Marie-Lou Bontemps, une fervente défenseuse des baleines
À 25 ans, Marie-Lou Bontemps s’est engagée dans la protection des cétacés, notamment des baleines, au sein de l’association Oceania. En plus de participer à divers projets, elle occupe la fonction de responsable communication et vulgarisation scientifique. Marie-Lou se confie à Femmes de Polynésie pour nous parler de son engagement en faveur des baleines.
S’engager pour la préservation de la biodiversité marine
Membre de l’association Oceania, Marie-Lou Bontemps participe activement depuis quelques mois à différents projets lancés en faveur de la protection des cétacés, en particulier des baleines. Il faut toutefois remonter à une partie de son enfance à Wallis-et-Futuna pour comprendre ce fort engouement pour la préservation du milieu marin et de sa biodiversité.
« Ma vie à Wallis-et-Futuna a eu une influence sur mon parcours, sur cette île, j’ai pu découvrir toute la beauté de la biodiversité marine. Mais j’ai également été témoin d’évènements destructeurs de celle-ci comme certaines techniques de pêche utilisées à l’époque, notamment la pêche à la dynamite, qui ne détruisaient malheureusement pas que les bancs de poissons mais tout un écosystème. Depuis, j’ai toujours grandi avec l’idée en tête de protéger cette biodiversité. »
Responsable communication et vulgarisation scientifique
Elle décide naturellement de poursuivre ses études dans le domaine de la biologie marine. Après une licence Sciences de la vie en 2019 suivie d’un master en biologie marine en 2021, elle vient rejoindre son père au Fenua et s’engage peu de temps après au sein de l’association Oceania.
« Je m’occupe de la communication ainsi que de la vulgarisation scientifique. Mon travail est de transmettre nos savoirs, comme les résultats ou rapports de nos études, et de les rendre accessibles à tout le monde. Pour cela, j’utilise au quotidien différents types de supports comme les réseaux sociaux, les affiches ou encore notre site internet. Je porte en réalité plusieurs casquettes au quotidien. En saison, je prends aussi part aux projets d’études pour récolter de la donnée sur le terrain. J’ai notamment participé au projet Paruru pour lequel l’association Oceania, en collaboration avec la DIREN, participe au recensement des baleines à bosse au sein du sanctuaire polynésien. »
Communiquer sur le rôle des baleines dans la lutte contre le réchauffement climatique
La communication des travaux sur les baleines est justement cruciale pour les protéger.
« Je pense qu’il est important de communiquer nos savoirs de manière simple à tout le monde car nous sommes tous concernés par les grandes problématiques actuelles. Si je prends l’exemple du réchauffement climatique, les baleines sont clairement une solution pour lutter contre celui-ci, et pourtant peu de monde le sait. Elles sont des puits à carbone tout aussi importants que la forêt amazonienne. Aujourd’hui, les baleines à bosse en Polynésie française sont encore considérées en danger par l’UICN. Si on ne les préserve pas, elles finiront par disparaitre. Tous nos projets tournent donc autour de la protection et la conservation des baleines et des cétacés. Il est important pour moi de faire comprendre au grand public ce qu’il se passe et que l’on peut agir ensemble pour améliorer la situation. »
Un travail de sensibilisation à long terme
La tâche s’annonce toutefois difficile malgré les bonnes volontés au sein de la population locale.
« Sensibiliser tout le monde prend du temps, on a un rôle important à jouer sur plusieurs années. Certaines personnes sont très concernées, d’autres le sont moins. Les personnes motivées nous demandent ce qu’elles peuvent faire pour s’impliquer et devenir acteurs de la protection des cétacés. On en retrouve de plus en plus à nos côtés dans nos différents projets. On a d’ailleurs des échanges très constructifs lorsqu’on est amené à rencontrer la population dans le cadre de nos projets. On réalise alors que nos messages sont hyper bien reçus. »
Les enfants scolarisés : porteurs de message pour la préservation de la biodiversité marine
Outre la communication auprès du grand public, Marie-Lou intervient aussi activement avec les autres membres de l’association Oceania dans les établissements scolaires du Fenua.
« On fait beaucoup d’interventions dans les écoles, les collèges et les lycées pour parler des cétacés mais aussi des principales menaces comme les collisions avec les navires, la pollution sonore, la pollution plastique, … On intervient également de temps en temps à l’Université de la Polynésie française ainsi qu’à la station de recherche Gump de Moorea ou encore au CRIOBE. On vise surtout un public jeune car ce sont eux les futurs acteurs de notre planète, mais aussi parce que les enfants peuvent sensibiliser leurs parents à leur tour. »
L’importance de communiquer sur ses travaux scientifiques
La jeune femme est désormais épanouie et semble surtout avoir trouvé sa voie.
« J’aime ce que je fais. Je me suis toujours dit au cours de mes études scientifiques en master que je ne voudrais pas faire uniquement de la science dans mon futur métier. Selon moi, quand tu es un scientifique, tu t’enfermes dans un monde. J’avais l’impression de ne travailler que pour moi, de ne servir personne. Pour moi, travailler dans une association, c’est être au plus près de la population. On se rend compte au quotidien qu’en allant vers les gens, en partageant nos connaissances, ils comprennent l’importance de nos actions. Et le plus beau, c’est qu’ils se rendent compte qu’ils peuvent aussi être acteurs. »
Pour conclure, Marie Lou aimerait adresser un message à la population locale :
« Je pense qu’il faut que les gens s’impliquent encore plus dans les associations locales, notamment celles qui militent pour la protection de l’environnement. C’est une problématique mondiale, nous sommes tous individuellement concernés. J’aimerais aussi que les jeunes viennent davantage à notre rencontre et qu’ils voient ce que l’on fait au quotidien au sein de notre association Oceania. Je suis convaincue que nous avons beaucoup à apprendre mutuellement les uns des autres, et qu’ensemble, nous serons plus efficaces pour agir pour la protection des baleines de Polynésie. »