Manon Solinhac, du conseil en informatique aux glaces Bount’iti
Manon Solinhac nous ouvre les portes du labo de Bount’iti où elle fabrique ses délicieuses glaces artisanales et locales à base de lait de coco. Femmes de Polynésie vous fait rencontrer une femme qui a osé se lancer dans une reconversion professionnelle et mener à bout ses projets. Entre ambition et gourmandise, Manon a trouvé la recette qui sublime les produits du fenua !
Une reconversion à Tahiti
Après un cursus en commerce international, Manon Solinhac exerce dans un cabinet de conseil en informatique à Paris. Mais, au bout de cinq ans, elle prend une décision radicale :
« À un moment donné, je me suis dit : la grande ville, l’informatique, ce n’est pas ce que j’aime. J’ai quitté Paris et j’ai décidé de revenir en Polynésie car j’avais eu un coup de cœur lors d’un précédent séjour ».
Arrivée au fenua, Manon se rend compte qu’elle s’y sent bien et qu’elle s’y épanouit. Décidée à s’investir professionnellement, elle passe des diplômes de plongée sous-marine mais doit renoncer à cette voie, à la suite d’un accident :
« À l’hôpital, je me suis dit : » tu as toujours voulu monter ta boîte : c’est un signe, c’est le moment, il faut que tu y ailles ». Je faisais mes mindmap1 et mon business plan. Je me suis donné un mois pour choisir mon projet et passer en mode action. Et ça a été les glaces. »
La jeune femme nous livre un peu de la sagesse acquise par cette expérience de reconversion.
« Même si je n’ai pas fait d’études en cuisine, si je ne suis pas académique, je suis une grande gourmande avant tout. Je pense que ce n’est pas un hasard si je travaille dans ce secteur aujourd’hui ! Si à l’école, on nous apprenait à faire un peu plus d’introspection, à réfléchir à nos projets et nos envies, si on ne cherchait pas à nous présenter que des carrières classiques, j’aurais travaillé plus tôt dans le secteur de l’alimentaire. »
Pourtant, la business woman ne regrette pas son parcours commercial car elle en a tiré de nombreuses compétences qui lui ont servi pour lancer et développer son entreprise.
Un projet basé sur la gourmandise
Le choix de Manon s’est arrêté sur la glace pour plusieurs raisons :
« Après avoir été confinée au fenua, tu te dis que le local, c’est quand même merveilleux. Je voulais vraiment valoriser un produit d’ici. Quelque temps auparavant, lors d’un voyage au Canada, j’avais découvert la glace trempée dans du chocolat. J’avais adoré. Je me suis dit que je pourrais faire des glaces avec un produit local, comme le coco, et les tremper dans du chocolat, ce serait un bon projet, très gourmand. »
Manon conçoit alors sa recette avec le restaurateur étoilé David Vaqué et le pâtissier-chocolatier Pascal Lac. De retour à Tahiti, elle expérimente sa glace avec le lait de coco artisanal et le chocolat local, et ça marche ! Bount’iti ouvre le 24 mars 2023, Journée européenne de la glace artisanale, et Manon devient glacière ambulante, à bord de son triporteur.
« Le triptyque de Bount’iti, c’est la glace avec les produits locaux, la gourmandise avec le chocolat et les toppings, et le triporteur qui se déplace pour être là quand on a envie d’une glace ! »
Mettre en valeur le local
Manon travaille avec des produits locaux ou de la zone Pacifique : pour la glace, le lait de coco provient du marché de Pirae et des Marquises, les citrons également des Marquises, le chocolat du Vanuatu. Les fruits frais viennent de chez Claude des Trois pontons. Même pour les gourmandises et toppings, Manon fait le choix du local avec ses fruits séchés, ou son délicieux coulis caramel lait de coco maison. Il est important pour la businesswoman de privilégier les circuits courts et faire vivre les petits producteurs.
« En cuisine, il n’y a pas de secret : plus ta matière première est belle, plus le résultat final sera bon. Si ton fruit est à maturité parfaite, bien préparé, la glace sera excellente.
Je tire énormément de plaisir et de satisfaction car je sais que je vends de la qualité. Avec Bount’iti, il n’y a pas de colorant, pas de conservateur, pas d’émulsifiant et très peu de sucre, afin de garder le goût naturel. »
Aujourd’hui, vous pouvez retrouver les glaces Bount’iti à bord de deux triporteurs sur Tahiti, mais aussi dans certains restaurants et grandes surfaces. L’entreprise continue de se développer. Manon se régale à la création et continue de développer de nouveaux parfums, pour que nous puissions savourer de bonnes glaces locales.
1 Carte mentale permettant d’ordonner des idées ou des tâches de manière intuitive.
Rédactrice
©Photos : Marie Lecrosnier–Wittkowsky pour Femmes de Polynésie et Bount’iti
Directeur des Publications : Yvon BARDES
