Moerani Maya Rereao, psychologue engagée au service des autres
Moerani Maya Rereao est psychologue au centre pénitentiaire de Nuutania, rattachée au département psychiatrique du Taaone. Celle qui voulait, à l’origine, aider les enfants, s’est aperçue qu’elle serait plus utile en amont, en venant en aide aux parents. Comprendre, soutenir, aider, accompagner celles et ceux qui sont en situation de détresse psychologique, morale et émotionnelle, tels sont ses objectifs.
Comprendre les parents pour aider les enfants
Née à Tahiti, Maya y a grandi et étudié avant de s’envoler pour Toulouse où elle suit une licence en psychologie puis un master en psychologie du développement.
« Au départ, je voulais aider les enfants. Finalement, je me suis aperçue que pour les aider, il fallait travailler d’abord avec les parents. Les problématiques sont diversifiées, cela me demande de cerner au mieux les façons de penser de chacun, de décrypter les contextes professionnels et personnels. »
Elle enchaîne avec un master professionnel en psychologie clinique et psychopathologie et revient à Tahiti en 2008. Elle travaille alors au département de psychiatrie et au centre pénitentiaire de Nuutania en tant que prestataire de service.
« Ils cherchaient un psychologue polynésien. J’ai mis du temps à accepter. »
Puis, elle passe le concours pour entrer dans la fonction publique et intègre l’institut d’insertion médico-éducatif avant d’être à nouveau sollicitée pour œuvrer en centre pénitentiaire. Elle reste deux années à Tatutu avant de regagner Nuutania.
Recherche et prévention
Maya est prise sous l’aile du taote Stéphane Amadeo, un psychiatre spécialiste de la question du suicide en Polynésie. Très vite, elle le rejoint dans l’association SOS Suicide. Elle participe à « l’enquête Start », une commande de l’Organisation mondiale de la santé qui s’intéresse aux facteurs de risques. Plus tard, elle contribue à l’étude SMPG sur la santé mentale pour la population générale. Cette étude a permis de mieux représenter la maladie psychiatrique en Polynésie et l’accès aux soins.
Grâce aux enquêtes et à une expérience certaine du terrain, elle obtient l’autorisation de démarrer une thèse.
« Cette thèse va s’appuyer sur les résultats de l’étude Autopsom1 et se déroulera de 2022 à 2025. Je suis coordinatrice de cette enquête à l’initiative de l’INSERM2 qui est déployée à travers différents territoires d’outre-mer (la Polynésie mais aussi, la Réunion, la Guyane et la Martinique) ainsi qu’à Amiens, en France. Ce dernier site servira de référence. »
L’équipe polynésienne a été formée récemment à l’autopsie psychologique grâce à Monique Seguin venue spécialement du Canada, une pionnière en la matière.
« L’autopsie psychologique repose sur des entretiens avec les proches du défunt et vise à connaître les circonstances entourant le décès, les diagnostiques psychiatriques, le parcours de soin. »
L’investissement de Maya, sa soif d’apprendre et de développer des outils sont au service de ses objectifs : aider les gens à moins souffrir. Elle se réjouit de voir la situation évoluer au fil du temps.
« Depuis que j’ai commencé, je constate que le sujet est moins tabou. Avant, les gens étaient pointés du doigt, à présent ils sont encouragés à demander de l’aide y compris par les confessions religieuses. »
1 Apport de l’autopsie psychologique à la compréhension des conduites suicidaires en Outre-mer
2 L’Institut national de la santé et de la recherche médicale
Delphine Barrais
Rédactrice
©Photos : Delphine Barrais et Moerani Maya Rereao pour Femmes de Polynésie
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