Vaiata Semont, « faire du bien au corps et à la planète »
Dans son atelier, à l’entrée du quartier Sainte-Amélie, Vaiata Semont s’active près de ses immenses cuves de kombucha. Pour Femmes de Polynésie, elle a ouvert les portes de son entreprise, Tahiti Kombucha, et partage, avec douceur et légèreté, un parcours difficile, mais évident, celui d’un retour vers soi et vers le naturel.
Le remède du kombucha
Après une carrière dans le secteur automobile, Vaiata Semont rejoint une entreprise de distribution de vins et spiritueux. Puis, à la suite de problèmes de santé, elle se lance dans des recherches sur les liens entre nutrition et maladies.
« J’avais un traitement très lourd qui déréglait ma flore intestinale. Grâce à mes recherches, j’ai appris que notre système digestif concentrait 80% de notre système immunitaire. Pour repeupler ma flore, j’ai cherché tout ce qui pouvait me faire du bien, tout ce qui était chargé en probiotiques et minéraux.
Je me suis souvenue de ma maman et de son kombucha. C’était un breuvage qu’elle faisait et que les taties se passaient entre elles. Je suis allée chercher plus profondément sur les vertus de cette boisson.»
La démarche de Vaiata est d’abord personnelle, produisant du kombucha chez elle, de façon artisanale, pour prendre soin de sa santé. Sa famille l’accompagne dans ce projet :
« Au début, on faisait du kombucha à la maison, tous les soirs après le travail, jusqu’à une heure du matin. J’en faisais pour moi et quelques amis. Puis les amis m’ont encouragée à vendre et à produire davantage. J’ai commencé à m’équiper dans mon salon avec des bonbonnes. On en avait partout.
Ça devenait difficile avec ma maladie.
Je ne sais pas pourquoi, à ce moment-là, j’ai décidé de me lancer et pourtant je sentais que la maladie prenait sa place. Je voulais aussi oublier quelque part.
»
Avec l’arrivée de la pandémie de Covid-19, Vaiata décide de se lancer pleinement dans ce projet et Tahiti Kombucha voit le jour. Grâce au soutien d’Initiative Polynésie Française[1], de SOFIDEP et la SOCREDO, elle acquiert du matériel professionnel. En aout 2021, des cuves de fermentation de 300 litres sont installées dans son nouveau local à Sainte-Amélie : l’entreprise passe à une production semi-professionnelle. Sa fille Anaïs l’accompagne toujours et participe au développement de Tahiti Kombucha.
Le kombucha local qui fait du bien au corps
« Je voulais embellir l’image qu’on avait du kombucha, qui se buvait ici il y a plus de 20 ans : c’était un breuvage de grand-mère ! Avec notre entreprise, on s’inscrit dans cette lignée et on va plus loin.. »
Grâce à ses formations en œnologie et en phytothérapie, la ΄aito hine mêle les bienfaits du fameux champignon aux plantes médicinales, notamment locales, pour créer des boissons bénéfiques pour le corps.
« Je me suis rendu compte que la fermentation multiplie la portée des minéraux et des vitamines. Alors, pourquoi ne pas associer la fermentation du kombucha aux plantes ? Et ça a marché.
Pour le Te Vahine, par exemple, j’ai allié plusieurs plantes pour créer une boisson pour le bien-être féminin. L’ortie aide à la minéralisation, l’hibiscus au drainage, l’alchimille pour les troubles gynécologiques. »
Aujourd’hui, Tahiti Kombucha propose quatorze recettes différentes, toutes riches en probiotiques et antioxydants.
Des engagements tenus
Tahiti Kombucha se distingue par les bienfaits de ses produits naturels, mais l’entreprise défend également d’autres valeurs, notamment l’écologie :
«On a commencé avec les bouteilles en plastique, puis il a fallu rapidement passer au verre pour être distribué dans les hôtels et les restaurants, mais aussi pour une question d’écologie. C’est important, sur une île, de recycler. Aujourd’hui, j’ai envie de faire du bien au corps, mais aussi à la planète. »
Tahiti Kombucha propose ainsi de récupérer vos bouteilles en verre pour leur donner une seconde vie.
Ce qui nous touche aussi particulièrement, c’est l’attention portée à chaque membre de l’équipe, composée exclusivement de femmes :
« On fait en sorte que chacune donne ses idées pour créer une synergie à l’ensemble. »
Depuis le début, Vaiata est épaulée par sa fille, Anaïs, qui gère la communication. Autodidacte, elle a conçu la frise qui orne les bouteilles de kombucha et qui raconte l’histoire de la famille. Aujourd’hui, elle s’épanouit et a trouvé sa place dans cette entreprise prometteuse.
De son côté, Vaiata continue de prendre soin d’elle et des autres à travers ses produits et son entreprise, mais aussi grâce à sa douceur, sa sagesse et son désir de partager.
[1] Association de la loi 1901 de financement et d’accompagnement pour la création et le développement d’activités en Polynésie française
Rédactrice
©Photos : Marie Lecrosnier–Wittkowsky pour Femmes de Polynésie et Tahiti Kombucha
Directeur des Publications : Yvon BARDES