Titaua, rencontre sous les tropiques !
Février, un mois bien court pour le mois de l’Amour. L’histoire que Femmes de Polynésie vous propose aujourd’hui est une invitation au pays de Cupidon. Là-bas sont concoctés les plus incroyables rencontres. Notre idylle nous conduit dans le plus bel écrin du Pacifique : Bora Bora. Voici « Rencontre sous les tropiques avec Titaua. »
IL ÉTAIT UNE FOIS
Il était une fois, sur une île appelée Tahiti, naquit une petite fille prénommée Titaua. Elle vécut et grandit à Faa’a, dans un milieu modeste. Ses parents sont originaires de Tahiti issus de cultures Tahitienne, Française, Chinoise et Anglaise.
Seul le père subvient aux besoins de la famille, ils ne manquent de rien. Sa mère est femme au foyer. Elle est le pont entre la transmission de valeurs morales, ethniques, sociales, spirituelles et une éducation stricte où le respect, l’honnêteté, les bonnes manières, politesse sont de rigueurs.
« Elle m’enseigne la bonne tenue de la maison et tout ce qui va avec ! »
Pendant quelques années Titaua est une fille unique. Arrivera une petite sœur. Leur mère est doublement présente, protectrice, dans le contrôle mais aimante à la fois. Leur père travailleur se montrera plus discret, plus souple mais tout autant aimant. Les valeurs familiales sont importantes malgré les hauts et les bas de la vie.
Titaua fera toute sa scolarité sur Tahiti, « rien d’exceptionnel ! » dit-elle :
« Je ne suis pas une lumière, j’excelle dans certaines matières et dans d’autres moins… Je vais émettre le souhait de partir en France pour une école d’esthétique, mais cela ne se fera jamais…éloignement du cercle familial hors de question et moyens financiers trop importants engagés, donc non! »
Pourtant, dès l’âge de cinq ans, son père les emmènera en voyage, un grand voyage : Etats-Unis, Mexique, France …le goût du voyage est né ! Titaua occupera différents emplois. Sur Tahiti elle fera de la vente, du secrétariat. Mais très vite l’envie de partir se fait sentir. Dans son deuxième emploi, après sept ans dans une société fournisseur, audiovisuel, photographie et laboratoire de développement photos, elle démissionne et s’envole pour les Etats-Unis où elle séjourne quelques mois.
A son retour au Fenua, un poste sur Bora-Bora, dans une bijouterie de Perles lui est offert. Elle part vivre onze années « sur cette merveilleuse île ». Elle va y rencontrer de nouveaux amis, découvrir des métiers autour de l’hôtellerie, tourisme et la chanson dans les luxueux hôtels de l’île où elle se produit régulièrement, toute l’année en compagnie de musiciens tels que Eremona Ebb, Joël Marie, Herenui Teriitehau.
« Je sors un album “De l’ombre à la lumière”, deux vidéos clips qui seront diffusés sur les ondes TV, participation à l’émission “ neuf semaines et un jour”..J’en garde des souvenirs inoubliables! »
Aujourd’hui elle vit sur les Etats-Unis, elle suit son mari qui travaille dans le transport. Sa vie, dans ce camion de 40 tonnes lui a permis de découvrir les 48 Etats. Elle vit au gré des saisons, des kilomètres, des paysages désertiques, montagnes, canyons, plaines, vallons, “Amérique profonde”, grandes villes, lumière, coins paumés, historiques, culturels, Ethniques, jamais au même endroit : « Ainsi va ma vie ! »
« Je suis connectée au monde grâce à Facebook où je partage ma vie. »
LE PRINCE CHARMANT
Elle a adhéré à une compagnie Américaine de cosmétique, qui aide les femmes et enfants victimes d’abus sexuels. Alors pourquoi cette vie ? Pour le savoir, il faut remonter à l’âge de ses seize ans où la vie va mettre sur son chemin un être spécial, de par ses origines, sa vie, son histoire, son parcours…
Nous sommes dans les années 1980, au lycée Paul Gauguin, un jeune garçon vient d’arriver sur Tahiti, par la mer en voilier. Il souhaite apprendre le français et rencontrer des jeunes de son âge, lier des amitiés. Il ne parle pas le français mais l’anglais. Rapidement, Il attisera la curiosité, ce n’était pas commun, d’ailleurs, il était le seul “Ricain” du lycée garçon. Elle se souvient aussi d’une jolie blonde aux yeux bleus de la même origine qui était aussi au lycée cette même année. Ils sont tous devenus des amis.
