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    Portrait

    Moya, entre peintures et mélodies                                                                                                              

    Publié le 29 octobre 2024

    Moya est une artiste complète : elle dessine, peint, chante et joue de la musique. Maman de trois enfants et professeure d’arts plastiques, elle trouve toujours du temps pour ses passions. Femmes de Polynésie a rencontré cette vahine, qui expose à la Galerie Au Chevalet jusqu’au 31 octobre, aux côtés de Peka17 et Teraitua Yvon.

    Sur sa terrasse, dans son atelier à ciel ouvert, Moya nous reçoit, entourée de pinceaux et peintures. Malgré un emploi du temps chargé, l’artiste trouve toujours un créneau pour peindre. Cela l’amène souvent à travailler directement sur la toile, sans réaliser d’esquisses préliminaires.

    D’une maman docteur en chimie d’origine tahitienne et d’un papa popa’ā juriste, Moya grandit à Pirae, puis fait ses études en ville.                                

    Des tubes de peinture, des pinceaux, des toiles en finition dans un atelier à ciel ouvert pour laisser libre cours à l’inspiration

    « Je me souviens, on me demandait à la récré : ‘Est-ce que tu peux me dessiner un cheval, un dauphin ? En fait, j’ai découvert, tard et par hasard, que ce don me venait de ma maman ! »

    Des études dans le design

    À 17 ans, après son bac littéraire option arts plastiques, elle convainc ses parents de la laisser partir faire un diplôme d’art déco dans l’Hexagone pour devenir scénographe :                                                                                              

    « Mes parents étaient plutôt rigides, surtout mon papa en fait. C’est ma grande-sœur qui a ouvert les portes. Mon prof d’arts a insisté pour les rencontrer et leur a dit : ‘Votre fille est douée, vous ne pouvez pas la priver de cette opportunité. »

    Un compromis lui permet de rejoindre sa sœur à Bordeaux pour une licence d’arts plastiques à l’université. Mais, elle s’en détourne rapidement, trouvant l’enseignement trop abstrait. Elle opte alors pour un BTS arts appliqués en stylisme.

    « Le BTS, j’ai adoré. Je comprenais pourquoi j’étais là. Ensuite, je ne voulais pas rentrer et je me suis inscrite en licence 3 d’arts appliqués, en me disant que cette fois, à l’université, cela allait être plus concret. J’ai testé et j’ai abandonné… »

    Les plantes, son inspiration du moment

    À 22 ans, de retour au fenua, Moya envisage de créer sa marque de vêtements, monte son business plan mais… renonce en raison de son style qu’elle trouve trop “décalé” pour le marché local.

    « C’était un style particulier, un mélange de kitsch et de gothique, genre Tim Burton avec des tissus fleuris… »

    Elle expose quelques toiles, figuratives et abstraites en 2009 avec une amie, Marine Périnet, à la Maison de la culture.

    Des projets musicaux en filigrane

    La musique prend ensuite une place importante dans sa vie. Avec son groupe Veroia, elle chante dans les bars et restaurants et obtient, en parallèle, un poste de professeure contractuel d’arts plastiques. Puis elle se lance dans la réalisation d’un album de 13 chansons alors enceinte de son fils, suivie d’une tournée sur Tahiti.

    « J’ai sorti mon CD en autoproduction, Troubled. Ça parlait d’une période sombre, et la musique et le dessin m’ont permis de sortir ça. »

    Puis elle reprend des études à distance et décroche un master en 2015. Elle enseigne un temps au Centre des Métiers d’Art (CMA), avant de démissionner pour passer le Capes en 2016. Elle est alors enceinte de sa fille. 

    L’enseignement, un métier exigeant

    Depuis 2017, Moya enseigne l’art plastique aux classes du collège de Punaauia, un métier qu’elle trouve exigeant.

    « Ce n’est pas un métier facile. On nous demande beaucoup. C’est bien, mais parfois, c’est trop. Et les élèves sont devenus difficiles à gérer… »

    Une quête identitaire

    « J’ai été pendant longtemps dans une quête identitaire. Parce que mon père est français, ma mère tahitienne, et que, quand j’étais ici, je ne me sentais pas Polynésienne. Je voulais partir, en fait. Et quand je suis partie en France, je me suis rendu compte que je n’étais pas française non plus. J’étais là, mais qui je suis ? L’art m’a permis d’exprimer cet état. »

    Une couronne de fougères, futur dyptique en cours de réalisation pour l’exposition collective de la Galerie Au Chevalet

    Son travail artistique a évolué, Moya privilégie désormais les techniques comme les « pochoirs » naturels, et s’intéresse aux plantes, aux empreintes, aux taches, aux positifs et négatifs…

    « Actuellement, dans mes créations, j’ai abandonné l’idée d’avoir un message… Parce que dans mon master, justement il fallait absolument tout justifier. Cela m’a bloquée. Là, je fais juste ce qui m’inspire. Ce projet d’exposition collective m’a beaucoup stimulée. J’ai envie de peindre tout le temps. »

    Elle exposera également des créations de sa fille de sept ans, Ti’arama. Car dans cette maison, art et musique se côtoient, et Moya souhaite transmettre sa passion à ses enfants.

    Côté projets ? Tandis qu’une prochaine exposition collective se profile déjà pour juin 2025 avec d’autres amis, l’artiste pense aussi à revenir à la musique.   

                                                                                           

    Sa fille, Ti'arama, une future artiste !
    Aux côtés de Teraitua Yvon et PeKa'17 pour leur exposition collective à la Galerie Au Chevalet

    CL Augereau

    Rédactrice web

    ©Photos : CL Augereau et Moya pour Femmes de Polynésie

    Directeur des Publications : Yvon BARDES

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    L’album Troubles de Moya est disponible dans les magasins Carrefour et à Magic City !

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