
Fifi TEROU, le cœur à l’ouvrage aux côtés du Tuha’a Pae
Au mois de mars, nous célébrons la journée internationale des droits des femmes. À cette occasion, l’association UFFO Polynésie met en valeur 8 Polynésiennes inspirantes. Ces femmes remarquables, nous les avons appelées nos Poerava, nos perles rares.
Femmes de Polynésie vous introduit Fifi Terou, directrice de la société Tuha’a Pae qui, à travers son métier et ses engagements, prends soin des populations de l’archipel des Australes.
LE TUHA’A PAE : UNE INSTITUTION
Fifi Terou née Hunter, dirige la Société Tuha’a Pae depuis 2019, mais y travaille depuis 44 ans. Entrée très jeune comme employée aux écritures comptables, elle gravit les échelons jusqu’à occuper les plus hautes fonctions et diriger une équipe d’une cinquantaine de personnes. Aujourd’hui, elle n’a rien perdu de sa passion et prépare avec savoir-faire et sensibilité, l’avenir de l’unique compagnie maritime qui dessert les Australes et ses 6 600 habitants.
On sait que le navire Tuha’a Pae est un véritable cordon ombilical entre Papeete et l’archipel des Australes, mais aussi un lien intérieur essentiel entre ses cinq îles, qu’il s’agisse de fret pour l’approvisionnement et de débouchés pour les productions du secteur primaire, ou encore de déplacements de personnes comme les collégiens et lycéens. Pourtant, l’histoire de la compagnie a été agitée. Il a fallu tenir la barre ferme et s’adapter pour naviguer en eaux plus calmes.

du public au privé
Fifi a participé activement à la transformation d’une entreprise contrôlée par la Polynésie en une société privée, dont le capital est détenu majoritairement par son personnel ou des personnes privées. Mutation difficile, doublée d’une obligation de redressement économique et financier impliquant des décisions douloureuses, comme se séparer d’un bateau en trop et licencier du personnel pour la survie de l’entreprise. Des années durant, Fifi a collaboré de plus en plus étroitement aux changements, se forgeant de l’expérience. Dès 2000, avec son équipe, elle a réfléchi à l’avenir : le Tuha’a Pae 4, construit sur mesure pour desservir l’archipel a été mis en service en 2012. Il assure 29 rotations par an, dont 12 à Rapa qui ne possède pas de piste pour avion. C’est dire combien les habitants sont attachés à leur navire si familier.
UN VENT DE NOUVEAUTÉ
L’avenir se bâtit sous la direction de Fifi Terou et son équipe, préparant la construction en Espagne d’un nouveau cargo mixte, appelé Na Hiro e Pae. Il sera adapté à la navigation particulière aux Australes, mais aussi aux enjeux de la transition énergétique et du développement durable, comme le traitement de ses propres déchets. Depuis le stade de l’idée d’un nouveau bateau pour l’avenir à sa mise en service prévue en 2026, il a fallu, dit-elle « bosser comme des fous » : passer le cap de l’esquisse, de la sélection de l’architecte puis du chantier naval et du montage du plan de financement. Aujourd’hui la réflexion se porte sur les aménagements intérieurs, la décoration, notamment pour la partie croisière.

« Ce ne sera pas un bateau de croisière de luxe, mais une pension de famille sur l’eau où les passagers bénéficieront de confort, de contacts humains reflétant l’âme polynésienne. »
UN ATTACHEMENT PARTICULIER
Le parcours de Fifi révèle une femme passionnée, dotée d’une grande capacité de travail, qui aime ce qu’elle fait. Originaire de Raiatea, elle s’est trouvée des ancêtres Tuha’a Pae et, dit-elle :
« Même si je ne suis pas née aux Australes, j’aime ces îles et leurs habitants.»
A chaque étape de sa carrière, elle a su s’entourer de spécialistes pour la conseiller.
« Le transport maritime est un monde d’hommes, mais être une femme peut être un avantage : avoir le respect, apporter une autre vision, de l’équilibre et de la tempérance ».

Aujourd’hui elle tient la barre, mais pense aussi à sa relève : il faut rajeunir les équipes mais pas trop vite.
« Les jeunes ont l’intelligence et le savoir, mais ils doivent apprendre à trouver les solutions en faisant confiance. Chaque être humain a une valeur, il faut croire en ses possibilités d’évoluer. »
Autrement dit : « mettre aussi le cœur dans la décision ».

Vaihere Lucas, Armelle Merceron
©Photos : Fifi Terou, UFFO, tahiti infos.
Directeur des Publications : Yvon BARDES