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Culture

Coralie Perrin, archéologue sous-marine polynésienne

Publié le 19 juillet 2024

Née de parents polynésiens, mais adoptée en France, Coralie Perrin est l’une des rares Polynésiennes à se destiner au métier d’archéologue sous-marin. Sa fascination pour les richesses culturelles et environnementales de divers pays, qu’elle découvre pendant sa jeunesse à travers ses voyages, sa passion pour l’histoire et le patrimoine, ont guidé son choix. Sa volonté de reconstruire son identité polynésienne l’a également influencé. La jeune archéologue se confie à Femmes de Polynésie pour retracer son parcours et partager sa passion.

 

Fascinée par les richesses historiques, culturelles et environnementales de divers pays

Née de parents polynésiens originaires de Bora Bora et Tahiti, Coralie est adoptée quelques jours après sa naissance par un couple métropolitain et passe son enfance dans la région parisienne, tout en se rendant en vacances au fenua avec sa famille biologique. Elle révèle que son initiation précoce à la plongée sous-marine et ses nombreux voyages, comprenant de nombreuses séances de plongée, lui ont permis de découvrir les richesses culturelles et environnementales de divers pays, y compris la Polynésie française.

« Au collège, j’étais passionnée par le patrimoine en général et par l’histoire. J’étais très curieuse. Je pense que c’était la découverte de nouveaux endroits et de nouvelles personnes qui m’animait. J’aimais explorer les sites culturels, les monuments. J’allais aussi visiter les musées de la région parisienne avec ma famille. D’ailleurs, je visitais régulièrement le château de Versailles. C’est cet aspect historique qui me plaisait. »

Le métier d’archéologue sous-marin, le choix de la passion

Coralie décide tout naturellement de s’orienter vers le métier d’archéologue sous-marin au début de ses années de lycée. Elle suit des études supérieures d’archéologie jusqu’à l’obtention d’un master en archéologie maritime et côtière (MoMArch) à l’université d’Aix-Marseille. Elle travaille ensuite en tant qu’archéologue sous-marin au sein d’une association œuvrant dans les Alpes, au lac du Bourget et d’Annecy. En 2022, la jeune vahine décide de venir s’installer au fenua et travaille pendant une année, via un contrat CVD1, à la DCP2. Elle crée ensuite, en octobre 2023, son entreprise Archeology& More pour proposer son expertise archéologique aux administrations publiques, aux services de l’État, aux communes ou aux particuliers.

Dédiaboliser et informer sur les vraies fonctions d’un marae

Outre la mission archéologique, son objectif est de faire de la médiation culturelle. Il s’agit notamment d’expliquer le travail d’un archéologue à la population, en particulier aux jeunes, à travers des visites culturelles, ainsi que des interventions dans le milieu scolaire, dans les associations de jeunes et lors de certains évènements, comme les salons du livre ou les conférences.

« Lorsque j’ai travaillé à la DCP, nous nous sommes rendu compte, lors d’une visite scolaire dans la vallée d’Opunohu, que beaucoup d’élèves pensaient encore que les marae peuvent être maudits. Je crois qu’il est important de sensibiliser cette jeunesse sur le fait qu’un marae n’est ni maudit ni diabolique. Cela me semble lié et cela m’indigne, avec l’histoire de la colonisation et de l’évangélisation de la Polynésie française. Il important de rétablir la vérité, en leur expliquant la fonction culturelle d’un marae, qui permettait aux Polynésiens de prier leurs ancêtres et leurs dieux. Il faut remettre les bons mots aux maux.»

Un potentiel archéologique sous-marin immense au fenua

Si le projet de Coralie est de mener des travaux d’archéologie sous-marine dans nos lagons et nos océans, elle prévoit dans un premier temps de se concentrer sur l’archéologie terrestre.

« On a retrouvé dans certaines passes des ti΄i, des représentations d’ancêtres ou de dieux… Il y a aussi beaucoup de mobiliers lithiques3, en roche ou en basalte4, qui ont été jetés dans la mer pendant la période de l’évangélisation. À cette époque, les idoles ont été détruites par le feu, cachées dans des grottes pour les préserver ou jetées à la mer. C’est le rôle justement de l’archéologue d’inventorier ces objets archéologiques, dont beaucoup sont sacrés. Il y a ici un potentiel archéologique sous-marin immense qui reste à découvrir. »

Reconstruire son identité polynésienne

En tant qu’enfant adoptée dans l’Hexagone, l’archéologie lui permet également de retrouver ses racines polynésiennes. 

«Je pense que ma profession contribue à la reconstruction de mon identité polynésienne. Cette identité était ancrée en moi. Étant une enfant fa’a’amu, j’ai forcément ressenti un manque concernant la culture polynésienne avec laquelle je n’ai pas grandi, même si cela était inconscient au départ. Cette identité était toujours présente en moi. Je m’en suis rendu compte cette année. Mais ce manque est en train d’être comblé.»

Pour conclure, Coralie souhaite adresser un message aux autorités politiques du fenua ainsi qu’à la population.

« L’archéologie est une opportunité unique de redécouvrir, transmettre, sauvegarder, protéger et conserver notre patrimoine culturel matériel légué par nos tupuna. J’espère qu’un consensus sera trouvé dans notre pays pour permettre, d’une part, l’éducation de nos enfants à la richesse du patrimoine culturel et, d’autre part, sa sauvegarde par une législation adaptée aux diverses facettes de l’archéologie, notamment préventive. J’encourage chacun, particulièrement les jeunes, à s’intéresser à notre riche patrimoine culturel et à veiller activement à sa préservation, car c’est en connaissant et en valorisant notre histoire que nous pouvons construire un avenir respectueux de nos racines et de notre héritage. »

1 Corps de Volontaires au Développement

2 Direction de la Culture et du Patrimoine

Objets en pierre, comme les outils et les armes, découverts lors de fouilles archéologiques. Ces artefacts sont cruciaux pour comprendre les techniques et les modes de vie des populations préhistoriques.

4 Roche volcanique dense et dure, utilisée par les populations anciennes pour fabriquer divers outils et objets.

Toatane Rurua

Rédacteur

©Photos : Toatane Rurua pour Femmes de Polynésie et Coralie Perrin

Directeur des Publications : Yvon BARDES

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