Vainui : quand tradition et création se marient à merveille
Originaire de Rapa, dans l’archipel des Australes, Vainui aime la création artistique qui lui permet de s’exprimer pleinement, mais aussi le savoir-faire de ses ancêtres, experts dans le domaine de la vannerie. Femmes de Polynésie a rencontré une femme courageuse, passionnée par son métier d’artisane et fière de travailler de ses mains les fibres végétales de son île bien-aimée, Rapa.
La cueillette des roseaux sur les falaises de Rapa
Le visage de Vainui s’illumine lorsqu’elle parle de son activité et de tout ce qui tourne autour.
« À douze ans, j’apprenais à aller chercher les roseaux dans la montagne. C’est dangereux, ça glisse, c’est sur les falaises. C’est une fois dans l’année, au mois d’avril, pendant la saison des guêpes… »
De sa mère artisane, elle a appris toutes les techniques de vannerie qu’elle connaît et utilise.
« Je partais avec ma mère. Partout où elle allait, elle m’emmenait. Elle m’apprenait à tresser les roseaux, mais il ne fallait pas gaspiller car c’est difficile à avoir. »
Vainui apprécie cette ambiance qui est vécue en communauté lors de la saison des roseaux de montagne. Ces « précieux roseaux« , elle les utilise pour confectionner des objets divers et variés. Vainui précise même que lorsque la saison arrive, « toutes les femmes vont aux roseaux ».
La cueillette dure deux à trois semaines : les femmes font des petits groupes, amènent à manger, partent couper les roseaux durant trois jours, reviennent au village une journée, et repartent le lendemain. Le sourire éclaire son visage lorsqu’elle en parle. Elle a connu cela enfant et perpétue cette tradition avec beaucoup de plaisir :
« Il y a une bonne ambiance. On ramène une dizaine de bottes de roseaux si on travaille bien sans s’arrêter. »
Pour ne pas trop s’alourdir, elles limitent les vivres au strict nécessaire :
« En chemin on trouve des goyaves, des fruits. Comme c’est lourd les roseaux à porter, on hésite à prendre trop à manger. »
La vannerie, un travail d’expert qui demande minutie et savoir-faire
« Il y a des clients qui disent que c’est cher, mais c’est un mois de travail un beau chapeau. C’est le tressage qui est long, on a souvent mal au dos et on tresse toute la journée. »
À Rapa, il y a différentes sortes de tressages qui sont réalisés. Vainui ajoute même que « les autres, ils ne savent pas notre tressage ». Comme un secret bien gardé, qui ne se transmet qu’aux personnes originaires de cette île, le tressage de Rapa a donc sa singularité. Vainui ajoute, fière :
« Les quatre îles des Australes travaillent le pandanus. Mais les chapeaux en roseau, on ne les trouve qu’à Rapa, on a l’avantage de ne pas avoir de concurrents. »
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Kauari Angaere Création : le projet d’entreprise de Vainui
En langue australe, « Kauari » signifie : voyager, promener, faire connaitre. « Angaere » veut dire Amour. Vainui traduit donc le nom de sa future entreprise en : « Promener l’Amour ».
Pourquoi ce nom ? C’est parce que Vainui veut se spécialiser dans tout ce qui est évènement de mariage. Elle souhaite proposer différentes créations pour les mariés, telles que :
- des robes,
- des bouquets,
- des coussins pour les alliances,
- des parures,
- des paniers,
- des arcades,
- divers objets de décoration.
Elle n’oublie pas le marié et propose pour lui divers rappels sur la chemise, comme la boutonnière par exemple.
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Son savoir-faire artisanal, elle veut le faire connaître au plus grand nombre car elle en est fière. Elle ajoute même : « Notre or à Rapa, c’est notre roseau. On a beaucoup de chance ! ».
Lauréate du concours de la plus belle création végétale à l’élection de miss Tahiti 2017, Vainui s’épanouit dans la création. Il faut le dire, ce costume végétal lui aura demandé trois mois de travail : « Je travaille le matin et tard le soir. Au plus tard, je dors à 2h du matin ». Elle se prépare déjà pour la Tahiti Fashion Week1 2018, toujours en quête d’innovation.
Maman de trois enfants et mariée à un marquisien, Vainui et son mari ont choisi de vivre aujourd’hui à Tahiti pour mieux suivre leurs enfants qui y font leurs études : « on loue une maison et toutes les vacances, on retourne à Rapa. »
Depuis qu’elle a seize ans, elle se perfectionne dans ce métier. Elle a suivi une formation récemment au Service de l’Artisanat Traditionnel. Vainui précise : « cette formation m’a énormément servie, surtout pour le coté administration, on a appris comment gérer une entreprise. Par la suite, j’ai monté mon dossier au SEFI2 et j’attends le retour de la commission et la réponse de la CCISM3. »
Émue et reconnaissante, elle ajoute :
« J’ai dit au ministre de l’artisanat : je vous remercie beaucoup ! Ils ont choisi des personnes, et j’étais parmi les six. »
Lorsque je demande à Vainui si elle a un message à faire passer, elle acquiesce, sûre d’elle, avec un beau sourire aux lèvres :
« Il faut dire aux Polynésiens, on a notre savoir-faire. Il faut être fier de ce que l’on fait ! Maintenant, il faut travailler ! »
Vainui est présente au salon des Australes qui a lieu dans le hall de l’Assemblée de Polynésie Française du 23 octobre au 5 novembre 2017. C’est une femme courageuse, qui, à l’aube de ses quarante ans et après avoir subi une chimiothérapie suite à un cancer du sein en 2010, met tout en œuvre pour voir son projet aboutir. Souhaitons-lui bonne chance, ainsi qu’à tous les artisans de Polynésie, qui ont des doigts en or et nous font partager leurs richesses !
1 Une semaine entièrement dédiée à la mode et à la création en Polynésie française avec des défilés et des soirées organisées durant le mois de juin. (Source : Facebook Tahiti Fashion Week)
2 Service de l’Emploi de la Formation et de l’Insertion professionnelles.
3 Chambre de Commerce, d’Industrie, des Services et des Métiers.
Tehina de la Motte
Rédactrice web
© Photos : Femmes de Polynésie
Femmes de Polynésie est partenaire
du Service de l’Artisanat Traditionnel