
Sophie Girod croque la Polynésie avec ses figurines Ninon Tahiti
Installée à Tahiti depuis neuf ans, Sophie Girod façonne de jolies figurines colorées en hommage au peuple polynésien et à ses traditions. Pour Femmes de Polynésie, elle ouvre les portes de sa maison et évoque l’univers Ninon Tahiti qui ne cesse de s’agrandir.
La naissance des « Pollys » Ninon Tahiti
Les petites Polynésiennes Ninon Tahiti naissent par hasard il y a cinq ans. Sophie Girod anime alors un atelier créatif pour enfants et s’amuse à modeler de petits personnages avec de la pâte polymère, en leur ajoutant une fleur dans les cheveux. Une amie commerçante lui suggère de les agrandir et de les vendre.
« À l’époque, elles étaient minuscules et je faisais deux trous pour faire les yeux. Jamais je n’aurais imaginé que cela pourrait plaire. Les cinq premières ont été vendues très rapidement. Noël approchant, mon amie m’a conseillée de proposer des crèches, car il n’y en avait pas sur le marché. Tout est parti comme des petits pains. Et là, j’ai eu un déclic. »

Se documenter pour mieux représenter
Sophie puise dans les livres la richesse de la culture polynésienne pour mieux la représenter.
« Je m’informe, je regarde des livres et des documentaires. J’ai besoin d’être sûre de ce que je fais. Le dernier livre que j’ai acheté concerne l’architecture tropicale de Tahiti. Cela me donne envie de faire des petits fare. J’adore aussi regarder les vieilles photos de Papeete. Cela me rappelle ma grand-mère qui était d’origine malgache. »
Dans la famille de Sophie, les traditions et les coutumes se transmettent. De nombreux récits bercent son enfance et des figurines colorées leur donnent vie.
« J’aimais beaucoup les histoires de Madagascar que me racontait ma grand-mère. C’était comme un rêve. Dans son salon, il y avait des personnages en bois représentés dans leur quotidien. Les vêtements étaient en tissu dans des tons très colorés. Une femme portait son bébé dans le dos attaché avec du tissu. Une autre pilait le riz et j’avais remarqué le détail des grains de riz collés au fond du mortier. Il y avait aussi un musicien assis par terre. Cela représentait une scène de marché. Ces souvenirs restent gravés en moi. »

S'inspirer de scènes du quotidien
Aimant les rencontres, Sophie Girod s’imprègne de l’ambiance du marché de Papeete et trouve l’inspiration dans les rues de Tahiti.
« L’idéal serait de créer des petites scènes complètes avec mes Pollys. J’aimerais voir comment on commence et on finit le tapa. J’aimerais voir comment on fait la teinture. Quand il y a des salons, j’y vais. J’adore aller sur le marché. Je croise une personne avec son habit coloré, la couronne de fleurs sur le chapeau. Je m’intéresse beaucoup aux gens. »

Assise à son bureau, Sophie roule la pâte polymère entre ses mains et crée environ une vingtaine de personnages par semaine.
« Je ne cherche pas toujours à reproduire la réalité. J’aime tenter de nouvelles choses. J’essaie de reproduire les carapaces de tortues en travaillant des nuances d’or, de rouge, d’ocre… L’encre à alcool apporte des nuances, de la profondeur. Je m’améliore avec le temps. »

Des figurines qui prennent vie
À travers ses personnages, Sophie souhaite rendre hommage à la culture polynésienne
« Je n’ai pas toujours les mots pour dire ce que je ressens, alors je crée. Je suis impressionnée par les Polynésiens. Mes petites Pollys m’ont éveillée à la richesse de leur culture. Je rêve et voyage avec elles. Je sens qu’elles me guident. Plus je travaille mes personnages, plus j’entre dans la tradition. J’aimerais partir à la découverte des autres îles… Rangiroa, Raiatea et les Marquises me font rêver. Je suis sûre qu’en allant là-bas, je serai beaucoup plus habitée dans mes créations. J’aime l’idée que les Pollys soient adoptées. Je les vois comme des personnages imaginaires qui prennent vie. Un peu comme des Menehunes, les petits esprits hawaiiens. Pour moi, les Pollys ont leur monde à elles. »

Rédactrice
©Photos : Laetitia d’Hérouville pour Femmes de Polynésie
Directeur des Publications : Yvon Bardes




