Caline Basset, une vahine au service de nos lagons
Notre rencontre prend vie lors d’une journée bénie par le soleil. Les couleurs du ciel se confondent avec celles du lagon, réunies par l’horizon, promesse de voyages. Dans cet atmosphère idyllique, Femmes de Polynésie vous présente Caline Basset, biologiste marine au sein de l’Ifremer.
ÉTUDIER L’OCÉAN EN VIVANT SUR UNE ÎLE
Caline Basset est née à Papeete et a grandi sur la Presqu’ile de Tahiti. Après l’obtention de son bac S au lycée de Taravao, elle poursuit une licence Science de la Vie et la Terre à l’UPF.
« À l’école, j’ai toujours préféré la biologie aux autres matières. Et en grandissant à Tahiti qui est tout de même entourée d’eau, ça m’a paru comme une évidence. »
En troisième année, elle entreprend un stage à l’Ifremer. Alors qu’elle est sur le point de quitter le fenua pour continuer son éducation scolaire dans l’Hexagone, une place se libère à l’institut et elle saute sur l’occasion. Caline devient technicienne en biologie moléculaire des organismes marins.
« On travaille sur des problématiques importantes pour le pays. Ce que j’aime bien, c’est que c’est assez varié. Je peux plonger, travailler au labo, aller en mission dans les iles. »
Depuis neuf ans maintenant, elle exerce ses fonctions au sein de l’Ifremer. Elle est d’ailleurs la seule femme de l’institut à être plongeuse professionnelle.
« Avec les années d’expérience, je pourrais passer une VAE pour devenir ingénieure. Mais pour l’instant, ce que je fais me convient. »
L’AQUACULTURE, UNE SOLUTION À LA SURPÊCHE
Les projets auxquels Caline participe, portent sur l’aquaculture1 et son développement en Polynésie française.
« Dans le monde en général, l’aquaculture est faite pour diminuer l’impact de la pêche et pour proposer des alternatives pour subvenir aux besoins alimentaires en constante augmentation. »
En effet, l’aquaculture a pour but d’offrir des alternatives à la surpêche, réduisant ainsi le prélèvement d’espèces sur les populations sauvages en pleine mer. Notre biologiste travaille sur le développement de nouvelles filières notamment celle de l’huitre du genre Saccostrea sp2.
« L’aquaculture se diversifie progressivement. »
Caline nous partage l’expérience d’une mission dans l’archipel des Tuamotu, lors de laquelle elle a dû intervenir pour faire un état des stocks de bénitiers dans la zone.
« À Tatakoto, c’était l’une des plus grandes réserves naturelles de bénitiers. Il y avait une très forte densité et aujourd’hui, il n’y a presque plus rien. On ne sait pas pourquoi la population a autant baissé, mais on essaye de comprendre. Dans ces moments-là, on espère que le travail que l’on fait va pouvoir permettre de trouver et comprendre la ou les raisons de ces mortalités massives et éventuellement d’apporter une solution qui pourrait permettre de retrouver des densités plus importantes. »
UN MÉTIER EN LIEN AVEC L’ENVIRONNEMENT
Œuvrant au plus proche de notre écosystème, la jeune femme se trouve aux premières loges des effets du dérèglement climatique.
« Forcément, je suis inquiète pour l’avenir. En général, la question du réchauffement climatique se pose mais aussi la raréfaction des ressources. »
De ce fait, elle nous exhorte à faire preuve de prudence et d’empathie envers une nature de plus en plus menacée par l’impact des activités humaines, en nous rappelant les gestes du quotidien qui sont plus qu’indispensables pour préserver notre environnement.
« Aider à ramasser les déchets que l’on voit partout. Quand on va à la plage, au surf, au magasin… Tout le monde le sait, mais tout le monde ne le fait pas. Aussi, quand il s’agit de pêche, respecter les tailles autorisées et juste faire preuve de bon sens au quotidien. »
COMPRENDRE SES CHOIX, RÉALISER SA CHANCE
Si les filières scientifiques peuvent sembler inaccessibles à certains, Caline, elle, croit au pouvoir de la persévérance.
« Pour ceux qui le veulent, il ne faut pas hésiter et il faut y aller. »
Cette détermination, elle la puise dans l’amour quelle porte à son domaine d’expertise, un métier qui a du sens. La vahine nous confie un souvenir survenu à l’occasion de la Journée mondiale de l’Océan en juin, alors que l’Ifremer avait ouvert ses portes au public.
« Aux journées portes ouvertes, on a eu beaucoup d’enfants. C’était génial de les voir s’intéresser. »
Pour conclure, Caline reconnait avec humilité le privilège qui lui est alloué : vivre de ce qui la passionne, et le faire, là où elle a grandi.
« C’est une chance. Ce n’est pas donné à tout le monde de travailler dans le domaine qu’on a choisi, et en plus chez soi. »
1 Le terme « aquaculture » est utilisé pour qualifier la culture d’organismes aquatiques (poissons, algues, crustacés, mollusques…) en milieu fermé (bassin, rivière, étang). Les aquacultures protègent également la biodiversité, en réduisant les activités de pêche sur les stocks sauvages dans leurs écosystèmes.
2 Saccostrea cucullata est une espèce de mollusques bivalves de la famille des Ostreidae (Les Ostréidés sont une famille de mollusques bivalves de l’ordre des Ostreoida. La plupart des espèces comestibles, nommées « huîtres », se trouvent dans cette famille).
Portrait mis en avant par l’Ifremer – Centre du Pacifique, à l'occasion des 40 ans de l'Institut.
Rédactrice
©Photos : Cartouche & l’Ifremer pour Femmes de Polynésie
Directeur des Publications : Yvon BARDES