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Société

Annabelle Pujo, un soutien précieux aux femmes atteintes du cancer

Publié le 15 juin 2023

Généreuse et empathique, Annabelle Pujo prend soin depuis un an des femmes atteintes de cancer au sein de l’association Amazones Pacific. En novembre dernier, un cancer du sein lui a été diagnostiqué. Annabelle se confie à Femmes de Polynésie pour expliquer son engagement au sein de son association et pour partager son ressenti sur sa maladie.

Engagement dans l’association Amazones Pacific

Agée de 31 ans, Annabelle Pujo grandit en France avant de s’installer au fenua à l’âge de 16 ans. Elle connait un tournant dans sa vie lorsqu’on lui diagnostique une mutation génétique à 21 ans. Cette mutation lui donnait plus de risque d’avoir un cancer que la population générale. Depuis, elle bénéficie d’un suivi médical spécifique afin de surveiller ce risque.
Après ses études de sage-femme à l’école de Polynésie Française, elle obtient un poste au sein des structures de la Direction de la Santé. C’est en juin 2022 qu’elle décide d’intégrer l’association Amazones Pacific afin d’accompagner les femmes victimes du cancer. Elle occupe aujourd’hui la fonction de secrétaire au sein de l’association.

« J’ai décidé de m‘engager au sein de l’association parce que j’avais envie d’être proche des femmes qui sont ou qui ont été atteintes d’un cancer et d’avoir un partage d’expérience avec elles. L’autre raison de mon engagement a aussi été ce diagnostic de mutation génétique découvert lors d’un test effectué il y a 10 ans. Je voulais être au contact de femmes ayant vécu une situation similaire et discuter de l’expérience de celles-ci notamment en ce que concerne le retrait de leurs seins avant la maladie. »

Accompagner les femmes atteintes du cancer

L’association compte dans ses rangs 115 adhérentes dont la moitié est atteinte d’un cancer. Plusieurs activités sont organisées dans ses locaux comme les activités physiques, les ateliers bien-être ou encore des soins énergétiques. Il s’agit également d’apporter un soutien psychologique aux malades. Quelques adhérentes participent aussi à des événements extérieurs comme le Hura Tapairu ou la XTERRA Tahiti Moorea dans le but de relever des défis.

« L’association Amazones Pacific est là pour accompagner les femmes atteintes actuellement de cancer ou qui l’ont déjà été. Il est vrai que notre logo est un sein mais les malades de tout type de cancers peuvent nous rejoindre. L’idée est de les accompagner avec leur entourage. On peut les guider dans leur parcours de soins ou dans leurs démarches administratives. On leur propose aussi des activités comme des groupes de parole, du sport ou encore des ateliers de bien-être. On les met en quelque sorte dans une bulle au sein de laquelle elles se sentent bien et rassurées. »

Diagnostiquée d’un cancer du sein

Le pire arrive toutefois pour Annabelle lorsqu’on lui diagnostique à son tour un cancer au mois de novembre 2022. Son sentiment est partagé entre bouleversement et soulagement.

 « C’était difficile de l’apprendre parce que tu n’as pas envie d’avoir un cancer dans ta vie, encore moins à 30 ans. Cela voulait dire pour moi qu’on allait enlever mes seins ou que j’allais perdre mes cheveux, mes sourcils, mes cils … Tu n’en as clairement pas envie. Ce cancer est toutefois arrivé à un moment de ma vie où j’avais besoin de faire une pause personnelle et professionnelle. C’était une bonne chose en ce sens. Ce n’est pas forcément quelque chose que j’ai mal pris car je m’y attendais en raison de cette mutation génétique. Je savais que cela allait arriver un jour dans ma vie, mais pas aussi tôt. »

Adopter une attitude positive face à la maladie

La maladie lui a permis de se remettre en question et surtout de prendre beaucoup plus soin d’elle, chose qu’elle ne faisait pas forcément auparavant.

« J’avais aussi besoin de me recentrer sur mes priorités, sur ce que j’avais envie de faire plus tard.  C’est clair que j’ai complètement changé. La personne que j’étais avant d’avoir mon cancer est différente de celle d’aujourd’hui. Mes priorités ont changé. Du coup, je me suis recentrée sur moi-même en cherchant moins à faire plaisir aux gens comme je l’ai fait toute ma vie. Je pense aussi que la maladie m’a apporté beaucoup plus de sagesse, de patience et de diplomatie. Désormais, je relativise complètement les événements du quotidien.»

Eviter l’isolement social

Aujourd’hui, Annabelle comprend mieux le ressenti des personnes malades et explique l’importance de leur prise en charge au sein de l’association Amazones Pacific.

« Quand tu es malade, à un moment donné, tu vas chercher à t’isoler. C’est inévitable. Certaines personnes vont déprimer. Les gens qui t’entourent te manifestent des sentiments différents : empathie, appréhension ou même parfois du rejet. La maladie les renvoie à leur propre histoire. C’est une situation parfois difficile. Du coup, consciemment ou inconsciemment, on n’a plus envie de voir personne. Quand tu n’as plus de cheveux, de sourcils ou de cils et que tu ne te reconnais pas dans un miroir, tu n’as plus forcément envie de voir personne. Les membres de l’association Amazones Pacific sont justement là pour éviter cet isolement social. Les malades ont en face d’elles, une personne qui comprend parfaitement ce qu’elles ressentent et avec qui elles peuvent en parler. »

Encouragement au dépistage du cancer

Elle regrette toutefois que beaucoup de personnes, en particulier les femmes, n’osent pas faire la démarche du dépistage de cancer.

« C’est effrayant pour elles. A l’issue de cette démarche, elles peuvent découvrir qu’elles sont atteintes de cette maladie. On voit qu’il y a des barrières et que certaines personnes n’ont pas envie d’en parler car de la sorte, ça n’existe pas. Je leur conseille de se faire dépister au plus tôt parce que plus vite les démarches sont faites et plus elles ont de chances de rester en vie et d’avoir des traitements plus légers. Il ne faut pas hésiter à contacter l’association Amazones Pacific parce qu’on est là pour aider même si ça fait peur et on prend en charge les femmes atteintes de tout type de cancers. »

Toatane Rurua

Rédacteur

©Photos : Toatane Rurua et Amazones Pacific pour Femmes de Polynésie

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