Véronique, professeure documentaliste et tellement plus
Le Centre de Documentation et d’Information se trouve au fond à droite dans la cour du collège Notre-Dame-des-Anges. Véronique de Mortillet semble étonnée par mon arrivée. « Pour parler de quoi? » Ce sont les autres enseignantes1 qui l’ont entraînée dans cette histoire. Mais puisque Femmes de Polynésie vient à elle, une fois la surprise passée, Véronique a beaucoup à partager ! Elle déborde de passions et transmet ses connaissances en prenant le temps, sans jamais forcer les choses ni les êtres.
PASSIONNÉE D’HISTOIRE
C’est l’heure de la récréation, le CDI ne désemplit pas. Il y a le concours de dessin, le puzzle interactif, un travail sur la fleur de tiare. Les élèves vont et viennent, sollicitent Véronique, ravie de pouvoir les aider et de transmettre sa passion du livre, source de savoir.
Véronique se considère comme une « ancienne » : elle est arrivée au collège NDA il y a 28 ans. D’abord comme professeure d’histoire, puis comme documentaliste.
« Je suis une passionnée d’histoire ! »
Elle possède un DEA2 d’histoire de Polynésie et a écrit un livre : « Le parcours des soldats tahitiens lors de la Grande Guerre ». Quant à ses études en histoire et documentation, elles se sont déroulées à Rennes, c’était presque dans une autre vie, car la sienne est désormais ancrée en Polynésie avec sa famille.
AUTRES PASSIONS
Véronique pense être une personne ordinaire, mais derrière son regard bleu azur, son cerveau fourmille de passions !
« J’ai un D.U.3 de généalogiste. Je suis passionnée, même si je n’ai pas de racines polynésiennes. C’est un creuset incroyable, le monde entier se retrouve sur cette île ! »
Véronique se consacre exclusivement au 19e siècle, à la généalogie familiale et historique de Polynésie. Elle a participé en novembre dernier à un concours de généalogie en France, tient un blog, publie ce dont elle a envie et à son rythme, sans aucune recherche de notoriété.
« Il faut du temps. J’ai eu besoin de m’incorporer à Tahiti, d’y vivre depuis assez longtemps pour aborder son histoire. Je le fais avec sincérité et passion, et avant tout pour moi-même. »
C’est comme la photo. Une autre passion qui fait vibrer Véronique. Sur son parcours quotidien, son regard capte ce que les autres ne voient pas.
« Je pars en vadrouille, je marche beaucoup, et je ramène des photos de nature prises avec mon téléphone. Puis je les publie sur Facebook. Juste pour le plaisir ! »
Véronique aime les choses simples. Parce que trop de sollicitations sont source de stress et d’angoisse.
« On n’a qu’une vie ! Il faut faire ce qui nous plaît ! »
Véronique, personne modeste aux activités multiples. Elle est également présidente du foyer socio-éducatif qui offre des activités variées aux jeunes du collège, de l’atelier manga en passant par les cours de musique ou l’activité potager. Hors du collège, Véronique est aussi trésorière de l’AMTI4.
AU CDI
« Au CDI on n’a pas de classe, mais on travaille avec toutes les classes. C’est un endroit de passage, d’activités calmes, un lieu qui rassemble. »
Véronique œuvre en partenariat avec les enseignants sur divers projets, offre un soutien technique, travaille en groupe avec les élèves, s’investit dans leur orientation, forme des élèves délégués, gère aussi le prêt des livres.
« Certains élèves ne connaissent pas ou peu les livres et leur organisation. Ils sont habitués à surfer sur internet, gage de fluidité. Mais les livres offrent une structure. Si l’on concilie les deux supports, la pensée peut devenir à la fois plus aisée et plus méthodique. »
Une élève arrive et remet son dessin à Véronique pour le concours. Une œuvre soignée, créative, que la documentaliste fixe au tableau avec les autres dessins. Peu de mots sont échangés, tout passe par le regard, un flux de reconnaissance et de fierté.
«L’art entraîne des discussions entre les élèves, entre eux et moi. »
L’ancienneté de Véronique lui permet d’avoir une bonne connaissance de l’établissement et des personnes. C’est une richesse pour l’équipe éducative dotée de caractères différents mais solidaires. C’est comme une grande famille, une microsociété à l’échelle du collège.
« Le temps fait son œuvre, je ne brusque pas les relations. Si chacun fait sa part, tout peut fonctionner. On travaille ensemble, il faut se faire confiance et faire confiance aux autres. »
La récréation est terminée. Une classe arrive pour travailler au CDI. Véronique les accompagne. En prenant le temps, sans rien forcer, avec respect. Telle qu’elle est dans tout ce qu’elle fait.
Doris Ramseyer
Rédactrice
©Photos : Doris Ramseyer pour Femmes de Polynésie