Laureline Reynaud, au service d’un monde meilleur
Elle a rêvé de devenir archéologue, étudié la philosophie qu’elle a ensuite enseignée, a fondé la marque Holimoods avant de laisser ses aspirations profondes s’exprimer. Laureline Reynaud est aujourd’hui engagée dans le mieux consommer car elle veut prendre soin de la planète. Pour cela, elle a créé E’lien, une plateforme qui met en relation les consommateurs avec les producteurs locaux.
« On se rejoint à Vaipoopoo ? » Le lieu de rendez-vous est fixé. Le jour J, Laureline Reynaud s’y trouve, ponctuelle, élégante, riante. Elle a dégagé le temps nécessaire à l’interview malgré un planning chargé. Elle a accepté volontiers de se livrer non pas pour se dévoiler mais pour expliciter sa prise de conscience écologique et la mise en place, progressive et définitive de son engagement.
« On aimerait changer le monde, mais quand on n’est pas politicien ou ingénieur, il faut trouver autre chose. On peut par exemple changer notre façon de consommer et de vivre au quotidien, ça, c’est notre rôle et c’est à notre portée. En tous les cas, c’est ma façon d’agir. »
CRÉER DU LIEN
Laureline Reynaud a fondé E’lien. C’est un réseau de la consommation responsable et durable à Tahiti. Un site internet « E » qui fait le « lien ». Il met en relation les consommateurs et les producteurs du territoire. Sur la plateforme se trouvent des produits alimentaires, mais aussi des produits cosmétiques ou des cadeaux à offrir. Bientôt des services et activités ainsi que des formations complèteront l’offre. L’idée, c’est de mettre en lumière toutes les initiatives locales qui permettent de mieux consommer, de mieux vivre dans le respect de l’environnement et des hommes.Pour Laureline Reynaud, 40 ans cette année, la consommation durable et responsable est désormais indispensable !
« C’est la seule vers laquelle nous devrions aller, pour notre santé et celle de la planète, mais aussi pour notre économie ou notre cadre de vie… »
DE L’ARCHÉOLOGIE AU COMMERCE ÉCORESPONSABLE
Elle a fait sa scolarité à Tahiti rêvant de devenir archéologue. Elle se rappelle même avoir fait son stage de 4e au Musée de Tahiti et des îles.
« J’étais fascinée par le secret des temps anciens, par ce qui avait déjà pu se passer. »
Finalement, elle s’est inscrite en philosophie pour mieux comprendre le monde. Elle a étudié en France, à Nice. Elle est rentrée en Polynésie avec un DEA en poche et le projet de se lancer dans une thèse. Elle s’intéressait alors à l’identité polynésienne et au mélange des cultures dans cette identité. La mise en place de la thèse et la recherche du sujet ont tardé, Laureline a dû chercher du travail et a, finalement, après une expérience dans le privé, accepté un poste de professeur de philosophie au lycée du Taaone. Cela a duré quatre ans entre 2007 et 2011.
« J’ai beaucoup aimé, mais j’avais l’impression de me sentir inutile parfois. Même si je ne semble finalement pas l’avoir été pour tout le monde d’après ce que m’ont dit des élèves des années plus tard … ouf ! »
Elle a bifurqué vers le business en fondant la marque Holimoods en 2012. Elle travaille avec une équipe indienne dirigée par un homme, Sendil, qui partage ses valeurs de respect de l’environnement et des hommes. La marque, éthique, à base de coton bio et d’autres matières eco-friendly, permet à plusieurs familles de vivre en Inde.
« Plus qu’un partenaire professionnel, Sendil est devenu un ami. Je ressens vis-à-vis de lui un engagement moral et humain. C’est pourquoi je continue à faire vivre la marque malgré tout ce qui m’occupe ici en Polynésie, c’est important de montrer que même dans la mode, on peut avancer dans le respect des autres et de la terre. »
UNE CONSCIENCE ÉCOLOGIQUE TOUJOURS PLUS FORTE
En parallèle de ses projets professionnels, Laureline sentait monter sa conscience écologique. Elle a fini par trouver le moyen de passer à la pratique, de s’impliquer davantage. En 2017, elle a suivi une formation d’éco-sentinelle proposée par la Fédération des associations de protection de l’environnement, la FAPE, Te Ora Nao. Elle a imaginé à partir de là les ateliers Mon Fare durable, qu’elle a pu mettre en place en répondant à un appel à projets. Portée par la FAPE où elle était devenue chargée de projet, elle est allée dans les quartiers pour initier les familles aux gestes durables dans le quotidien.
« On arrivait les bras chargés pour permettre aux gens de changer leurs habitudes immédiatement. On avait de quoi fabriquer les produits ménagers, mais aussi des couches lavables, des gourdes, des cups pour les femmes. On expliquait à quel point notre société de consommation est inadaptée à notre santé et à notre environnement. »
Elle a ainsi pu toucher près de 200 familles. Elle a également organisé le Festival zéro déchet pour Pirae à l’occasion de l’inauguration du premier composteur de la commune. Elle a fondé l’association de protection de l’environnement, Uni’terre Tamarii no te ao nei, elle a imaginé l’initiative Mon lagon et moi. Et puis, le Covid est arrivé…
« Un petit séisme dans nos vies. Ça nous a fait du bien en un sens, ça nous a fait prendre de la distance vis-à-vis de certaines choses, et ça a donné de l’espoir sur la possibilité de construire le monde différemment… »
Un petit séisme qui lui a permis de fonder E’lien, sa proposition à elle pour aller vers une vie plus durable pour tous.
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