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    Portrait

    Mehiti Van Cam, porter un autre regard sur le cancer du sein

    Publié le 8 octobre 2024

    Vêtue d’une robe couleur soleil et avec une bonne humeur contagieuse, Mehiti Van Cam se confie à Femmes de Polynésie et partage son parcours face au cancer du sein, à l’occasion de ce mois d’Octobre rose.

    LA RENCONTRE

    Mehiti Van Cam a vu son existence bousculée par le diagnostic de la maladie en juin 2023.

    « Sur le chemin du retour à la maison, après avoir appris le diagnostic, je ne parvenais ni à crier, ni à pleurer. J’étais submergée par un profond sentiment de vide. Et le plus difficile, c’était de savoir comment annoncer cela à mon mari et à mes enfants. »

    Mehiti, son mari et leurs mo'otua

    Finalement, elle choisit de confier cette expérience à sa famille et à quelques amies
    proches. Pour le reste de son entourage, elle opte pour la discrétion.

    « Au début, j’ai préféré garder le silence. Je ne voulais pas que le regard des autres soit
    rempli de pitié ou de tristesse. Et en parler, c’était comme disperser l’énergie dont j’avais besoin pour ma guérison. »

    Cette épreuve lui révèle l’importance et la puissance du soutien de ses proches.

    « J’ai été particulièrement touchée par le soutien et le comportement de ma fille et de ma sœur. À 33 ans, ma fille a toujours su trouver les mots justes dans les moments difficiles, elle savait exactement quoi dire pour m’apaiser, et ma sœur a toujours été présente pour un massage, une discussion, une présence rassurante. »

    Et surtout, la nécessité de prendre soin de son corps.

    « Le dépistage, c’est important et primordial, car c’est une maladie silencieuse. Physiquement, on ne ressent aucune douleur. J’aime dire que tout ce qui ne s’exprime pas s’imprime. »

    LE TRAITEMENT

    Lors de notre entrevue, Mehiti s’exprime sur la difficulté du traitement qui lui est administré.

    « Quand on est mal physiquement, c’est souvent en raison du traitement. »

    Finalement, elle nous confie que le véritable défi n’est pas le cancer, la maladie en elle-même, mais tout ce qui gravite autour.

    Mehiti pendant sa chimiothérapie

    « Le traitement n’est pas seulement lourd physiquement, il est aussi lourd émotionnellement et psychologiquement »

    Dans un sourire, cette femme dont la joie de vivre ne semble être ébranlée par aucune épreuve, ajoute :

    « Il ne suffit pas de compter uniquement sur les soins médicaux, la science. Il est essentiel de penser à comment nous pouvons contribuer à notre guérison, et nous poser les bonnes questions comme : « Quel est mon rôle dans ce processus ? » N’oublions pas d’écouter notre corps. Qu’est-ce que je ressens ? Que me dit mon corps ? »

    SE RECENTRER SUR SOI

    Surprenante d’authenticité, Mehiti nous raconte que cette maladie, elle ne la vit pas comme une bataille qu’il faudrait gagner à tout prix, mais comme une opportunité de tirer des leçons de vie.

    « Je ne voulais pas être dans une notion de combat, parce que dans un combat, il y a un gagnant et un perdant. Et je voulais être sûre d’en sortir gagnante »

    À travers les difficultés que peut apporter une guérison, elle discerne la chance qu’elle a de pouvoir prendre le temps de soigner des cicatrices plus profondes, qu’elle qualifie d’émotionnelles, psychologiques et spirituelles.

    Mehiti et son mari ont fêté leurs 39 années de mariage sur un bateau-mouche à Paris !

    « C’est comme si je passais par une phase de guérison intérieure profonde. Cela m’a
    permis de me reconnecter avec moi-même et de guérir de nombreuses blessures. Me
    recentrer, prendre du temps pour moi-même ont été essentiels dans mon processus de
    guérison. »

    Éternelle optimiste, Mehiti distingue le bon qu’il y a à saisir dans chaque chose.

    « J’ai su prendre du recul par rapport à cette maladie. Aujourd’hui, j’en suis fière. Je la
    voyais comme quelque chose d’extérieur à moi, comme un message qu’elle cherchait à me transmettre. Cet état d’esprit m’a aidée à surmonter les moments les plus difficiles, voire compliqués. On dit souvent que chaque épreuve dissimule un cadeau, et aujourd’hui, je suis convaincue que c’est tout à fait vrai. »

    DÉLIER LES LANGUES

    Alors qu’il ne lui reste que quelques séances d’immunothérapie et qu’elle se sait sortie d’affaires, elle se résout enfin à parler publiquement du cancer. Sur sa page facebook qu’elle rend publique, elle s’exprime sur son parcours.

