TIMERI : L’EXPRESSION DE SOI PAR L’ART
Timeri, jeune entrepreneuse polynésienne, laisse aujourd’hui libre cours à son imagination et s’exprime au travers de la poterie. Avec “un petit quelque chose”, elle souhaite redonner de la valeur à nos objets et à nos moments oubliés du quotidien, pour les mettre en lumière grâce à l’artisanat.
C’est au cours d’une journée ensoleillée que Femmes de Polynésie a eu l’occasion de témoigner de son parcours, à la découverte d’elle-même.
LA RECHERCHE D’UN ÉQUILIBRE
Timeri grandit à Tahiti, dans la commune de Mahina. Depuis son plus jeune âge, elle ressent le besoin d’exprimer des choses sans réellement savoir de quelle façon ni sous quelle forme.
Après un baccalauréat littéraire, elle opte d’abord pour des études d’anglais, puis revient sur ses pas et entame des études de droit dans l’hexagone. Elle se spécialise dans l’environnement et le développement durable. Ce domaine lui plaît beaucoup, étant en phase avec sa volonté d’expression.
Rentrée sur le fenua en 2019, son diplôme de droit en main, elle travaille en tant que juriste. Immergée dans l’aspect pratique de son travail, Timeri se heurte à certaines contraintes et se sent incomplète autant personnellement que professionnellement.
« J’aimais bien, mais ne me sentais pas entière. J’avais l’impression d’avoir d’autres facettes de ma personnalité qu’il me fallait explorer. Il me manquait ce côté créatif. »
UN APPEL DE L’INCONSCIENT
Indécise dans ce climat instable et avide de se découvrir, Timeri est exhortée, sans doute par son inconscient, à faire de la poterie.
« J’ai fait un rêve un jour dans lequel j’avais les mains dans la terre, je faisais de la poterie. Ce sont des images qui sont restées gravées dans mon esprit. »
En se réveillant, elle tente d’abord de se raisonner, en vain. Cette idée la travaille et finit par s’imposer à elle. Elle suit donc quelques cours pour s’initier à cet art manuel.
« Dès que j’ai commencé à apprendre, je savais que j’allais me lancer. Quand j’ai une idée en tête, il faut que j’aille jusqu’au bout. »
Après cette initiation, elle continue à expérimenter en autodidacte, apprend à dompter la terre et lui donner les formes et couleurs qu’elle souhaite. Elle révèle ses premières créations en juillet. On compte notamment de la vaisselle, des tasses, mugs et assiettes, ainsi qu’autres objets de la vie courante, des vases ou porte-bijoux.
UN PETIT QUELQUE CHOSE
Aujourd’hui lancée depuis peu dans cette activité créative, Timeri découvre encore, au fil de ses créations, son métier, son style et la direction qu’elle veut prendre. Sa source d’inspiration, quant à elle, est très claire.
« Ma source d’inspiration principale reste la nature. L’environnement, les ressources naturelles, les forêts et les océans, mais aussi le corps humain. Mes créations convergent toujours naturellement vers ça. »
Timeri module la terre selon ses inspirations et prend plaisir à voir comment chacune de ses créations sort du four. La terre étant une matière naturelle particulière, on ne sait jamais comment elle va réagir à la cuisson, aux couleurs. Cette part de mystère, venant s’ajouter à la fabrication artisanale, rend chaque pièce unique.
« Je préfère me définir en tant qu’artisan céramiste, car l’aspect artisanal est très important pour moi. Ce ne sont pas juste des tasses. Ce sont des pièces qui ont été pensées, créées par quelqu’un avec soin et attention. »
LA PLEINE CONSCIENCE
Au-delà de leur fonction utilitaire, Timeri insuffle dans ses pièces une âme et une histoire, aspirant à ce que l’on soit plus conscient de la valeur de nos objets et actions du quotidien.
« J’aimerais qu’en prenant une de mes créations en main, les gens se posent et apprécient le moment présent, que ce soit un repas, un bijou dans un porte-bijou, ou un bouquet de fleurs dans un vase. »
La jeune artiste nous laisse sur ses paroles, témoignage de son saut de la foi.
« Le monde va très vite et c’est important de prendre le temps de s’arrêter et d’explorer les différentes facettes de sa personnalité, de les laisser s’exprimer. Quand on s’autorise à être soi-même, on permet à ceux qui nous entourent de faire de même. »