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Culture

Alexandra, la poésie du corps

Publié le 1 avril 2021

Un pareo noué sur la hanche, une fleur de tiare à l’oreille et le sourire aux lèvres, c’est ainsi qu’Alexandra aime vivre sa culture. Le corps qui vibre au son du to’ere1, la respiration haletante que dissimule mal le bruissement du more2, elle exulte sur scène. Femmes de Polynésie vous dévoile le parcours d’une jeune femme qui s’est construite au travers du ‘ori tahiti3.

RENOUER AVEC LA TRADITION

Discrète et timorée, rien ne prédispose la petite Alexandra à la danse. Et pourtant, alors qu’elle prépare le spectacle de son école primaire, elle se découvre une prestance toute naturelle face au public. De nature réservée, elle se souvient du plaisir éprouvé en saccadant ses premiers tāmau4.

La confection de costumes

« J’y ai mis beaucoup d’entrain, j’aimais être en première ligne. J’étais fascinée par tout ce côté spectacle. »

A l’âge de huit ans, elle s’inscrit à l’école de Dadou Paillet. Elle y apprend les bases, une conception purement traditionnelle du ‘ori tahiti qui laisse transparaître l’héritage de Coco Hotahota. Ici, les talons sont ancrés dans le sol comme pour mieux marquer cet enracinement culturel, cette appartenance à la terre. Le geste est précis, l’authenticité ne doit nullement être entravée par une trop grande liberté de style. Alexandra apprend la discipline, la rigueur et la régularité, elle s’épanouit dans cette rencontre de la culture et du mouvement puis décide de faire une pause, à l’adolescence.

LE GOÛT DE L’EFFORT

Quelques années plus tard, elle participe à une répétition du groupe O Tahiti E. Ambitieuse, tenace et déterminée, elle intègre la troupe en cours de route et compense rapidement son retard à force de travail.

« Ils n’ont pas le temps de décortiquer. Si tu en veux, tu t’accroches. J’ai acheté le DVD et je répétais seule devant ma TV. Les plans n’étaient pas adaptés, la chorégraphie était filmée à l’envers, ça m’a demandé un gros travail de mémoire. »

S’il y a bien un élément déterminant dans son parcours, c’est cette facilité déconcertante à concilier passion et travail. Elle participe chaque semaine aux shows dans les hôtels, sous la direction de Marguerite Lai.

« Le vendredi soir, on donnait des représentations sur les paquebots, le samedi matin j’avais mes examens de BTS. Je révisais avec mon classeur avant le show, c’est aussi ça l’amour de la danse. »

Répétition du Heiva 2018 avec la troupe Hei Tahiti

DANSER SA CULTURE

En quête de nouveaux horizons, elle rejoint le groupe de Hei Tahiti. Spontanément, elle prend en charge un petit groupe de filles pour les faire répéter. Tiare Trompette décèle en elle cette appétence pour le management et lui propose de la seconder. De pupahu5 à aspirante meilleure danseuse, elle trouve rapidement ses marques et se voit associée à la création. Aujourd’hui, bien qu’elle éprouve toujours le même plaisir à danser, elle se plaît davantage à chorégraphier et à encadrer la troupe.

Prestations lors de Pina’ina’i 2020 et du Hura Tapairu 2019

Pour Alexandra, tout l’intérêt du ‘ori tahiti réside dans les perspectives d’évolution qu’il offre.

Le Heiva6 permet de s’approprier sa culture, de s’épanouir dans la contrainte.
Le Hura Tapairu7, porté par un vent de modernité, octroie une certaine liberté de création.

Le travail d’interprétation sur Pina’ina’i

Enfin, Pina’ina’i8 représente un véritable dépassement de soi, tant sur la technique que sur l’interprétation. Moana’ura Tehei’ura la pousse dans ses retranchements et l’aide à travailler son expression scénique.

« Il faut partir du texte, le mot provoque le mouvement. Il m’a demandé de m’inspirer d’une histoire personnelle, c’était un exercice difficile. »

Bien plus qu’un loisir, la danse est un langage. Elle y voit un exutoire, un moyen de revendiquer un patrimoine et de valoriser sa langue.

« C’est la création, la découverte de la culture à travers un chant, une chorégraphie, un thème. »

LA RESONANCE DU GESTE

Quand on lui demande ce qui fait une bonne danseuse, elle n’insiste pas tant sur la technique que sur la passion, la connexion et le partage. Pour elle, danser c’est avant tout ressentir, être au monde. C’est embrasser la tradition, transposer cette impulsion de l’âme dans le mouvement du corps pour exprimer une idée.

« Une danseuse, c’est une femme qui comprend ce qu’elle danse, donne vie à un texte et qui arrive par son geste à faire voyager le spectateur. »

1 Instrument de musique à percussion

Costume de danse traditionnelle fait d’écorce de purau

3Danse tahitienne

4Mouvement de hanches continu, de gauche à droite

5Personne placée en première ligne pour mener la danse

6 Grande compétition annuelle de danse qui valorise la tradition

7 Concours de danse traditionnelle se déroulant à la Maison de la Culture

8 Spectacle annuel au cours duquel des orateurs déclament des textes interprétés par des danseurs et musiciens

Caroline BAUDIN

Rédactrice Web

©Photos : CJRAI Photography, Tui Hei Photography, Stéphane Mailion et Alexandra Holman Mervin pour Femmes de Polynésie

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