    « Lorsque j’ai reçu les retours des gens par rapport à mes différents posts, j’ai constaté un impact positif sur la manière dont on peut percevoir la maladie. »

    Face à ce constat, il ne lui reste qu’une chose à faire. Continuer de partager sa perception que l’on pourrait presque qualifier d’hédoniste1 et ainsi, encourager d’autres femmes à adopter ce point de vue.

    « Je souhaite pouvoir inspirer les femmes, qui traversent cette maladie, à la regarder sous un angle différent. »

    Avant tout, Mehiti souhaiterait que la honte ne s’empare plus de toutes les vahine touchées par cette maladie.

    « En discutant avec les femmes atteintes du cancer, j’ai compris qu’elles avaient peur
    d’être jugées, et qu’elles redoutaient le regard des autres. »

    Dans cette démarche de libération de la parole, elle accepte de participer à l’exposition de sensibilisation au cancer du sein, réalisée par Justine Russo2 , en collaboration avec l’association Amazones Pacific3. À cette occasion, elle pose avec son mari devant l’œil avisé de la photographe.

    « Justine souhaitait illustrer l’importance du soutien des proches, et en
    lui partageant mon parcours, ce thème est ressorti de manière marquante. »

    PARTAGER SA VISION

    S’il y a bien une chose qui qualifie Mehiti Van Cam, c’est son enthousiasme face à la vie. Le regard pétillant et l’âme épicurienne, elle déclare ne pas être à court de projets. Depuis 2020, elle se forme au coaching de vie, au coaching de l’être et souhaite dorénavant faire profiter son expertise à d’autres personnes.

    « Je veut créer un espace dédié au bien-être des femmes qui affrontent des défis, afin qu’elles puissent se sentir apaisées et soutenues. »

    Photographie réalisée dans le cadre de l'exposition 'Oroma'i par Just'In You Photography (Justine Russo).

    Depuis peu, elle est en train d’aménager une maison à Papeete avec une amie, qu’elle souhaite très bientôt ouvrir aux femmes, comme une bulle d’oxygène dans la ville grouillante.

    Mehiti et sa famille célèbrent la fin des chimiothérapies.

    « Je souhaite que cet espace se transforme en un véritable lieu de convivialité et
    d’échange. Nous pourrions y organiser des cercles de femmes, différents ateliers,
    diverses formations, et toutes les activités qui touche au bien-être. »

    En souhaitant à Mehiti et à son oasis toute la félicité qu’elle mérite, nous terminons notre entrevue sur une citation d’Antoine de Saint-Exupéry qu’elle a tenu à partager avec Femmes de Polynésie :

    « On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux. »

    Message de Mehiti à nos lecteurs, lectrices et à la rédaction :

    « Le chemin continue et je suis ici plus en paix avec moi-même et connectée à la vie. Avec Gratitude et Amour, merci Femmes de Polynésie. »

    1 Doctrine philosophique qui considère le plaisir comme un bien essentiel, but de l’existence, et qui fait de sa recherche le mobile principal de l’activité humaine

    2 Le 1er octobre, l’association Amazones Pacific a inauguré l’exposition photos « ‘Oroma’i, pourquoi subir ? » Des stands, des ateliers de prévention et des conférences ont également été organisés. Justine Russo, photographe et coach de vie, Just’in You Photography & Coaching Tahiti, fait partie de l’association. Elle a rencontré Mehiti lors de leur parcours commun face au cancer du sein

    3 Créée en 2018, l’association Amazones Pacific soutient les femmes touchées par le cancer du sein.  Le Fare Amazones a été inauguré le 2 juillet 2021. Il propose des ateliers de soins oncologiques de supports ainsi que des conférences. Ce lieu permet également aux Amazones de se reposer, de se retrouver entre elles et de participer aux activités organisées. Leur credo : « Here i te ora », « Aime la vie » !

    Cartouche

    Rédactrice

    ©Photos : Cartouche, Mehiti Van Cam et Just’In You Photography pour Femmes de Polynésie

    Directeur des Publications : Yvon BARDES

    Pour plus de renseignements

    Site internet

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