Nana Blasch, une créativité tous azimuts
Nana Blasch est de celles que l’on ne peut ranger dans une case. Elle est peintre, tatoueuse, illustratrice, graphiste. Femmes de Polynésie découvre une créative passionnée à l’identité multiple, une imagination prolifique aux visions de partage.
UNE DÉMARCHE INTUITIVE
Nana Blasch est de partout, elle est d’ailleurs. Véritable cocktail culturel, elle est bercée par la culture polynésienne par sa mère et son grand-père. D’origine vietnamienne, cet homme s’est installé en Polynésie pour y fonder une famille.
« Mes souvenirs d’enfance c’est le voir aller à la pêche, sur le récif ou bien ramasser et nettoyer des coquillages. »
Cependant, elle grandit dans l’Hexagone, dans le bassin d’Arcachon. Elle décide un jour de partir à la conquête de ses mémoires infantiles et traverse les océans, à la recherche de son identité, d’un lien à la nature et d’une vie plus simple.
« Je me suis toujours sentie différente. Venir vivre en Polynésie, ça m’a fait me reconnecter à moi-même. Je me suis découverte. »
Elle s’installe au fenua chez sa tante, qui l’accueille. Cet esprit libre n’a de cesse de s’inspirer de ce qui l’entoure afin d’étoffer une créativité sans limites.
« J’aime bien découvrir, du coup, je fais toujours plein de choses. Que ce soit dans les arts plastiques, avec des coquillages ou des plantes séchées. J’aimerais bien apprendre à coudre. Au final, tout me plait. Je suis plutôt touche-à-tout. »
Il est difficile de poser des mots concrets sur ce que fait Nana. Elle fait, elle est.
« Je me définis plus en tant que créative qu’artiste. Ma démarche est intuitive, elle vient du besoin de créer, de farfouiller dans mon côté enfantin. Je me découvre encore tous les jours. Je fais de la tambouille de Nana. »
LE TATOUAGE, COMME UNE ÉVIDENCE
Après plusieurs années au fenua, une nouvelle forme d’art l’appelle. Celle de graver sur la peau les motifs dont elle remplit ses carnets de dessins.
« Ce qui m’a donné envie de me lancer, je crois que c’est vraiment le côté culturel. À part mon père, tout le monde est tatoué dans ma famille. »
Elle entame une formation dans le salon de Eli M Tattoo et ne s’arrête plus. Son style bien à elle, comme de la dentelle sur les corps, conquis de nombreux clients, locaux ou de passage.
« J’ai vraiment l’impression de faire du tatouage réparateur. J’adore les échanges que j’ai avec les gens. Il faut vraiment de la bienveillance dans le tatouage. Maintenant, j’ai encore plus envie de m’ancrer dans le patutiki, dans les symboliques et de faire le lien avec d’autres cultures. »
OFFRIR LA VIE
Dans le monde du tatouage, elle rencontre également celui qui deviendra son compagnon de vie. Ensemble, ils mettent au monde une petite fille, ce qui bouleversera à tout jamais l’existence de la jeune femme.
« Être maman, ça a tout changé. Ça m’a changée moi, mon rythme de vie, mes priorités, ma manière de penser. Ça change la place que tu te donnes, tu vas au plus profond de toi. Ça t’offre aussi un amour si fort, tellement fort. »
Prenant son rôle de parent très à cœur, elle met en pause certaines de ses activités artistiques, se concentrant sur l’éducation de cette nouvelle personne qui est entrée dans son existence, liée par des liens indescriptibles.
« J’adore être mère, mais c’est vrai que mon côté créatif a été mis en stand-by depuis deux ans. »
Cela n’est pas un mal. Car, comme nous le confie Nana, c’est également une source d’inspiration inépuisable que de côtoyer l’innocence au quotidien. D’ailleurs, elle prend grand soin de laisser sa fille explorer sa propre créativité.
« Avoir un bébé, ça te reconnecte avec ton enfant intérieur. L’émerveillement est beaucoup plus présent et ça, j’en ai besoin. »
PROJECTION D’AVENIR
Si dorénavant elle priorise davantage son métier de tatoueuse sur ses autres domaines de prédilection, la jeune femme n’a pas dit son dernier mot. Ses ambitions restent les mêmes, avec cette volonté de valoriser le pluridisciplinaire et le collectif.
« Je me verrais bien avoir un lieu culturel et créatif, d’échanges et de partage, où l’on pourrait faire un peu de tout. »
Les sens en éveil, elle apprend à jongler avec les différentes casquettes qu’elle porte fièrement.
« Aujourd’hui, j’essaie de trouver mon équilibre entre ma famille, mon travail en tant que tatoueuse et mon temps pour moi. »
Sur ces mots, notre entrevue se termine et nous avons l’intime conviction que si les intérêts de Nana semblent fractionnés, elle, est bien entière.
Rédactrice
©Photos : Cartouche pour Femmes de Polynésie et Nana Blasch
Directeur des Publications : Yvon BARDES