Marie Noëlle : sa lutte contre les violences faites aux femmes

Publié le 16 juin 2022

Lors de la journée « Vahine, tu as des talents » qui s’est déroulée le 20 mai 2022, l’Union des Femmes Francophones d’Océanie (UFFO-Polynésie) a souhaité mettre en avant 8 Poerava. Ces Polynésiennes ont été distinguées parce qu’elles sont inspirantes pour les autres par leur personnalité, leur engagement. Femmes de Polynésie vous invite à découvrir leur portrait.

Par son engagement exceptionnel, sa détermination à venir en aide aux femmes victimes de violences à la Presqu’île de Taiarapu, Marie Noëlle est devenue celle à qui on se réfère le plus souvent pour parler de ce sujet.

Si l’association Vahine Orama Tahiti Iti a été créée en 2010, en réalité l’action personnelle de Marie Noëlle a commencé beaucoup plus tôt. Très jeune, elle a été confrontée à de la violence dans son entourage et du fait de cette expérience douloureuse, elle a souhaité apporter sa contribution en faveur de toutes les personnes victimes de violences physiques et psychologiques. Les valeurs transmises par ses parents, notamment l’action de sa mère, ont été des bases, mais en fait l’amour des autres est dans sa nature. Dans son action quotidienne, 24h sur 24 selon son mari qui la soutient depuis toujours, elle peut aussi compter sur les bénévoles de l’association.

Issue d’une famille d’agriculteurs modestes, sa scolarité a été courte et son action hors cadre institutionnalisé, guidée par le cœur, ont fait que longtemps elle n’a pas été reconnue, voire dénigrée. Mais sa persévérance et la réalité de ses interventions ont forcé la reconnaissance de son travail de terrain et de sa place essentielle dans le dispositif d’intervention auprès des femmes victimes de violence. La commune lui a affecté un local à la mairie, la gendarmerie et la justice la considèrent comme une interlocutrice à part entière, les partenaires sociaux collaborent avec elle. Et elle-même a compris que sa place irremplaçable et indispensable est celle de la proximité, de l’aide immédiate pour accueillir les victimes, pour écouter et rassurer, informer sur leurs droits afin de leur permettre de choisir quelles voies prendre entre la protection, la réparation en déposant plainte et le changement de vie. Après cette phase au moment de la crise, l’Association peut passer le relai et faire le lien entre les uns et les autres.

« La violence naît au sein des couples et des familles. On ne se parle pas. On cache ce qui ne va pas, on donne des coups et après on regrette et on parle. Les femmes veulent être heureuses mais les problèmes avec le conjoint et l’entourage compliquent la vie. La cohabitation forcée avec la famille, la situation précaire, le manque d’argent et de terres familiales accentue la problématique. »

Elle parle souvent de la jalousie existante dans les couples, du désir de contrôle et de possession de l’autre, signes d’absence de respect de l’autre.

Pour continuer son action et surtout la prolonger, Marie Noëlle demande plus d’aides. Accueillir les femmes victimes et leurs enfants dans son propre foyer ne peut plus durer. La mise à disposition de locaux publics vient concrétiser ce « rêve » d’avoir une vraie structure d’accueil à la Presqu’île.

Femme de cœur et de conviction, Marie Noëlle a depuis longtemps un engagement sans limite pour donner de l’attention, de l’amour et mettre en confiance. Sa force elle la puise aussi dans sa foi, dans la nature autour d’elle. Du reste, elle est toujours couronnée !

Pour ces raisons, nous considérons que Marie Noëlle est une femme remarquable.