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Portrait

Isabelle Vahirua un message pour la richesse des plantes locales

Publié le 6 juillet 2023

Après 40 ans au service de la santé publique, Isabelle aurait pu prendre une retraite au calme bien méritée. Toujours le regard porté vers le futur, elle a fondé en 2013 son laboratoire « Hotu No’a No’a » qui vise avec des huiles essentielles et autres produits à mettre en lumière les richesses de la flore locale. Portrait d’Isabelle Vahirua, une femme qui œuvre dans le fa’a’apu et dans son laboratoire pour que nos plantes reprennent sens dans l’ampleur de leurs utilisations.

La chimie, une passion, un doctorat

C’est au Vanuatu qu’Isabelle, née à Tahiti, passe une partie de son enfance à partir de 8 ans. Entourée d’une végétation tropicale luxuriante, elle entretient une relation particulière avec les plantes. Plus tard, le lien s’éclaircira.

« Ma mère nous soignait exclusivement avec du ra’au tahiti. On était en bonne santé et j’étais très épanouie entourée d’arbres et de plantes. »

Ses études la mènent à Nouméa, où elle obtient son baccalauréat scientifique puis à l’Université de Montpellier, de là, elle revient sur le territoire avec un DUT de chimie. L’hôpital de Mamao suivi de l’Institut Louis Malardé lui ouvrent leurs portes et c’est là, pendant près de 10 ans, qu’elle va travailler dans les domaines de la biochimie clinique puis de la recherche.

« Puis un chercheur Japonais travaillant à l’Institut Malardé m’a repérée pendant que je participais aux recherches sur la ciguatera. Il m’a motivée à aller plus loin pour devenir chercheur. C’est grâce à lui que je me suis relancée dans les études supérieures. »

De retour à Tahiti, Isabelle crée en 1992 le laboratoire des Substance Naturelles à l’Institut Malardé. Elle y poursuit ses recherches et obtient son doctorat en Chimie Organique à l’Université de Montpellier avec une thèse sur les plantes aromatiques médicinales polynésiennes. Une recherche qui porte sur l’analyse chimique fine des huiles essentielles de 14 plantes locales, dont le Santal et le Miri.

« Je suis issue d’une famille modeste et je ne me voyais donc pas faire médecine pendant de très longues années. Mais la chimie organique, qui est la chimie du vivant me rapproche de la médecine. C’est devenu une passion. »

Hotu No’a No’a

« La science vient souvent confirmer les usages, et parfois la toxicité des plantes médicinales. Les Tahua ra’au connaissent très bien les plantes. »

Comme le confirment les études entreprises notamment par Isabelle, il existe un fort potentiel local sur l’utilisation des plantes polynésiennes dans le domaine de la cosmétique, l’alimentaire et dans le domaine médicinal.

« Il manque un développement de la filière. Il manque la ressource première. Il faut qu’on cultive beaucoup plus certaines plantes comme le Miri Tahiti. »

Dès sa retraite en 2012, Isabelle monte un petit laboratoire dans le but de valoriser les différentes richesses que la flore locale présente.

« Je fabrique des huiles essentielles à base de moto’i (ylang ylang), de Miri (basilic)… Ces plantes présentent un réel intérêt auprès des professionnels du parfum. »

C’est un peu partout sur l’île, mais majoritairement sur son terrain de Mataiea, qu’Isabelle trouve ses plantes. Aujourd’hui dans une optique de développement, elle ne peut pas assurer la totalité de la production de ses ressources sur son terrain.

« Très prochainement, j’agrandis mon exploitation avec une parcelle à Atimaono. Cela-dit, Atimaono ne couvrira pas tous les besoins. Pour diverses raisons, ces huiles essentielles sont très prisées par les parfumeurs professionnels. Elles sont donc très certainement exportables internationalement. »

Avec Hotu No’a No’a, la chimiste assure les 3 étapes essentielles à sa petite entreprise. La production des plantes, la distillation et la création d’un panel de produits à base de plantes locales comportant les huiles essentielles, les eaux de parfums et les huiles de soins.

Les richesses de nos jardins

« Ici, nous avons un miri qui est très intéressant. Le miri tahiti est différent du miri citronné car il contient des esters.  On introduirait un nouveau produit dans l’industrie de la parfumerie. »

Un exemple qu’elle nous donne parmi d’autres et qui vient renforcer sa passion pour ces plantes un peu oubliées des agriculteurs.

« Il y a aussi le Moto’i, qui pousse facilement et qui détient de nombreuses propriétés intéressantes. Son huile essentielle a notamment des vertus relaxantes. »

Et c’est sans retenue qu’Isabelle nous livre ce qui alimente sa passion pour les plantes et la chimie.

« Il n’y a jamais assez d’arbres ou de plantes. Il ne faut pas hésiter à cultiver des plantes locales car elles font partie de la richesse de notre pays. Que ce soit le Santal, le Tamanu, le Miri et le Moto’i, elles nous veulent du bien. »

Niuhiti Gerbier

Rédacteur

©Photos : Isabelle Vahirua pour Femmes de Polynésie

Yvon Bardes, directeur de publication

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