Delphine Viollet, une bulle d’oxygène au Fare Lymphéa
Femmes de Polynésie rejoint Delphine Viollet, qui est à l’origine du Fare Lymphéa, un lieu où elle pratique le drainage lymphatique1 et la madérothérapie2. Le souffle paisible du mata’i puiau3 berce nos échanges en cette fin de journée. Nous écoutons Delphine se confier sur son parcours et ce métier qu’elle exerce à l’aube de sa nouvelle carrière.
UN CHANGEMENT DE VIE RADICAL
Avant de devenir praticienne, Delphine était ambulancière, tout comme son père et son frère. Mais un jour, elle décide de tourner la page.
« Je crois qu’on avait fait le tour de notre métier. »
La fratrie vend l’entreprise familiale et Delphine entend parler pour la première fois du
drainage lymphatique, lors d’une conversation avec sa meilleure amie. Le concept l’intéresse et l’interpelle. Alors que sa curiosité ne cesse de croître, elle revient vivre en Polynésie, où elle a déjà passé deux ans, de 1997 à 1999.
« J’ai été piquée au tiare. J’aime la Polynésie, j’aime les Polynésiens. Mon fils est né ici. »
Quelques mois après son retour, elle apprend qu’une formation de praticienne en drainage lymphatique et madérothérapie est disponible sur Tahiti. Elle s’inscrit le dimanche soir, et commence son instruction le lendemain matin. Elle obtient sa certification et se passionne pour cette pratique.
« C’est un réel apprentissage, un vrai métier pour lequel je suis certifiée. »
Ainsi, la reconversion professionnelle de Delphine commence.
« Toutes mes copines et ma famille y sont passées, je ne voulais pas ouvrir mon espace sans être certaine de mes mouvements. »
LA CRÉATION D’UNE OASIS
Lorsqu’elle se sent assez en confiance, elle décide d’ouvrir son entreprise.
« Les six premiers mois, j’ai commencé sur ma terrasse. »
C’est finalement dans un petit fare qu’elle fait construire au fond de son jardin qu’elle choisit d’accueillir sa clientèle.
« Je voulais un espace qui me ressemble, qui soit à mon image. Qu’il soit comme je l’aurais souhaité si j’étais cliente, créer une bulle d’oxygène. »
Delphine met en place ce qu’elle désire être une véritable vague de bien-être, renseignant les femmes qui viennent la voir pour une séance ou des informations sur sa pratique.
« Les consultations sont gratuites. Les femmes peuvent donc décider si elles veulent prendre une séance, ou non. »
PRIVILÉGIER L’INDIVIDU
Lorsque nous interrogeons Delphine sur ce qu’elle préfère dans son métier, elle répond simplement :
« J’adore ce que je fais. Je prends un grand plaisir à me lever tous les jours et à rencontrer
toutes ces femmes. Je n’accepte pas beaucoup de clientes car je prends le temps pour le
relationnel. Après chaque séance, je souhaite savoir comment ça s’est passé autour d’un thé. »
Terina, une de ses plus fidèles visiteuses, nous confie également :
« Le must, c’est que après ta séance tu as droit à un tea-time. Tu apprends réellement à
connaître Delphine, tu te sens privilégiée. »
Notre vahine aux doigts de fée a cependant des critères pour sa clientèle.
« Je n’accepte les jeunes filles qu’à partir de la puberté. Ma plus jeune cliente a 14 ans et la plus âgée 81. »
Elle nous exprime sa satisfaction, sans arrogance.
« Ma plus grande fierté, c’est ce que j’apporte aux femmes. Moi aussi, à un moment donné, j’ai eu besoin que l’on prenne soin de moi. Prendre soin de ces femmes, c’est prendre soin de moi. C’est un vrai moment de bonheur. »
Il lui arrive évidemment d’avoir besoin de se ressourcer.
« Il y a des moments où je dois me décharger. Je m’ancre à la terre, je me nettoie dans la mer. »
DES SOINS COMPLÉMENTAIRES
Delphine, pour qui le bien-être de ses clientes est la première priorité, explique que sa pratique est avant tout un soin complémentaire.
« Je n’irai jamais à contre-sens de la santé. Ce n’est pas parce que je suis reconvertie dans
le soin naturel et holistique que je suis contre la médecine . »
Au cœur de l’oasis, elle s’évertue principalement à apaiser un mal qui est parfois plus
profond.
« Je m’occupe aussi des femmes enceintes. La grossesse ça peut être un moment
douloureux pour le corps. Lors de ces séances, je ne touche pas le ventre de la future
maman. Dans le cadre d’un cancer, je demande le certificat médical de l’oncologue. J’ai mis
en place un soin spécialement pour l’endométriose. Elles viennent tous les quinze jours et
ça leur soulage les douleurs. J’ai l’honneur aussi de m’occuper de femmes atteintes de
lipœdème ou lymphœdème afin de soulager leurs maux. »
En plus du drainage lymphatique, le Fare Lymphéa propose de la madérothérapie. Terina, présente tout le long de notre entrevue, tient à nous partager son expérience.
« Je fais beaucoup de sport et depuis que j’ai testé la méthode de Delphine, je suis accro ! Aujourd’hui, j’ai trouvé ma praticienne. Ça se ressent sur mon sommeil, ma manière de bouger, de prendre soin de mon corps. J’ai amélioré ma façon de vivre. La madérothérapie, ça peut faire peur, parce qu’elle sort plein d’outils ! Mais entre les mains de Delphine, vous pouvez avoir confiance. »
Ainsi se conclut cette rencontre avec Delphine Viollet qui, une tasse de thé à la main, nous raccompagne vers le monde extérieur.
1 Les personnes et les pratiques autour du faʼaʼamuraʼa, les pratiques traditionnelles d’adoption ouverte, de confiage et de don d’enfant en Polynésie française.
Rédactrice
©Photos : Cartouche et Delphine Viollet pour Femmes de Polynésie
Directeur des Publications : Yvon BARDES
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