Hinarii Fashion Tahiti : la mode décadente pour tous
Dans la ville de Papeete, le goudron à peine chauffé des rayons matinaux se confond à la
bruine intempestive de la saison des pluies. Et ce sont entre deux averses que Femmes de
Polynésie se réfugie chez Hinarii, créatrice des sacs hexagonaux.
Nous retrouvons cette femme aux nombreux talents qui suit son parcours avec entrain et
originalité, sans jamais s’arrêter.
ALORS, QU’EN EST-IL ?
Nous connaissons déjà Hinarii pour ses ceintures sur-mesure et ses cravates en macramé.
Aujourd’hui, elle nous présente ses nouvelles créations.
« Ça a commencé en 2021 lorsque j’ai découvert les sacs hexagonaux. Je me suis inspirée d’un
article qui existe déjà en modifiant les dimensions mais aussi en amenant cette touche locale. »
Au début, ce sont les pochettes qui s’enchaînent, puis la complexité l’absorbe pour devenir un
succès.
« J’ai vendu quasiment 300 pièces uniques et depuis, je ne m’arrête plus. »
Et ce qui démarque Hinarii, c’est la personnalisation totale de ses sacs.
« Tu peux choisir le tissu, l’habillage, le nombre de poches, le format… J’ai fait ce choix parce
qu’on ne trouve jamais un sac comme on le souhaiterait, il y a toujours quelque chose qui ne
va pas. »
Mais aussi cette empathie envers les objets qui peuvent devenir sentimentaux.
« Je garantis à vie mes sacs car souvent, c’est un cadeau qui nous tient à cœur et on ne veut
pas le jeter. »
Elle n’oublie toutefois pas ses éternelles productions de bijoux en macramé, ainsi que ses
ceintures.
« Depuis que je me suis lancée sur TikTok, mon entreprise se voit un peu plus dans le monde.
Par exemple, j’ai des abonnés en Californie, au Japon et en Chine. Et certains me proposent
d’aller exposer dans leurs pays avec mes sacs. »
Créatrice touche à tout et autodidacte, Hinarii apprend sans cesse et c’est récemment qu’elle s’est mise dans une activité qui lui tient à cœur depuis l’âge de ses 12 ans : le massage traditionnel.
« Je fais ma formation pour le taurumi que je pratique désormais. J’ai déjà quelques
commandes mais je préfère masser principalement des femmes. »
L’INSPIRATION DANS LE QUOTIDIEN
L’inspiration est un souffle imperceptible, mais lorsque l’on arrive à saisir cette corde invisible,
ce sont dans ces instants de latence que la création se profile.
« J’essaye de me diversifier pour ne pas faire la même chose que les autres. »
Toutefois, n’oublions pas que la naissance d’une œuvre tire son origine d’une réalisation
présente.
« Je m’informe du monde de la mode, je regarde les défilés, les magazines locaux sur ce qui se
fait chez nous. Je regarde ce que tout le monde porte. »
Mais parfois, l’inspiration vient à manquer, elle s’échappe comme une brise matinale et ce sont
des balades en ville qui lui insufflent les idées.
« Quand je fais mes courses le week-end, je regarde ce que les gens portent, les couleurs,
l’association des matières. Je prends un peu de tout pour rassembler en un seul. »
« Et puis dès fois, il m’arrive de ne pas avoir d’idée durant une semaine, alors je fais autre
chose. »
Nous dirions que Hinarii impose son style pour se différencier des autres. Toutefois, celle-ci
ajuste la pensée : « Je dirais plus que je propose mon style. Les gens ne sont pas obligés
d’aimer, mais ils ont accroché pour l’originalité. »
« Il y a tellement de choses à faire ici. Parfois j’ai des jeunes qui viennent me voir et me
demandent comment j’ai fait pour me faire connaître. Je leur réponds : je ne suis pas celle qui
suit le courant de la mode. »
LA PASSION DE L’ENTREPRISE ET DES PROJETS
« Il faut vraiment être passionné et faire quelque chose d’autre que les gens n’osent pas faire. »
Et sous ces paroles hardies, Hinarii conseille.
« On propose systématiquement de l’aide aux entreprises pour un tremplin rapide mais si rien
ne suit, c’est la cata. Il faut être patient, viser bas et grandir au fur et à mesure. C’est le mieux
à faire je pense. »
Puis incite.
« Il y a tellement de choses à faire ! Démarquez-vous et faites différemment. »
« Ceux qui ont un projet en tête, il ne faut pas démissionner tout de suite et se lancer. Il faut y
réfléchir minimum 6 mois, 1 an en se posant 3 questions : pourquoi je vais faire ce projet ? Qui
ça vise ? Et comment je vais le faire ? »
Entrepreneuse enthousiaste, ce sont les yeux enflammés d’émotions qu’elle nous livre ses
conseils.
« Quand tu crées ton entreprise, il faut voir loin et ne pas seulement viser 2 ou 3 ans. Tu ne
vas pas raccrocher du jour au lendemain parce que tu es fatigué. Si tu as créé ton entreprise,
ce n’est pas uniquement pour gagner de l’argent mais parce que tu aimes ce que tu fais. »
« Quand bien même on te propose un poste intéressant, tu ne vas pas laisser tomber tes
clients. Tu ne peux pas habituer à un produit puis abandonner du jour au lendemain, c’est
dommage. Ou sinon, il faut déléguer le projet. »
Ainsi, ce sont avec ces dernières paroles que Hinarii nous laisse.
« Il faut être assidu et se faire un planning en fonction de tes préférences, de ton énergie du
matin ou de l’après-midi. Et surtout ! Ne pas oublier de prendre du temps pour soi. »