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Carrière

Temarii Ueva, secrétaire comptable au Centre de Gestion et de Formation de la Polynésie française

D’agent d’entretien à secrétaire comptable : l’ascension de Temarii Ueva

Publié le 13 mai 2025

À quelques semaines du Bac, Temarii Ueva quitte l’école. Après plusieurs petits emplois, elle intègre le CGF1 comme agent d’entretien et coursière. Aujourd’hui, elle est secrétaire comptable et vit pleinement sa passion pour les chiffres. Elle raconte à Femmes de Polynésie son parcours étonnant et la force qui l’a habitée pour gravir les échelons.

Quitter l’école : un choix assumé

« J’ai quitté l’établissement scolaire à l’âge de 18 ans. Je ne me sentais pas à ma place parce que ce n’était pas la branche que j’avais choisie… »

De sa voix douce et chantante, Temarii Ueva se replonge dans son enfance à Papara et la découverte de son enthousiasme pour les chiffres.

« Je me souviens encore en élémentaire, je disais à ma mère que je voulais être caissière. Je ne sais pas pourquoi : je vois chiffres, je mange chiffres, je dors chiffres ! »

Lorsqu’en classe de troisième, bonne élève, elle est orientée vers une seconde générale et technologique sur l’avis de ses professeurs et de la direction, alors qu’elle souhaite intégrer une seconde professionnelle en comptabilité pour se plonger au plus vite dans le monde du travail.

« J’ai sollicité un rendez-vous avec le chef d’établissement du collège pour lui restituer le dossier d’inscription et il m’a dit : “Tu es une des meilleures élèves. Tu as le potentiel. Tu verras, dans trois ans, tu vas revenir me voir et tu vas me dire merci”. »

Quand elle abandonne les bancs d’école, ses parents comprennent mais ses professeurs insistent :

« Avant de quitter le lycée, j’ai été reçue par ma professeure principale (avec l’accord du proviseur) qui m’a suggéré qu’une orientation vers une terminale professionnelle en comptabilité serait envisagée l’année suivante, si je ne réussissais pas les épreuves du Bac. Mais en avril 2005, j’ai tout lâché. »

Entrer dans le monde actif

Déterminée à travailler, Temarii apprend, avec l’aide de son grand frère, à rédiger un CV et des lettres de motivation. Elle postule un peu partout et décroche un emploi dans la petite restauration, dans des supermarchés ou encore dans une imprimerie.

« C’était important de trouver un travail, pour mener à bien mes projets. »

En 2012, elle tombe sur une annonce du CGF, qui cherche une chargée de reprographie et d’entretien des locaux. Elle postule, un peu chagrinée par l’idée d’abandonner les chiffres, mais reste motivée.

« C’était un temps complet de 39 heures, avec un CDD de deux ans, renouvelable une fois. »

Une semaine plus tard, elle est recrutée.

Un accident qui bouleverse tout

Trois jours après avoir commencé, Temarii est victime d’un accident de scooter lors d’un de ses trajets de planton.

« Sur le front de mer, une portière s’est ouverte. Je l’ai heurtée et j’ai fait des tonneaux. »

Elle est arrêtée presque cinq mois, avec un an de rééducation. Lorsqu’elle reprend le travail, une restriction temporaire s’impose : ne plus conduire de deux-roues.

Gravir les échelons

En 2013, elle est sur les rangs pour un poste similaire en CDI.

« Je me suis dit : pourquoi pas ! J’absorbe et j’apprends vite. J’ai soumis ma candidature et un an après, j’ai obtenu le statut de titulaire en D. »

Deux ans plus tard, une nouvelle opportunité se présente au CGF, pour une fonction presque équivalente, avec des tâches administratives en plus.

« Le poste était constitué d’activités techniques et administratives impliquant des chiffres ! J’ai encore sauté sur l’occasion. J’ai eu envie de challenges et je suis pour la polyvalence. »

Elle décroche le poste, et une collègue comptable lui enseigne les bases administratives. Au programme : un gros dossier sur le suivi financier des transports aériens, qu’elle gère encore aujourd’hui.

Dossier bureau Temarii Ueva
Ses dossiers, tous bien ordonnés, comme elle aime que ce soit

« Il est vrai que ce n’était pas simple de trouver l’équilibre entre les tâches ménagères et la comptabilité ! J’ai planifié mon emploi du temps, en répartissant mes priorités. »

En 2016, Temarii Ueva est titularisée en tant qu’agent de catégorie C. Un an plus tard, elle a l’opportunité de devenir secrétaire comptable à temps plein.

Temarii Ueva, secrétaire comptable au Centre de Gestion et de Formation de la Polynésie française
“Gagner n’est pas tout, mais l’effort qu’il faut fournir l’est.”

La fonction publique et le CGF, des tremplins de carrière

« À l’époque, je me sous-estimais. J’étais la seule agente en D. Bien que je remplisse les conditions d’éligibilité aux épreuves écrites de concours, je n’étais pas prête. »

Lorsqu’elle se lance enfin, ses deux tentatives aux épreuves d’admissibilité n’aboutissent pas, mais Temarii est reconnaissante au CGF de lui avoir permis d’évoluer dans sa carrière.

« C’était productif, et je reconnais la prise en considération de mes efforts par le CGF. La valorisation augmente la motivation et la fidélité. En parallèle, la mobilité est aussi un des éléments constructifs de la fonction publique. C’est l’opportunité d’explorer, d’acquérir davantage de savoir ou même se déplacer… Il y a un domaine qui m’interpelle aussi : les ressources humaines. De plus, une multitude de formations sont disponibles et j’encourage les agents municipaux à s’y inscrire en fonction des critères requis. »

Une grande famille professionnelle

« Le CGF est une famille. Bien que nous ne soyons pas tous identiques, la communication joue un rôle primordial dans ce milieu (comme dans d’autres). Il est donc essentiel de s’adapter. À mon arrivée, j’avais une personnalité marquée, et j’ai appris à me tempérer. »

Après le travail, Temarii retrouve sa maison à Papara, son partenaire et ses deux enfants. Le week-end, elle partage des pique-niques à la rivière avec ses proches.

Temps libre à la rivière - Temarii Ueva
Ses week-ends à la rivière à Papara

« Avec un temps agréable, on se permet de pique-niquer en “grande” famille, afin de se reconnecter et créer des souvenirs inoubliables. C’est un rituel en ce moment. »

La fonction publique et ses trois principes fondamentaux

La crise du Covid lui a aussi permis de prendre conscience de la sécurité de l’emploi qu’offre la fonction publique. En plus de l’égalité d’accès et de l’adaptabilité, la continuité constitue en effet l’un des trois principes fondamentaux du service public.

« Alors que je faisais du télétravail, d’autres ont subi des baisses de salaire ou ont été victimes de licenciements. Il y avait peu de salariés du secteur privé qui n’étaient pas impactés par cette situation, et ça m’a ouvert les yeux. Aujourd’hui, j’encourage mon fils à envisager, lui aussi, une carrière dans le secteur public. »

1 Centre de Gestion et de Formation : établissement public local au service des communes et de leurs regroupements, créé en 2011. Il propose de nombreuses formations aux thématiques variées à un panel de 4 000 agents communaux répartis sur les 48 communes de Polynésie française ainsi qu’à ceux d’une dizaine de EPCI (établissements publics de coopération intercommunale)

Portrait mis en avant pas le Centre de Gestion et de Formation

Cl Augereau

Rédactrice web

©Photos : Cl Augereau et Temarii Ueva pour Femmes de Polynésie

Directeur des Publications : Yvon Bardes

Pour plus de renseignements

Site internet

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