
Taureni Urima, l’informatique au cœur de la commune
Taureni Urima l’admet volontiers : c’est une geek passionnée, heureuse d’évoluer dans un domaine en perpétuelle mutation. Embauchée dès la fin de son BTS, elle a gravi les échelons jusqu’à diriger aujourd’hui le service informatique et des moyens de communication de la commune de Papeete. Elle raconte son parcours à Femmes de Polynésie.
L’informatique, un vrai engouement
Taureni Urima nous reçoit dans son bureau, qu’elle occupe depuis quatorze ans, et qu’elle a personnalisé après une remarque de son fils :
« Maman, ton bureau est trop triste ! »
Désormais agrémenté de plantes et de figurines, l’espace reflète une personnalité à la fois rigoureuse et dynamique. Car derrière ses lunettes et son sérieux apparent, Taureni déborde d’énergie et de savoir-faire.

Sa carrière a commencé avec un bac scientifique suivi d’un BTS informatique au lycée La Mennais.
« C’était le début de l’informatique. Les ordinateurs, je n’y allais pas trop, mais les consoles de jeux, oui ! Le BTS m’a énormément plu. C’est tout un monde à découvrir. Ce que j’aime bien dans l’informatique, c’est que ça évolue tout le temps. »
À peine diplômée, elle décroche un premier poste en CDD au lycée Samuel Raapoto en tant qu’administrateur système et réseau puis, deux ans plus tard, un CDI à OSB et découvre le monde de la monétique.
Travailler au service de la communauté
Au bout de deux ans et demi, son envie de relever des défis l’amène à postuler à la commune de Papeete.
« Je quittais un CDI pour un CDD en tant qu’administrateur réseau, mais il y avait tout à refaire. Le challenge était monstrueux ! »
En effet, en arrivant, elle découvre un parc informatique archaïque. Pendant trois ans, avec une petite équipe de quatre, elle modernise tout : serveurs, réseaux, le site de la commune mais aussi celui de la police municipale, des pompiers, de la piscine municipale, des écoles communales…
« Avant, tout était “fait maison” et développé en interne, mais sans suivi réglementaire. Nous avons fait le choix de passer par des éditeurs qui assurent une mise à jour constante. »
Défis et ascension professionnelle
Lorsque son responsable part, Taureni se retrouve à assurer l’intérim jusqu’à sa titularisation trois ans plus tard, intégrant ainsi la fonction publique communale en catégorie A.
« Finalement, ils ont vu que j’assumais les responsabilités et que je pouvais gérer le service informatique. »
En 2019, elle décide de reprendre ses études et de poursuivre un certificat du master des systèmes d’information à HEC / École des Mines ParisTech. Une formation qu’elle finance seule et qu’elle réussit haut la main.
« C’était intense. Une semaine par mois, pendant cinq mois, je suivais les cours en présentiel à Paris. Avec mon fils de six ans à gérer en plus, c’était épuisant. Heureusement, mon mari était là et me soutenait dans ce projet ! »
De la force de caractère pour avancer

Lorsqu’on lui demande d’où lui vient cette détermination, elle répond sans hésiter :
« De mon père. C’est une personne directe qui n’hésite pas à dire ce qu’il pense. Je crois avoir hérité de son caractère parce que dès que quelque chose ne va pas, j’y vais ! Mais je réfléchis avant et je laisse la colère passer. »
Un quotidien à l’organisation millimétrée
Son emploi du temps est chargé, et elle s’impose une rigueur dans la gestion de son planning. Entre les réunions, l’accompagnement des équipes, son sport et sa vie de famille, elle veille à tout concilier. Le week-end, elle préfère se détendre en jouant à ses jeux vidéo, en lisant des mangas ou en regardant des séries coréennes.
« Je joue à Fortnite, World of Warcraft, Call of Duty et dernièrement à Rival. Récemment, j’ai regardé la série coréenne La Reine des larmes. J’aime autant les histoires romantiques que les séries d’action ! »

L’informatique, un service essentiel pour la commune
« Nous sommes un service support. On est au milieu de l’ensemble de la commune. Je le répète souvent à mon équipe : on est là pour rendre un service public. On a des comptes à rendre, tout doit fonctionner. »
Lors de la modernisation des applications métiers (de la police municipale, du service de l’état civil, de la gestion du cimetière, des impôts ainsi que de la gestion des élections…), l’accompagnement des équipes est primordial.
« On n’est plus juste dans la réparation d’ordinateurs. Nous sommes un service des systèmes d’information et de communication, et nous avons besoin de savoir comment fonctionne les métiers pour les aider à évoluer. Il faut parfois reformer les agents. C’est mon rôle d’assurer ce suivi. »

L’avenir et de nouveaux défis
Actuellement, notre informaticienne encadre six personnes, et gère 600 ordinateurs. Outre la mise en conformité avec le RGPD1, son cheval de bataille cette année consiste en la dématérialisation du courrier et du conseil municipal. Côté management, elle avoue faire preuve de souplesse.
« Je laisse mes garçons gérer, j’interviens juste pour voir où ça en est. Sauf en crise, là je suis directive ! »
Avec une équipe soudée et un parc informatique en constante évolution, Taureni continue d’évoluer dans son métier. Dernièrement, le CGF2 lui a proposé d’assurer des formations de premier niveau aux agents communaux des îles.
« J’ai suivi la formation de formateur et maintenant, je dois concevoir une mallette pédagogique pour pouvoir les former d’ici la fin de l’année. »
Toujours l’esprit en éveil, Taureni Urima s’intéresse également à l’arrivée de l’intelligence artificielle.
« Cela ouvre de nouveaux challenges. Je vois déjà des projets que je pourrais soumettre pour faire évoluer ou améliorer tout le process de la commune. »
1 Règlement général sur la protection des données
2 Centre de Gestion et de Formation : établissement public local servant les intérêts des communes et de leurs regroupements
Portrait mis en avant par le Centre de Gestion et de Formation
Rédacteur
©Photos : Cl Augereau et Taureni Urima pour Femmes de Polynésie
Directeur des Publications : Yvon BARDES