Femmes de Polynésie Retrouvez nous sur
Site de Femmes de Polynésie Hommes de Polynésie

Je passe
d'un site à l'autre

Évasion

Aodrena Terrier Leroi, la passion du cheval

Publié le 17 mars 2023

À 37 ans, Aodrena dirige avec énergie le ranch Cadichon Vallée sur Raiatea, une petite merveille animalière. Dans cet écolodge équin, elle présente à Femmes de Polynésie son école d’équitation de qualité, nous emmène en randonnées et contribue, par son enthousiasme, à faire connaître cet animal si cher au cœur des Polynésiens.

Tout a commencé avec l’association des propriétaires de chevaux, Horo Fenua, fondée par Aodrena et son amie inconditionnelle Marion Perriet.

« Au début, je possédais un cheval et Marion deux. Après, j’ai récupéré celui de ma sœur, puis un 3e, un 4e… « Hé ! qu’est-ce que tu vas en faire ? », demandait mon mari Teiva. En parallèle, l’asso grandissait et des gens de l’extérieur nous demandaient de monter à cheval. Alors, pour placer les animaux, nous avons acheté un vaste terrain sur Avera. L’idée d’un petit centre équestre a germé, débouchant sur son ouverture en 2016.  »

Un cheptel¹ chouchouté

La longue allée de l’entrée ne permet pas de voir les lointaines limites du ranch établi sur 13 hectares dans la vallée de Vairahi. Parvenu à la carrière avec la ligne majestueuse des crêtes en arrière-plan, on ressent une sensation de bien-être et de grandeur qui correspond bien aux motivations de Aodrena.

Baignade avec les élèves de l’école d’équitation.

L’écurie est constituée de 9 chevaux, originaires de Raiatea ou de Tahiti, ainsi que de 6 poneys et de deux ânesses qui ont fait le voyage en bateau de Nouvelle-Zélande. À ce troupeau s’ajoutent les deux chevaux personnels de Aodrena, Cheyenne et son vieux Royal qui, à 37 ans, partage la vie de sa maîtresse depuis 26 ans. Une grande sellerie pour ranger le matériel, 4 box qui servent d’infirmerie, une spacieuse aire de dressage et un fare d’accueil avec tables et bancs pour les visiteurs, constituent cet établissement tenu au cordeau.

En plus des verts pâturages, les chevaux sont nourris matin et soir, notamment au tourteau de coco.

Une équipe polyvalente

Autour d’Aodrena gravite une modeste équipe : Marion, présente depuis les débuts, s’occupe des balades à la mer et à la montagne pour les touristes ; Elie, moniteur émérite, gère les cours collectifs et particuliers tandis que Moana, récemment embauché, participe à l’entretien général et aux soins des animaux. Mais tout le monde est « multi-tâche », comme le chante Aodrena. Car, sur Raiatea, pas de vétérinaire équin, bien que le cabinet de Tahina apporte son aide, et pas de maréchal-ferrant non plus.

« Au maximum, on se débrouille par nous-mêmes. Sur le plan médical, on fait avec ce que la Polynésie nous offre, argile, huiles essentielles, massage des chevaux… Je profite parfois des compétences de mes clients ; dernièrement, un ostéopathe animalier a corrigé boiteries, maux de dos ou sensations de gêne qui empêche le cheval de faire précisément le mouvement auquel on s’attend. Une fois, j’ai fait venir de France un podologue équin car nos chevaux évoluent pieds nus. Il nous a formés, Marion et moi, au parage, qui consiste à soigner les pieds des équidés en limant plus ou moins l’ongle. »

Tondre 5 hectares par mois

Les grands pâturages (4000 m2 par cheval) et l’alternance pluie-soleil permettent aux équidés de brouter à volonté une herbe poussant formidablement bien. Revers de la médaille, il faut tondre au moins une fois par mois. Pourquoi ? Parce que les chevaux désherbent très mal, triant les jeunes pousses plus riches en nutriments. Entretenir un si beau domaine et dresser des animaux d’une demi-tonne peut paraître compliqué pour une femme. Un a priori qu’Aodrena contourne :

« Franchement, ça ne me pose aucun problème. Et lorsqu’une force masculine est la bienvenue, je peux compter sur mes amis, passionnés de chevaux voire propriétaires, qui m’aident, par exemple, à porter 40 sacs de 25 kg de granulés ! Cette entraide est assez extraordinaire. »

« Monter à cheval, c’est un travail d’équipe, on essaie de s’adapter aux besoins de l’animal et lui aux nôtres. »

L’empathie bienfaitrice des équidés

Agrémenté d’une sympathique basse-cour, le ranch a une vocation pédagogique, voire thérapeutique. Canards, oies, poules, lapins… amusent les élèves des écoles de Taha’a, Bora et même Tahiti.

« On leur propose un tour à poney, en calèche, de découvrir la ferme ; tous ne savent pas différencier un canard d’une oie. Cette mini-ferme apporte de la vie, du bruit, surtout du côté des moutons ! J’adore !  »

Cadichon Vallée travaille aussi avec le centre pédopsychiatrique de l’hôpital du Taaone dans le cadre de l’équithérapie.

« Chaque mois, on accueille de jeunes patients qui nouent un lien particulier avec les chevaux. Ces animaux, réputés pour leur bienveillance envers les humains, sont beaucoup utilisés en centres de rééducation. C’est génial de travailler avec eux ! Nos ânesses, par exemple, quand elles sont en présence d’une personne handicapée aux gestes assez brusques, restent le museau posé sur le genou de la personne en fauteuil roulant qui la caresse même maladroitement. Elles se laissent faire et apportent ainsi du réconfort. »

Hipipique, hourra !

« S’occuper d’un cheval, c’est forcément une passion que les enfants peuvent partager, ici à Cadichon, entre amis. C’est tellement gratifiant de les voir souriants et épanouis ! Ce lien d’amour, je le vois également chez beaucoup de propriétaires de chevaux qui ne les montent pas mais se baignent avec eux, le week-end, en famille. »

Cette notion d’investissement personnel, Aodrena l’incarne avec une telle gaieté qu’on entend souvent les petits cavaliers chanter : « Moi, je monte à chevaux, oh, oh ! »

« La notion de bien-être animal est émergente. Peut-être que l’ouverture du ranch y a contribué. En tout cas, j’ai plaisir à le croire ! »

¹ Ensemble du bétail d’une ferme

Gaëlle Poyade

Rédacteur

©Photos : Gaëlle Poyade et Jean-Marie Gravot pour Femmes de Polynésie

Pour plus de renseignements

Facebook

À découvrir également :

Partagez Maintenant !

Newsletter

Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir du contenu de qualité

* En cliquant sur VALIDER, nous attestons que l'adresse mail ne sera utilisée que pour diffuser notre newsletter et que vous pourrez à tout moment annuler votre abonnement.