conduite En Sécurité
Niuhiti Gerbier
Rédacteur
©Photos : Niuhiti Gerbier pour Femmes de Polynésie
