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Portrait

Kahaia, une jeune maman fière

Publié le 13 juillet 2023

C’est à l’ombre de son foyer que Kahaia, jeune maman de jumeaux, accueille Femmes de Polynésie pour narrer son parcours. Remplie d’amour et de joie, Kahaia nous conte son histoire, une intimité dévoilée qui ambitionne une prise de parole positive sur la grossesse et l’accouchement, vers l’acceptation d’un corps qui change et le respect du choix de chacun. Une pensée qui incite au body positive, un mouvement pour l’acceptation et la reconnaissance de l’ensemble des corps.

« On est toutes belles et courageuses. »

DE CHOIX ET DE COURAGE

Jeune femme en devenir, Kahaia nous rencontre sous le vent de Mahina pour nous parler de son histoire. Son histoire, c’est celle de sa grossesse, qui a été écorchée par des paroles malveillantes, que cela soit par le canal des réseaux sociaux ou de l’entourage.

« À 17 ans, lorsque j’ai appris que je suis tombée enceinte, j’ai décidé de ne pas avorter. »

Et souvent, comme toute jeune fille qui fait un choix, celui-ci s’en voit retourné à son encontre, la dévalorisant avec des mots parfois sévères. Mais Kahaia ne se laisse pas faire, elle gonfle son courage, sa personnalité et ses valeurs pour ensuite les mettre en avant.

« J’ai commencé à publier des vidéos sur les réseaux sociaux pour toutes les jeunes mamans. »

Et sous un étendard de parole positive, elle déclame :

« Le jugement des autres, il ne faut pas faire attention. C’est ton corps et les autres personnes ne doivent pas te dire quoi faire ou ce qui devrait être bon pour toi car tu es la seule à le savoir. »

Du haut de ses jeunes années, Kahaia ambitionne son avenir avec certitude. Mais ici, nous nous laissons plutôt voguer par son parcours de jeune maman, plongée dans une société où la critique est facile derrière la non-fiction d’un écran de verre.

DES VALEURS FACE AU REGARD DES AUTRES

« Durant ma grossesse, j’ai eu beaucoup de messages et de critiques du fait que je ne travaillais pas et que j’étais jeune. »

Alors que cela fait quelques mois qu’elle est enceinte, les critiques ont le doigté facile sur le clavier tactile.

« J’ai été beaucoup rabaissée, qu’on ne pourra pas subvenir aux besoins de nos enfants, que l’on aura besoin de nos parents, etc. Alors que pas du tout. »

Kahaia s’est alors déterminée à faire passer un message à travers son histoire, et montrer que, malgré les préjugés, sa jeunesse n’empêche pas sa capacité à vivre avec autonomie.

« On se débrouille avec ce que l’on a et à leur donner ce dont ils ont besoin. »

Mais pas seulement ! Elle encourage les jeunes mamans à avoir confiance en elles à travers leur choix et le body positive. Toutefois, Kahaia tient à préciser ses propos :

« Je n’incite pas les femmes à tomber enceinte jeune. Ce que je souhaite partager, c’est le fait que les jeunes mamans ne doivent pas faire attentions aux critiques. Si en tant que jeune fille tu tombes enceinte et que tu décides de le garder, ça ne regarde que toi. »

« Lorsque je suis tombée enceinte, beaucoup de personnes m’ont dit qu’il ne fallait pas car ils disaient : “ton corps ne va pas être beau”, “tu vas avoir des marques”. »

Mais son corps de mère, Kahaia l’assume et incite les mères à ne pas en avoir honte. Qu’elles soient jeunes ou plus âgées.

« Et je suis contente d’avoir pu partager mon expérience sur les réseaux car j’ai pu aider des mamans qui attendaient des jumeaux également. Ça me fait plaisir de pouvoir aider les gens autour de moi. »

Cependant, les commentaires négatifs persistent mais n’ont désormais plus aucun impact.

« Je n’y fais plus attention car grâce à mes enfants, je suis devenue encore plus forte. »

Ils en deviennent même une force, un condensé d’énergie, dans le but de déchoir tous ces préjugés.

« Je ne vis pas pour eux, mais uniquement pour moi et mes enfants. »

« Aujourd’hui, j’ai des marques mais c’est ce qui fait que je suis désormais une mère. Et je reçois aussi des commentaires positifs de mamans qui se sentent moins seules, et me remercient car elles assument désormais leur corps. »

LE POST-PARTUM

Mais la grossesse et l’accouchement n’est pas une expérience facile pour toutes les femmes, et peu de choses sont à dites à ce sujet. Ici, Kahaia se confie.

« J’ai eu beaucoup de nausées qui m’ont fait perdre 11 kilos et j’ai accouché à 7 mois. Au début, j’ai été hospitalisée et je demandais à les faire sortir mais ils ont refusé. C’est uniquement après avoir appelé une infirmière, qu’elle a remarqué que j’avais un problème aux reins et au foie. Ils ont donc déclenché l’accouchement immédiatement. »

Elle continue,

« J’ai eu mes enfants 4 jours après seulement et c’était dur. Je me sentais irresponsable parce que je ne pouvais rien faire. Mon conjoint était là pour s’en occuper mais c’était compliqué. »

Tous ces sentiments, ce tumulte intérieur que seule la voix de notre conscience entend, certaines mères le ressentent et parfois, ne le confie pas à autrui.

« J’ai ce sentiment où je ne me sens pas bien ; j’ai l’impression de les rejeter. La particularité avec les jumeaux c’est que lorsque les deux pleurent, je suis obligée de ne m’occuper que d’un et j’ai peur que l’autre enfant se sente rejeté alors que je les aime tous les deux. »

« Aussi, depuis que j’ai accouché je dors peu. J’essaye de faire des siestes car la fatigue est présente mais mon corps refuse. Il m’arrive aussi de pleurer sans raison. Mais je m’en remets assez vite car je sais que je peux le faire, que je suis forte et que je ne baisserai jamais les bras. »

Ce post-partum qui touche nombre de femmes mais pas toutes et ce, de manière différente, fait écho grâce à sa voix parmi les autres qui s’élèvent.

Une résonance qui appelle à l’amour inconditionnel.

« J’ai de l’amour à donner et j’ai des personnes à qui donner mon amour désormais. »

« Grâce à la maternité, je suis devenue plus responsable et malgré les préjugés, l’art d’être une mère n’a pas d’âge. Il faut avoir beaucoup d’amour à donner son/ses enfant(s) et surtout à soi-même : plus je m’aime, plus je me sens femme et plus j’aime mes enfants. »

Manutea Rambaud

Rédactrice

©Photos : Manutea Rambaud et Kahaia Izal pour Femmes de Polynésie

Yvon Bardes, directeur de publication

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