Pourtant, il lui avouera qu’il « l’aime bien »…plus que les autres filles du lycée. Quelle surprise pour Titaua ! Ils passeront du temps ensemble, il fera la connaissance de ses parents qui « garderont un œil sur nous tout le temps ». Leur petite romance d’adolescence prend un tournant et une fin rapide lorsque le père décide de partir, car la saison cyclonique arrivant, il préfère s’éloigner de la Polynésie.
« C’est donc avec larmes et profonde tristesse que nous nous sommes dit “aurevoir” sur la plage des Cigognes, devenue les Jardins de Paofai..lui, promit de revenir ….pour m’épouser.. Moi, je me suis dit que je ne le reverrai plus jamais ! »
Elle a regardé voguer leur voilier jusqu’à la passe et au-delà jusqu’à ce qu’il devienne un point dans le lointain… Plus de vingt-cinq années vont passer.
« Un jour, alors que je vis encore sur Bora-Bora, je reçois un courriel qui comportait deux mots “Hi Titaua”… c’était Lui ! »
Après leur départ de Tahiti et bien des péripéties avec le voilier, il avait fait sa vie sur l’île de Big Island Hawaii. Cela faisait au moins plus de dix ans qu’il tapait le nom de Titaua sur internet, en vain…jusqu’au jour, grâce à son site de musique de l’époque, il l’avait retrouvé !
Leurs échanges via le net et le téléphone la conduiront deux mois plus tard à prendre son billet pour aller le voir sur son île. Il vivait dans la forêt sur trois hectares de nature, de silence, de chant des oiseaux…
« La vie, après toutes ces années nous avait réunis…lorsqu’il me dit un matin “Epouse-moi” …j’accepta. C’était une évidence. Il vivait seul et moi aussi, bien sûr nous avions nos histoires respectives. Pourtant, lorsque nous nous sommes retrouvés, c’était comme si nous reprenions tout, juste où nous l’avions laissé vingt-cinq ans auparavant ! »
ET ILS VÉCURENT HEUREUX
Depuis sa vie est ponctuée de rebondissements ! Vivre dans une forêt tropicale sur l’île aux volcans, en appartements, maisons, voilier et camion sur les routes américaines ! Elle n’aurait jamais imaginé que cela lui arriverait un jour..”Je reviendrai, m’avait-il dit sur cette plage au sable noir dans Papeete…et je t’épouserai!”..
Quels sont leurs projets ? A court termes, continuer à faire équipe, non seulement dans la vie de couple mais professionnel également. Conduire ensemble ce gros camion pour, pourquoi pas, devenir guides touristiques. A moyens et longs termes, se mettre au vert revenir vers les îles Tahiti ou Hawaii. Cultiver leurs terres, vivre des produits frais de leurs cultures, les partager avec autrui.
Il paraît évident que par son parcours personnel et professionnel, les choix de vie de Titaua, l’ont mené à être un moment à un certain endroit, apprendre, découvrir, aimer, quitter, partir pour autre chose…
« J’espère rester authentique, moi-même. Lorsque nous échangeons sur nos îles avec les personnes ici aux Etats-Unis, je suis surprise de constater qu’ils ne savant pas où situer Tahiti. Tu leur cites, Bora-Bora, ils voient déjà mieux ! Leurs yeux s’écarquillent de bonheur, ils rêveraient de la découvrir ! Pour les rares personnes qui connaissent un peu mieux, ils en gardent un souvenir idyllique mais cher… »
Des Etats-Unis où elle vit aujourd’hui, elle se dit qu’il y a beaucoup à faire au fenua, notamment en matière de recyclage, tri des déchets, préservation de l’environnement…Elle espère que le savoir-faire de nos artisans locaux perdurera…Elle s’interroge également sur notre jeunesse : « s’intéresse-t-elle à ce savoir-faire ? » Elle n’en est pas certaine ou peut-être un petit nombre ? Est-ce que la transmission existe vraiment ? Elle le souhaite. Peut-être plus dans nos îles éloignées.
Quoiqu’il en soit, la femme Polynésienne a dû s’adapter aux changements, certaines plus aisément que d’autres, suivant leur milieu, la chance, les rencontres, les actions qui se sont présentés à celles-ci. Elle est active dans tout le sens du terme, mère, femme, épouse, entrepreneur, employée, femme au foyer. Elle vit avec son temps et son mouvement !
« Je souhaite lui dire “qu’elle est Belle et Unique”! Par son courage, sa force de caractère, par ce qu’il transparaît d’elle à travers l’Histoire, son vécu. Je lui dis “quoique l’on fasse, on apprend toujours, on gagne c’est sûr, on ne perd jamais ! Merci ! »
Jeanne Phanariotis
Rédactrice web
© Photos : Titaua Aros-Castel