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    Maru : l’art de la persévérance

    Publié le 21 décembre 2021

    Tant de talents réunis en un même lieu ! Nous sommes au Hilton Tahiti Resort. Femmes de Polynésie erre entre les stands du salon des jeunes artisans créateurs. Que de mains ingénieuses pour façonner bijoux, sculptures, tīfaifai, tressages ! Nous nous arrêtons devant le stand de Maru. Sa fraîcheur, son sourire, son talent nous séduisent. Nous avons hâte de mieux connaître cette jeune créatrice.

    DESTIN BOULEVERSÉ

    Quand Maru tombe enceinte, elle a 17 ans. Elle vient de rencontrer son tāne à Maupiti, et tout change. L’amour qui entre dans sa vie, un petit être qui se développe en son sein, et son avenir professionnel qui bascule. Pas d’études après le lycée qu’elle vient d’achever : un autre avenir se dessine pour Maru, comme s’il avait été tout spécialement créé pour elle.

    Tout part d’un collier. Celui que lui offre sa belle-mère quand Maru quitte Maupiti après ses vacances. La famille de son tāne vit de l’artisanat traditionnel, et Levy, son homme, sculpte la pierre pour façonner des penu1

    De retour à Tahiti, Maru observe ce collier et se questionne :

    « Et si moi aussi je vivais de cet art ? »

    Bijou en oursin présenté pour le concours du salon des jeunes artisans créateurs 2021 : une semaine pour l’imaginer, dix heures pour le créer.

    NAISSANCE D’UNE PASSION

    Son tāne la rejoint à Tahiti. Maru donne naissance à leur fils, et son bébé l’occupe à plein temps. Mais il y a toujours ce collier de Maupiti. Elle le défait pour observer sa construction. Tous les jours elle recommence. 

    Maru parle à Levy de son envie de confectionner des bijoux et sollicite son soutien. Son tāne est uniquement sculpteur, mais peut l’aider à trouver la matière première : les coquillages. Ensemble ils plongent, l’île de Tahiti regorge de coquillages. La création peut commencer.

    Pendant deux ans, alors que son bébé grandit, la jeune femme apprend toute seule le tressage à base de fibres de coco et de nī’au 2, qu’elle blanchit au jus de citron. Utiliser du végétal pour se marier avec les coquillages et devenir bijoux : colliers, boucles d’oreilles, bagues, bracelets, barrettes, pics à cheveux, porte-clés. 

    Pour acheter ses outils, elle reçoit deux aides financières : l’une en provenance de son papa, l’autre du Pays avec l’aide ICRA3, qui représente un énorme coup de pouce pour Maru. 

    PERSÉVÉRANCE

    Une fois son savoir-faire acquis, Maru cherche un lieu de vente. Mairie, marché de Papeete, commerces, assurances… 

    « Dès que je voyais une porte, j’y allais. »

    Le marché de Papeete accepte que la jeune femme vienne y vendre ses bijoux deux fois par semaine. 

    « À chaque fois j’allais voir la direction du marché pour obtenir un stand. »

    La persévérance paie. Maru obtient une place provisoire à l’extérieur du marché. 

    « J’étais tellement contente ! »

    La direction du marché note que Maru est la seule à produire beaucoup de bijoux et à utiliser des ressources locales. En 2018, elle obtient un stand fixe à l’intérieur du marché. Ses efforts sont à la hauteur de sa récompense.

    PLONGÉE, CRÉATION ET VENTE

    La semaine Maru vend ses bijoux au marché, le week-end elle plonge. Avec son tāne elle parcourt les récifs autour de Tahiti, elle apprend à discerner les coquillages qui se confondent avec le corail, sur ou sous l’eau. Dans chaque commune ils diffèrent : blancs ici, mauves là-bas, parfois noirs, ailleurs oranges, sans oublier les oursins. Puis elle les nettoie et les taille, utilise nylon de pêche et aiguille pour coudre le coquillage sur le nī’au blanc. Elle y greffe parfois une ou plusieurs perles de Takume. 

    « Les idées me viennent naturellement au fur et à mesure que je crée mon bijou ! »

    Chaque œuvre est unique, à l’image de ses coquillages.

    « Je me sens heureuse de créer ! »

    Maru expose régulièrement dans le cadre du service de l’artisanat, vend son travail au marché, dans des boutiques de Papeete, plus loin à Moorea, et même jusqu’en France.

    « On est vraiment contents. Je remercie mon papa, pour son soutien du départ, mon chéri, sans oublier le Seigneur. » 

    Levy son tāne, Arikinui leur fils, Maru, et sa nièce Areanui

    Maru vit aujourd’hui de ses créations. Toute sa famille y participe. Son tāne pour la plongée et la vente, sa nièce pour la vente aussi, son fils pour tailler les épines d’oursins.

    Sa boutique porte le nom de celui qu’elle a porté, qui a transformé son destin, et qui aujourd’hui crée avec elle : Arikinui.

    Les clients affluent à son stand, nous quittons Maru. La jeune femme sourit, explique, fait essayer ses créations, les vend au fur et à mesure, aidée par sa famille. Nous connaissons à présent le parcours de cette jeune femme avenante pour en arriver là. Un chemin rempli de persévérance.

    Sculpture de pierre traditionnelle qui représente la montagne de Maupiti

    2 Palme de cocotier

    3 Aide à l’Insertion par la Création ou la Reprise d’Activité

    Doris Ramseyer

    Rédactrice

    ©Photos : Doris Ramseyer pour Femmes de Polynésie

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