NOËMIE : PĀHUA CRÉATIONS, LE FÉMININ DANS TOUTE SA DUALITÉ
Tombée en amour de notre douce Polynésie, cette âme d’artiste, curieuse du monde, pose ses valises à Tahiti il y a deux ans. Elle souhaite alors magnifier les trésors de la nature se trouvant sous nos yeux au travers de Pahua Créations.
Son concept : la métamorphose de coques de bénitier en objets du quotidien, beaux, sensuels, et utiles. C’est d’ailleurs au détour d’une chasse aux coquillages sur l’une de nos plages que Femmes de Polynésie la retrouve pour témoigner du message insufflé dans chacune de ces créations.
LA POLYNÉSIE, UNE IMPROBABLE ÉVIDENCE
Alors que Noëmie avait établi domicile au Canada depuis plusieurs années, elle décide de changer de vie, de revenir à des choses simples, dans un endroit reculé pour retrouver une proximité avec l’environnement et les gens qui l’entourent.
Elle jette son dévolu sur Tahiti dans l’idée d’y passer des vacances. Ses plans changent cependant du tout au tout lorsqu’elle découvre la culture, les paysages et notre mode de vie.
“Quand je suis arrivée, je me suis immédiatement sentie bien. Dès la première randonnée, les premières rencontres, j’ai senti ce fameux mana. En rentrant au Canada, j’ai eu un déclic, j’ai su qu’il fallait que je revienne. Et tout s’est aligné.”
ÂME CRÉATIVE ET VAGABONDE
Architecte d’intérieur, Noëmie est passionnée par l’art et le design. Ses mains ont sans cesse besoin de modeler la matière pour en faire quelque chose de beau, mais aussi et surtout, quelque chose d’utile.
Nos îles sont une source d’inspiration nouvelle pour la jeune femme, qui découvre avec ses yeux d’enfant ébahis l’abondance de couleurs, de matières et de ressources dont elles regorgent. Ce qui, bien souvent, nous apparaît comme une évidence, porte alors à ses yeux une tout autre valeur.
LA FEMME, FORTE ET FRAGILE
Noëmie est incapable de rester impassible face à ces nouvelles sources de créativité. Ayant accumulé de nombreux coquillages rejetés par l’océan, elle commence par expérimenter sur des coques de bénitier. Et le choix de ce support n’est pas un hasard.
Ces coquillages, dont les courbes sinueuses retracent subtilement celles de l’appareil génital féminin, sont souvent associés à la femme au sein de la sphère artistique.
“Pendant mes études de designer, on a beaucoup évoqué certaines œuvres qui ont fait polémiques, dont le fameux tableau de Botticelli : la naissance de Vénus.”
Elle relève un aspect qui la dérange : le tabou instauré autour de la femme et de son corps. Elle se sent donc investie d’une mission :
“J’ai envie de créer plus que de simples objets de décorations. Je souhaite surtout transmettre un message de liberté et désacraliser la femme et ce qui s’y rapporte.”
L’HARMONIE DANS LA CONTRADICTION
Sa coque, à l’extérieur brute et rugueuse, dissimule une face lisse et douce. On pourrait, à tort, penser qu’il suffirait d’une chute pour que la coque se brise, alors qu’en réalité, c’est un matériau d’une solidité stupéfiante.
Cette dualité, ce parfait mariage de deux notions opposées, c’est ce que Noëmie souhaite souligner et mettre en lumière.
“J’ai envie de mettre l’accent sur cette double connotation de la nature et de la femme.”
La créatrice fait de ces paradoxes sa source d’inspiration. Pour réaliser ses porte-bijoux et porte-savons, elle utilise du papier de soie, particulièrement délicat, qu’elle recouvre d’une couche épaisse de résine, ce qui permet à la coque de résister aux aléas du quotidien.
Les motifs qu’elle sélectionne sont toujours très arrondis, colorés et apportent toujours une touche supplémentaire de sensualité et de féminité.
AU RYTHME DE LA NATURE
Lorsque l’on demande à Noëmie d’où lui viennent ses idées, elle répond immédiatement que c’est la nature. Elle insiste sur un rapprochement avec la femme que la nature met encore une fois parfaitement en évidence : la diversité.
“J’ai vite remarqué une chose : la diversité des formes, des tailles et des couleurs. Certaines coques sont très profondes avec les lèvres très marquées, tandis que d’autres sont au contraire assez plates et le mouvement des lèvres reste discret. Ce sont ces différences qui rendent chaque pièce unique et originale.”
Noëmie prend le problème à l’envers et pense ses créations en fonction de ce que lui procure la nature. Les coques profondes et creuses deviennent des bougies, vide-poches ou porte-bijoux tandis que les plus petites et plates se métamorphosent en décorations de Noël. Ainsi, rien n’est perdu, tout est revalorisé.
Le champ des possibles est aussi vaste que l’océan et Noëmie reste attentive aux songes que lui susurrent suavement les vagues à l’oreille. Elle suit le courant de ses inspirations en gardant toujours le cap vers la désacralisation et la libération du corps de la femme par l’artisanat.