Frédérique Marere, prendre soin de la relation avec son chien
Professeure d’EPS au collège de Afareaitu, kitesurfeuse et danseuse, Frédérique Marere a plusieurs casquettes. Femmes de Polynésie vous emmène à Moorea découvrir cette femme aux multiples passions qui a accepté de nous parler de son amour pour les chiens. L’entraineuse canin nous a présenté Onyx, son border collie qu’elle fait travailler pour le dressage, l’obéissance et l’agility[1].
De l’amour au travail
« Ma passion canine est née dès l’enfance. Ma mère avait des chiens, mais c’étaient des chiens de garde, de compagnie… J’ai toujours eu des chiens ; alors, j’en ai pris dans ma vie d’adulte. Quand je suis arrivée à Moorea, j’ai vu les gens s’entrainer avec leurs chiens sur des parcours, avec des accessoires. Ça m’a interpelée et je me suis dit : « pourquoi pas ? ». »
Frédérique est néophyte, elle adhère au Club canin de Moorea en 2008 et commence les compétitions en obéissance dès 2010.
« J’ai commencé difficilement puisque mon chien de l’époque, Cookie, était sourd. Avec lui, j’ai eu l’opportunité de passer le CSAU[2] et le brevet pour ensuite me présenter à l’examen d’entraineur canin en 2012 avec succès.
Mais comme il était sourd, j’ai dû revoir mes méthodes : il fallait attendre qu’il me regarde et passer par les gestes, la parole n’avait pas sa place. J’ai appris et j’ai adopté la méthode gestuelle propre à son handicap. »
Frédérique continue de se former. Après Cookie, elle adopte des chiens LOF [3], un berger blanc suisse venue de Nouvelle Zélande et un border collie venu d’Australie. C’est ce dernier qu’elle nous présente lorsque nous la rencontrons au club de Moorea : Onyx, 6 ans, 23 kilos et une « bouille » extraordinaire, n’a d’yeux que pour sa maitresse.
Une passion qui se partage
Frédérique intervient une fois par semaine au club de Moorea. Mais elle ne s’arrête pas là, elle a de l’ambition et s’entraine pour les concours.
« En Polynésie, il n’y a que des concours de Ring[4] et d’obéissance régis par l’ACTPF[5] elle-même rattachée à la SCC[6] au niveau national.
Moi, je ne pratique que de l’Obéissance. Je suis en relation tout le temps avec le chien: c’est une discipline très exigeante car au niveau du ring le chien se récompense en mordant alors qu’en obéissance c’est une relation d’écoute, de compréhension, de connivence entre maitre et chien. Atteindre cette relation de communion est la plus belle des récompenses.»
En 2017, elle commence à s’initier à l’agilité avec Onyx. Il s’agit d’une autre branche de concours canin, régie par la CNEAC[7]. Le côté sportif du chien et du maitre est alors un nouveau défi pour cette femme déjà très sportive.
« On entraine le chien à faire un parcours d’obstacles avec slalom, sauts, tunnels, bascules. Il y a une vingtaine d’obstacles à franchir, le plus rapidement possible. Dans ce cas, le maitre suit voire devance le chien pour lui indiquer la suite des obstacles à franchir dans le bon ordre et… dans le bon sens car franchir un agrès à l’envers entraine des pénalités.
Je me dis que je vais essayer à apprendre à diriger Onyx à distance car il est beaucoup plus rapide que moi… C’est encore une autre méthode, il faut que je me forme. »
Grâce à la venue de l’éducatrice spécialisée Sandrine Garnier au Club canin de Pirae en 2022, Frédérique obtient le Pass agility qui lui permettra de passer les concours dans cette discipline.
Si les concours en agility sont plébiscités en Hexagone, la voie n’est pas encore ouverte au fenua. Frédérique s’entraine de son côté, mais ne manque pas de rejoindre d’autres passionnés pour des sessions collectives.
«C’est important d’échanger avec les autres, de s’entrainer ensemble pour préparer les concours.
Cela permet d’avoir un regard extérieur.»
Avoir un chien qui fait partie de la famille
Frédérique nous gratifie d’une belle démonstration d’obéissance avec Onyx, l’aboutissement d’un équilibre entre travail, exigence et douceur.
En évoquant ce rapport privilégié et protecteur, notre vahine ne manque pas de souligner l’urgence de la situation des chiens localement.
« Ici, il y a une grosse misère pour les chiens. On essaie de sensibiliser en menant des actions sur la place publique avec des spectacles, des interventions dans les écoles. Par exemple, au collège de Afareaitu, il y a une 6e « sensibilisation aux êtres vivants » : j’enseigne l’EPS auprès de cette classe et je fais venir les élèves une fois par trimestre au club canin. On leur montre l’éducation et l’obéissance.
On essaie de les sensibiliser et ils adhèrent. C’est la meilleure population pour faire passer un message. »
Au-delà de la question des chiens errants, Frédérique interpelle sur la nécessité de prendre soin de son animal, de tisser des liens avec lui :
« On aimerait faire venir en club les gens passionnés de chiens et ceux qui ne le sont pas et qui veulent en découvrir davantage, ne serait-ce que pour avoir une meilleure relation avec les chiens.
Venir en club canin permet d’entretenir avec son chien une relation qui va au-delà de la garde. Ça fait du bien au chien aussi. Quand on a une bonne relation, il fait partie de la famille.»
Et la grande famille du Club canin de Moorea nous semble honorable dans ses objectifs de sensibilisation, de partage et de performances.
[1]Parcours à réaliser par un maitre et son chien le plus rapidement possible sur un parcours d’obstacles imposé.
[2] Le certificat de sociabilité et d’aptitude à l’utilisation, dit « CSAU », est un examen canin élémentaire visant à vérifier le bon équilibre caractériel d’un chien, ainsi que sa capacité à obéir à son conducteur.
[3] Livre des Origines Françaises qui répertorie les origines des chiens de race.
[4] Le ring est un sport canin qui permet de former des chiens de défense.
[5] Association Canine Territoriale de Polynésie Française.
[6]Sociéte Centrale Canine.
[7] Commission Nationale Éducation et Activités Cynophiles.
Rédactrice
©Photos : Marie Lecrosnier–Wittkowsky pour Femmes de Polynésie
Directeur des Publications : Yvon BARDES
