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Véronique, des mains au contact de l’invisible

Publié le 6 octobre 2023

En ce mois d’octobre rose, Femmes de Polynésie attache une importance toute particulière à mettre en avant celles qui oeuvrent au quotidien, parfois dans l’ombre, pour lutter contre la maladie du cancer. Aujourd’hui, nous sommes allés à la rencontre de Véronique, masseuse au sein du service oncologie de l’hôpital de Taravao. Une soignante qui soulage les corps et met du baume aux cœurs.

L’air est embaumé d’encens et de vapeurs de thé rooibos. Nous sommes ici dans le temple de Véronique, Paumotu de sang, presqu’îlienne de cœur.

Fleur à l’oreille et sourire aux lèvres, Véronique nous conte ses origines : petite dernière d’une fratrie de 13 enfants, elle se sait chanceuse d’avoir grandi dans une famille nombreuse et remplie d’amour.

Cet amour reçu dans l’enfance habite Véronique depuis. Il s’incarne dans chacun de ses actes, de ses projets. L’une de ses plus grandes histoires de cœur est celle qui la lie à la presqu’île. C’est à l’âge de 15 ans qu’elle découvre Taiarapu, lors de ses années d’internat au Lycée polyvalent de Taravao. Elle n’a alors qu’une idée en tête : s’y installer et y travailler. 

Le soin dans la peau

Elle y parviendra par le biais d’un poste au sein de l’unique parfumerie de la presqu’île, Paris Parfumerie. « C’est là que j’ai découvert l’univers de la cosmétique, de l’esthétique, du maquillage ».

Après 10 années d’expérience, Véronique décide d’ouvrir son propre institut, Kimi ora, en 2013. De l’esthétique, elle bascule doucement vers le soin corporel à travers le massage.

« C’est un domaine tellement large et intéressant. L’esthétique, c’est une chose : c’est la beauté, c’est l’apparence, mais dans le massage il y a un aspect physique, le toucher, le ressenti, l’accompagnement. »

Dans la famille de Véronique, les massages faisaient partie du quotidien. Pour elle, il s’agit donc d’une pratique « ancestrale, innée ». Mais pas seulement. « C’est aussi vibratoire, c’est un contact corporel avec l’âme de la personne », décrit-elle.

« À partir d’un moment, quand je masse, ce n’est plus moi qui masse. Je ne sais pas comment expliquer, c’est comme si mes mains se promènent sur le corps, je vais là, j’appuie, je soulage les nœuds. Je suis guidée, quelque part. »

Sollicitée il y a quelques années par le service oncologie de l’hôpital de Taravao, Véronique et ses mains d’or se consacrent aujourd’hui aux patients atteints d’un cancer. Véronique masse les malades, les soulage… Et les chouchoute lorsqu’elle sent qu’ils en ont besoin.

« Certains patients ont parfois les ongles abîmés, les pieds noirs… Donc là je prends un temps pour bien les nettoyer, je leur fais un soin. Comme ça ils ont des pieds tout api. Il y a des malades pour qui c’est la première fois qu’on prend soin d’eux. »

Envoyer de la lumière aux malades

La douleur des patients, Véronique l’accueille. L’apaise. Et l’éprouve.

« Parfois c’est pas évident : quand tu touches quelqu’un, tu prends tout. Alors avant d’aller à l’hôpital, je fais ma prière pour toutes les personnes que je vais voir. Je demande à Dieu, pour que je puisse donner du bien à ces personnes. Quand j’y vais, c’est pour envoyer de la lumière, de la joie, du bonheur. Si je suis malade, je ne vais pas. Il ne faut pas que j’y aille avec une sale gueule ! Autant rester à la maison. »

Soignante à part entière, Véronique a accompagné beaucoup de patients jusque dans leur dernier souffle. Elle chérit aujourd’hui le souvenir de leurs âmes.

« Quand mes patients sont partis, ils sont toujours là, avec moi. Et ils me donnent l’énergie pour que je puisse soigner les autres. »

Et parmi toutes ces âmes, parfois, surgit celle d’une personne aimée.

« Quand je vais à l’hôpital, je ne sais pas qui je vais voir. Parfois je suis tombée sur ma famille. Là, ça fait mal. Il y a peu de temps, ma tatie est restée à l’hôpital jusqu’à la fin. Je l’ai accompagnée. Au dernier jour, je suis sortie après le soin et je l’ai laissée avec ses enfants. Une heure après, elle partait. »

Le déclin, puis la mort. Véronique connaît. Pour se protéger, elle fait le choix de la joie de vivre.

« Je chante tous les jours. Parfois entre deux massages, je me pose et je prends mon ukulele, je chante toute seule dans mon coin ! », confesse celle qui est connue par les presqu’îliens comme une bringueuse hors pair.

Avec malice en attrapant son ukulele, tandis que l’éclat de son rire se mêle aux premières notes :

« On vit sur Terre, autant vivre pleinement. Quand tu te lèves le matin, c’est important d’avoir le sourire, et de le donner autour de soi… Surtout à ceux qui font la gueule ! »

Ariane Carreira

Rédactrice

©Photos : Ariane Carreira pour Femmes de Polynésie

Directeur des Publications : Yvon BARDES

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