Myriam Tuheiava, une guerrière Amazone d’OPT
Alors que nous devions rencontrer Myriam au cœur de son travail, c’est finalement au sein même de son intimité que Femmes de Polynésie rencontre cette Amazone. Nichées dans un abri de soie clôturé d’une verdure florissante, nous écoutons son parcours dans le Groupe OPT, mais aussi sa prise de conscience sur soi, son retour aux sources, un appel enivrant la ramenant à ses origines et ses traditions.
LE GROUPE OPT ET SON PARCOURS ATYPIQUE
Installée dans sa demeure, Myriam nous accueille sur sa table de rencontre, un verre d’eau frais à la main. Puis d’une voix assurée, elle se présente « je suis polynésienne de souche, de cœur, de culture et de convictions ». Son sourire rayonnant nous transporte ensuite dans le passé.
« Le Groupe OPT est une grande partie de ma vie, car depuis mon entrée en 88, j’ai décidé de faire carrière dans l’entreprise, qui s’est par la suite agrandie puisque nous avons créé des filiales. »
Dans sa jeunesse, à peine ses études terminées, ce fut la vie active qui chatouilla ses ambitions.
« Après ma licence de Lettres modernes, j’ai intégré l’entreprise. J’ai eu un premier job en informatique, car avec des potes à La Mennais, nous avions monté la première cellule micro-informatique Macintosh. »
Ce sont ainsi 30 ans qui se sont écoulés, en dessinant un parcours atypique tant dans les chemins de carrière que dans les formations professionnelles.
« Les avantages dans le Groupe OPT c’est que l’on peut passer des concours et évoluer d’un domaine à un autre facilement. J’ai ainsi progressé de cadre à cadre supérieur, j’ai été dans les finances, puis gestionnaire dans les télécoms et à la Poste. »
Puis cette année, quelques mois avant notre rencontre, la secrétaire générale de l’OPT lui propose d’être son adjointe, un poste qu’elle accepte.
« Et en tant qu’Adjointe de la Secrétaire générale, tout ce qui est conforme à la loi m’incombe. Mes actions s’inscrivent dans cette garantie que nous exerçons nos activités conformément à la loi et à nos principes généraux. »
LES MURMURES DES PLANTES
Retour sur la période du Covid lorsque le confinement fut une épreuve pour certains, d’autres le vécurent comme un renouveau, un moment d’écoute de cette voix intérieure qui depuis des années était tue.
« Je l’avais déjà en moi, mais ça s’est exacerbé avec le confinement : l’envie de créer quelque chose, avec ma terre, avec mon Fenua. »
Lorsque l’hérédité se transmet, la famille de Myriam lui a offert le secret des plantes, le langage pour les comprendre, les écouter et subvenir à leurs besoins.
« Je voulais voir ce que j’avais dans les mains. Et de fil en aiguille, j’ai planté un potager, des orchidées, des anthuriums. »
À l’affût des murmures, elle écoute le langage des fleurs dans une méditation active où se recentrer sur soi est une retraite nécessaire.
« Je donne vie à quelque chose, qui ne soit pas seulement l’organisation d’une équipe, ici je suis seule dans mon jardin. »
Puis d’une graine, les projets bourgeonnent à foison pour s’épanouir dans les temps à venir.
« J’ai un projet d’autarcie par mon jardin avec des arbres fruitiers et des fleurs que je vais vendre bientôt. Plus tard, j’aimerais mettre à disposition une partie de mon jardin au voisinage qui n’a pas d’espace chez eux. »
« Ma deuxième partie de ma vie, c’est d’être présente pour ces projets-là, être présente pour mes enfants et mes petits-enfants. »
Myriam se confie, puis prend du recul sur ses propres mots et avoue « je suis très famille au final ».
« J’ai passé une grande partie de ma vie à passer des concours pour démontrer que la femme pouvait travailler dans des domaines aussi différents que sont la finance, la télécommunication. »
« C’est ce qui m’a rendu un peu Amazone », poursuit-elle « de me confronter entre ce bras de fer de l’homme et de la femme dans le milieu professionnel, je l’ai connu et ça m’a forgé. »
Désormais vêtue d’une sagesse tissée au fil des années, le combat s’adoucit pour donner vie à des projets.
« Faire des choses plus concrètes, plus familiales, plus véridiques et authentiques, c’est quelque chose qui me tient à cœur. »
ÊTRE SOI-MÊME AVANT TOUT
Myriam est une fleur qui éclot dans son propre jardin, s’épanouissant dans sa demeure de verdure où vinis et abeilles se meuvent avec aisance et quiétude.
Ce temps de repos et d’écoute, elle l’entretient. Chaque jour durant, les échos matinaux lui insufflent la voie à suivre. Une responsabilité envers ces vies qu’elle assume, envers ses plantes et sa famille.
« Je veux être quelque chose qui me ressemble et qui ne soit pas faux. Je ne suis pas qu’une Miss Tahiti, je ne suis pas non plus qu’une maman et tout ça, je veux l’affirmer. »
« Je ne veux pas vivre des moments que les gens m’imposent, car ils estiment que c’est la façon de faire. Il faut rester soi-même avec ses qualités, ses défauts et son intégrité bien que ça ne plaise pas toujours. »
Puis Myriam termine :
« Il faut avoir des expériences pour en tirer des leçons. Les échecs, il faut toujours les transformer en quelque chose de positif. »