Herehia Helme, taote protectrice de l’environnement
Titulaire d’un doctorat dont la thèse s’est portée sur les anguilles, Herehia Helme est désormais en charge de l’environnement au sein de la société Marama Nui. Son rôle est de limiter les impacts environnementaux des travaux de la société de production d’énergie hydroélectrique. La jeune docteure explique à Femmes de Polynésie comment elle a fait de l’environnement une priorité dans sa société.
Un doctorat sur les anguilles
Après une première année de licence de physique-chimie à l’Université de la Polynésie Française, Herehia part en France pour suivre une licence de Chimie à l’Université Claude Bernard Lyon 1 qu’elle renchérit avec un master Environnement à Bordeaux en 2013. Après avoir rêvé dans sa jeunesse de devenir médecin ou de travailler dans la cosmétique, elle décide finalement de faire une thèse de doctorat sur les anguilles de 2014 à 2017 au sein de la société Marama Nui. Son rôle était notamment d’étudier « l’impact des barrages hydroélectriques sur le peuplement des anguilles de Polynésie Française ».
« Mon projet lors de mon master se portait en fait sur les anguilles. Je m’y suis vraiment intéressée car je voyais déjà tout le temps les anguilles sur le fenua mais je ne savais pas que celles-ci allaient se reproduire en pleine mer. De plus, le fait que les anguilles européennes parcouraient 6000 km pour aller se reproduire m’a vraiment interpellée. Je me suis posée plein de questions sur nos espèces d’anguilles polynésiennes. Par exemple : où vont-elles se reproduire ? Il n’y avait aucune recherche dessus. »
Un dévouement total à la protection de l’environnement
Après son doctorat, Herehia continue de travailler sur les anguilles au sein de la société locale de production d’énergie hydroélectrique. Au-delà des anguilles, elle est chargée de limiter les impacts environnementaux des projets ou des travaux opérés par sa société. Elle doit ainsi faire en sorte que les travaux de curage des barrages ou autres n’aient pas d’impacts sur les poissons des rivières, d’éviter l’implantation ou la propagation des petites fourmis de feu dans les zones d’implantation de sa société ou encore de mener des travaux de revégétalisation des plantes endémiques ou indigènes après les travaux de défrichage.
« Je m’occupe de tout ce qui concerne l’environnement au sein de Marama Nui. Si j’estime qu’on dépasse les normes européennes (en matière d’environnement), je peux demander à arrêter les travaux. C’est comme si j’étais la police environnementale dans la société. On veut concilier la biodiversité et l’hydroélectricité. C’est aussi une sorte de communication pour montrer aux gens ainsi qu’aux entreprises privées qu’on peut faire attention à l’environnement dans nos projets et dans nos travaux. »
Une vahine avide de challenges
Aujourd’hui, la jeune docteure est une femme épanouie. Elle apprécie notamment les défis qui se présentent à elle ainsi que le contact qu’elle entretient avec la population.
« Il y a beaucoup de challenges dans ce que je fais. Il y a par exemple beaucoup de méconnaissances à propos des anguilles. On sait seulement où vont se reproduire quelques espèces sur les 19 existantes dans le monde entier. Pour le reste, on ne sait pas. Ou encore, par rapport aux petites fourmis de feu, beaucoup de gens quittent leurs maisons parce qu’elles sont envahies. C’est dommage car il y a des traitements qui se mettent en place et que justement, on pourrait faire quelque chose. »
Le principale message de Herehia fait essentiellement écho à la protection de l’environnement et notre fenua.
Sensibiliser la population à la préservation de nos écosystèmes naturels
En plus de l’environnement, Herehia est aussi chargée de faire de la communication sur le fonctionnement des centrales hydroélectriques ainsi que sur le milieu naturel environnant auprès de la population. Elle fait notamment des interventions auprès des jeunes scolarisés.
« Je vais souvent dans les écoles ou dans les associations pour communiquer sur ce qu’on fait parce que je trouve que nos rivières sont souvent oubliées. Le problème est qu’on ne sait pas exactement ce qu’il y a dans l’eau. Quand on voit des déchets dans la rivière, c’est de la pollution gratuite. Il est vraiment important qu’on connaisse notre biodiversité et qu’on sensibilise à la préservation de notre environnement. Beaucoup d’enfants jettent par exemple des cailloux dans la rivière alors que ce geste peut blesser des anguilles, des poissons… »
On l’a compris : Herehia fait de la préservation de l’environnement un cheval de bataille dans sa carrière.
« Je trouve qu’on a de la chance et qu’on est bien à Tahiti. Je demande donc à ce qu’on prenne soin de nos rivières et de notre océan. Il faudrait aussi qu’on apprenne plus sur la nature. C’est vrai que la nature est belle, mais pourquoi ne pas avoir des connaissances sur les différentes espèces de plantes par exemple ? C’est ce qu’il faut faire pour la préserver. »
Toatane Rurua
Rédacteur
©Photos : Herehia Helme pour Femmes de Polynésie