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Puatea Ellis, Femmes de Polynésie Photographe : Cartouche Louise-Michèle

Puatea Ellis : « Il faut se reconnecter à l’eau »

Publié le 14 avril 2025

Si cette entrevue se déroule face à la mer qui chante sous les rayons du soleil, ce n’est pas un hasard. Femmes de Polynésie rencontre Puatea Ellis, une vahine dont l’histoire est digne d’un roman, pétrie de vents et marées, d’écumes et de lumière.

UN DESTIN DE NAGEUSE

« Je suis Polynésienne, fière de ma culture,  bien dans ma peau et dans mon élément qui est l’eau. »

Voici comment Puatea Ellis se présente à nous. Elle est plurielle. Elle porte son identité avec amour et la partage avec ceux qui lui sont chers.

« Je suis fière de ma famille, je suis une maman et une épouse comblée. »

Lorsqu’elle est encore enfant, elle apprend à nager de manière académique.

Puatea Ellis Femmes de Polynésie

« Mon père m’a inscrite dans un club de natation à quatre ou cinq ans. »

À l’époque du CEP1, cette discipline est réservée aux membres inscrits et à leur famille.

« On n’était pas beaucoup de Tahitiens, mais on avait des facilités car on grandissait près de la mer. »

À l’âge de 8 ans, elle commence les compétitions, bat des records de temps et de distance, et voyage à travers le monde grâce au sport. Son entraîneur de l’époque la pousse à nager dans le lagon.

Plus tard, c’est dans les vagues que cette passion se traduit avec adrénaline.

« Mes frères étaient passionnés de surf, c’était normal pour moi de faire comme eux. »

Puatea Ellis Femmes de Polynésie

Lorsqu’elle a 16 ans, elle virevolte entre les Tahiti et les Tuamotu, archipel d’où est originaire son père. Là-bas, elle s’initie à la greffe de nacres perlières, à la chasse sous-marine et vit de la vente de ses poissons. Ce n’est que devenue femme, à 20 ans, qu’elle revient vivre à Tahiti définitivement.  

TROUVER SA PLACE

Aujourd’hui, cette mère de famille a construit sa réputation de nageuse, surfeuse et pêcheuse chevronnée. Cependant, son parcours n’a pas été limpide, en raison de sa personnalité atypique.

« Je suis quelqu’un qui ne rentre pas dans le moule. Il a fallu réfléchir pour comprendre comment vivre de ma passion. »

Elle intègre les sapeurs-pompiers de la ville de Punaauia à l’âge de 30 ans, mais ne se satisfait pas de ses missions.

Puatea Ellis Femmes de Polynésie

« Je voulais seulement évoluer dans le secours aquatique. »

Ce qui lui plaît, c’est être dans l’eau.

« Il a fallu que je me crée une place, que je crée mon métier. »

TRANSMETTRE L’AMOUR DE LA MER

Alors Puatea Ellis partage, sur ses réseaux, son amour inconditionnel de l’océan.

« Beaucoup de gens ne savent toujours pas nager, évoluer dans l’eau. Ça me fait mal au cœur car, depuis tout ce temps, ils n’ont pas pu profiter de ce bel élément, incontournable en Polynésie. Je suis là pour les accompagner. Voilà ce que je veux transmettre à mon peuple. »

Puatea Ellis Femmes de Polynésie

Ainsi, elle donne des cours particuliers, dans le lagon ou en haute mer. Parfois même à titre gracieux, pour le plaisir de partager.

« Mon but, c’est que je puisse leur apprendre en un court laps de temps, et qu’ils soient autonomes par la suite. »

LA SÉCURITÉ COMME MOTEUR

Évidemment, Puatea sait que la mer n’est pas toujours un fleuve tranquille.

« La sécurité, c’est important. C’est pour cela qu’il faut faire de la prévention. »

C’est pourquoi elle travaille avant tout la symbiose avec l’élément pour les personnes novices.

Puatea Ellis Femmes de Polynésie

« Être confiant dans les vagues, travailler le dépassement de soi. Se laisser flotter, enlever les appréhensions, ressentir la connexion avec l’eau… »

Pour elle, nager, ne faire qu’un avec les vagues et les courants, c’est bien plus qu’un sport.

« Il y a évidemment une dimension sportive, mais également culturelle et environnementale. C’est thérapeutique, il y a une notion de bien-être et de santé. »

Et surtout, si l’on s’en donne les moyens, l’eau redevient primaire, instinctive.

Puatea Ellis Femmes de Polynésie

« L’eau, c’est un élément que l’Homme ne connaît plus. Avant de naître, on passe neuf mois dans un liquide ; il ne faut pas l’oublier. Il faut se reconnecter à l’eau. »

SOLIDARITÉ AVANT TOUT

Sa démarche est culturelle, mais aussi personnelle et collective. Son rapport à l’eau la connecte à la fois au présent et au passé de son peuple.

« Mes ancêtres, je les sens en moi. Ils sont ceux qui ont traversé l’océan d’île en île. »

Si Puatea Ellis n’entre pas dans les stéréotypes que l’Occident se fait de la femme polynésienne, c’est parce qu’elle incarne une vérité qui lui est propre. Briseuse d’archétypes, elle vit son identité sans s’inquiéter des standards imposés par le regard étranger.

Puatea Ellis, Femmes de Polynésie Photographe : Cartouche Louise-Michèle

« J’ai eu besoin de m’entourer de femmes à un moment donné. Entre nous, il faut qu’on s’entraide, qu’on se soutienne. La vie, elle est ce qu’elle est, elle est belle… Il faut qu’on arrive à se soutenir, chacune sur un piédestal. »

Par ces mots, elle nous rappelle la beauté de la solidarité humaine, mais également celle des femmes entre elles. Si Puatea Ellis en est capable, nous le sommes toutes.

Centre d’expérimentation du Pacifique. Organisme aménagé en 1964 à Papeete et comprenant les sites de tir de Mururoa et de Fangataufa, où furent réalisées, de 1966 à 1996, les expérimentations nucléaires françaises.

Cartouche Louise-Michèle

Rédactrice

©Photos : Cartouche Louise-Michèle et Puatea Ellis pour Femmes de Polynésie

Directeur des Publications : Yvon BARDES

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