Julia Bernut, une Tahitian Nomad en quête d’elle-même
Nous retrouvons Julia Bernut, celle qui se cache derrière Tahitian Nomad, au cœur de Papeete dans le centre de bien-être Aho Here. Un espace hors du temps au sein duquel la jeune femme a insufflé une part d’elle-même, dans l’ornement des murs. Architecte de formation, âme vagabonde aux passions multiples, c’est à Femmes de Polynésie qu’elle confie avec douceur et bienveillance son cheminement vers la connaissance d’elle-même, semé de voyages, de rencontres et de questionnements.
UN PUZZLE EN VRAC
Julia Bernut est née il y a 33 ans à Tahiti. La jeune femme aux cheveux blonds et aux yeux clairs évoque son questionnement sur son identité, en devinant celui des autres dans leur regard. “Demie”, comme nombre d’entre nous, elle part à la quête de ses racines polynésiennes, afin de s’y ancrer.
« J’avais du mal à trouver ma place, à comprendre mon identité. J’avais des morceaux du puzzle qui me manquaient et j’avais besoin de trouver ma vérité. Je l’ai fait en voyageant, en m’imprégnant de mes expériences. »
À dix-huit ans, elle part pour l’Australie où elle reste trois ans et obtient son diplôme d’architecte d’intérieur. Elle y rencontre son compagnon de l’époque, qui lui apprend l’importance de s’aimer soi-même. Cette union la mène en Angleterre, dans un petit village perdu nommé Rugby1, où elle travaille dans un centre de sport, pratique du yoga et de nombreuses activités, prenant ainsi pleinement conscience de son corps. Par la suite, sa route l’entraîne à Montréal où elle poursuit un master.
« Montréal m’a fait apprécier ma propre compagnie. Quand on est en paix, on se fiche de ce que les gens pensent, de leurs regards. J’y ai rencontré beaucoup de personnes, j’ai eu des conversations vraiment profondes. Et aujourd’hui, je ne pourrais plus revenir en arrière, à ma vie d’avant. »
Avec sincérité et simplicité, Julia résume ses années d’aventures en quelques mots :
« J’aime bien dire que l’Australie m’a connectée à mon cœur, l’Angleterre à mon corps et le Canada à mon âme. »
DÉCONSTRUIRE, POUR RECONSTRUIRE
Après l’obtention de son diplôme, elle reste à Montréal et travaille dans une start-up de design d’intérieur spécialisée dans les locations saisonnières.
« Le rythme était très intense et on produisait beaucoup de déchets. Ça correspondait de moins en moins avec mes valeurs et la personne que je devenais. »
La jeune femme écoute son cœur et quitte son travail. Au même moment, le monde entier s’arrête, touché par la crise sanitaire. Elle n’a donc pas d’autre choix que de poursuivre sa quête intérieure, plus en profondeur.
« On pense que le développement personnel, c’est fun, mais c’est tout le contraire ! Il faut trouver ses parts d’ombres, ses faiblesses, les accepter, les apprivoiser et travailler dessus pour être en contrôle. »
Notre voyageuse explore entièrement ses passions, accompagnée de mentors, de “guides”, comme elle les appelle affectueusement.
« J’ai médité et dessiné de plus en plus, et j’ai pris le temps de visualiser la personne que je voulais devenir, la façon dont je voulais travailler et gagner ma vie. J’ai dû déconstruire plein d’automatismes et d’habitudes. »
Enfin complète, Julia revient en 2021 en Polynésie pour s’y épanouir en tant que femme.
UNE FEMME MULTIDIMENSIONNELLE
Aujourd’hui, elle donne une voix à chacune de ses passions, chacune des pièces du puzzle qui la compose.
« Quand on me demande ce que je fais, je réponds que je suis multidimensionnelle (rires). J’ai l’impression qu’on l’est tous, mais qu’on se résout à ne faire qu’une chose, à n’avoir qu’une seule vie. Mais dans une vie, on peut en avoir pleins, faire plein de choses différentes. »
Depuis deux ans, elle a créé avec son amie Elodie des méditations guidées, anime des cercles de femmes et organise des retraites de bien-être.
« Dans ces cercles et ces retraites, il y a une guérison profonde qui se fait grâce au travail somatique, à la méditation, au breathwork2, qui est ma spécialité, au mouvement, à la danse libératrice, etc… Mes voyages et mon cheminement m’ont poussée à revenir afin d’offrir tous ces outils ici, pour que les femmes se soutiennent, se sentent vues, entendues, comprises. C’est vraiment une mission de vie. »
Elle exprime aussi sa personnalité et sa vision du monde au travers d’illustrations et de carnets dans lesquels on retrouve des dessins, des affirmations de gratitude et des mantras.
« Au travers de ça, je veux juste transmettre les outils qui m’ont aidée dans mon cheminement. Je ne détiens pas la vérité, il y autant de vérités que de personnes sur terre. C’est seulement ma propre perspective. Et si ça résonne avec toi, tant mieux, sinon c’est que ce n’est pas l’outil qu’il te faut, ce n’est pas grave. »
TAHITIAN NOMAD, AIMER CHAQUE PIÈCE DU PUZZLE
Avant de se quitter, nous lui demandons ce qui, à ses yeux, est important pour s’épanouir et s’affirmer en tant que personne. C’est avec certitude et douceur qu’elle répond :
« On a besoin de trouver les pièces du puzzle, de savoir d’où l’on vient. Ça m’a servi de plonger dans ma généalogie, de comprendre qui j’étais et d’être consciente de mes origines. Une fois que l’on est OK avec toutes les cultures et les courants qui se mêlent en nous, nos racines peuvent enfin pousser, et nos branches s’agrandir pour aller chercher la lumière. »
1 Rugby est une ville du comté de Warwickshire en Angleterre centrale, sur la rivière Avon.
2 Englobe un ensemble de techniques et de pratiques visant à utiliser la respiration de manière intentionnelle pour favoriser le bien-être physique, émotionnel, et spirituel.
Rédactrice
©Photos : Hina Teata-Carreel pour Femmes de Polynésie
Directeur des Publications : Yvon BARDES