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Carrière

Nicole, d’une branche à une autre

Publié le 7 juillet 2022

S’il faut retenir quelque chose du parcours de Nicole, c’est qu’elle aime les défis, surtout quand il s’agit d’apprendre, de créer et de construire. En 17 ans  de services au sein de l’OPH, elle aura su s’adapter et se réinventer. Femmes de Polynésie rencontre une adepte de la création, de la vente et du nouveau. Accrochez vos ceintures !

Envie d’évasion

Quand elle passe son baccalauréat au lycée La Mennais, Nicole ne souhaite qu’une chose : partir découvrir le monde.

«  Mon BAC a été mon passeport international. J’étais consciente qu’on habitait une île, et j’avais cette soif d’ouverture d’esprit. J’avais une forte envie d’évasion. »

Malgré la création de l’Université de la Polynésie française en 1986, Nicole met tout en œuvre pour partir. C’est à Nice qu’elle va élire domicile pendant quelque temps. Son premier été, sac au dos, tel un globe-trotter, la voilà parcourant tout le sud de l’Europe.

« Je cherchais n’importe quelle filière. À partir du moment où l’UPF ne la proposait pas, c’était bon. J’ai choisi Nice, car c’était l’endroit où il y avait le moins d’étudiants polynésiens. À l’époque il n’y avait pas d’association AEPF¹ dans cette ville, et je n’avais pas envie de me retrouver « embringuée » à la moindre occasion. »

En 4 ans, elle décroche sa maitrise et de là, curieuse, elle se jette dans le monde professionnel avec encore l’objectif de découvrir.

« Je savais qu’en Polynésie, nous n’étions pas imposés sur les revenus, et j’ai voulu voir ce que ressentait le français lambda face aux impôts. J’ai travaillé à la Banque Populaire de la Côte d’Azur. C’était très enrichissant, mais finalement, je n’ai pas accroché au système. »

Au moment de sa titularisation à la banque, et à la surprise totale de son directeur, devant toute l’assemblée, Nicole, affirme :

«  Je suis désolée, mais je veux rentrer chez moi. »

De branche en branche

De retour à Tahiti, Nicole retrouve du travail assez facilement. Elle reste un an à la Banque de Tahiti où pour des raisons de renouvellement de CDD et de salaire, elle n’y trouve pas son compte. Puis, le secteur public frappe à la porte alors que le poste de directrice générale des services est à pourvoir à la mairie de Hitia’a O Te Ra.

«  Je ne savais pas ce qu’était une commune. Pour moi, c’était vague. Mais l’entretien avec le maire s’est bien passé. Et je lui ai dit en clair ‘’à toi la politique et à moi l’administratif.’’ »

S’en suit « un apprentissage sur le tas », qui va voir Nicole œuvrer pour la commune de Hitia’a O Te Ra pendant 9 ans.

« J’ai appris ce qu’était la vie d’une collectivité. C’était la gestion des élections, des pompiers, de la police, de l’eau, des poubelles, des écoles… Je me suis réellement épanouie, spécialement dans, les grosses opérations d’investissements et notamment le bâtiment et les constructions d’ouvrages publics. »

Mais voilà, Nicole aime bouger et une nouvelle branche se présente à elle.

« Je me reconnaîs dans mon signe astrologique. Tout comme le singe, je me déplace de branche en branche. J’arrive toujours à me raccrocher et je vais toujours de l’avant. »

Un revirement total, car elle devient commerciale dans le département des véhicules industriels chez Tahiti Automobile, Mercedes Benz. Elle met en œuvre de gros marchés, dont celui des transports en commun en Polynésie.

« J’étais une bonne commerciale. Pendant mon entretien avec le directeur, comme argument, je lui ai affirmé que je n’avais pas besoin d’être mécanicien et que je pouvais vendre des bus climatisés aux Australes (au climat pourtant réputé frais). Et ça a été l’une de mes premières ventes (rires). »

Toujours dans l’avancée, Nicole va user de ses capacités de vente quand elle rentre à l’Office Polynésien de l’Habitat en 2005.

«  On vendait les Kits Fare OPH. Je me disais que si je pouvais vendre un camion je pouvais vendre un fare… Ces kits se vendaient très bien. On vendait en moyenne 10 kits par mois. »

Une aussi bonne moyenne amène le pays à vouloir lever le pied sur la vente par souci de concurrence déloyale envers les entreprises locales.

« Je me suis sentie bridée. Je comprends, mais cela m’a menée à changer de service. »

Ce qui la propulse au bureau des marchés publics où elle se complait dans la négociation.

« Au service des marchés publics, je me suis éclatée pendant 8 ans, car j’adore la communication, le dialogue, surtout dans la négociation. »

« La tour de contrôle de l’OPH »

En 2016, Nicole se lance dans le contrôle interne quand un poste est créé au sein de l’OPH. Pour elle, il est encore question de mouvement.

« Le Contrôle interne, ce n’est pas seulement le fait de contrôler. C’est avant tout de s’assurer que tous les services, toutes les tâches se font correctement, dans le respect des procédures et de la réglementation en toute transparence et équité dans le but de maitriser nos activités. »

Au départ, un peu réticents, les employés aujourd’hui  sont eux-même demandeurs.

« C’est avant tout pour eux. Car une procédure améliorée fait place à de meilleures conditions de travail. Ces points sont purement professionnels. La finalité, c’est la satisfaction d’un travail bien fait. »

À grande échelle, le travail devient plus fluide et les objectifs sont atteints.

Avec 17 années dans le domaine du logement social, c’est sans doute aussi dans sa passion pour la cuisine que Nicole attise son besoin de nouveau et de créativité.

« J’adore cuisiner, d’ailleurs j’essaye de cuisiner un peu de tout, quitte à revisiter ou inventer des plats. J’apprécie également tout ce qui est bricolage, car j’aime créer. »

Adjointe au Maire de Arue pendant quelques années, bien que la politique ne lui plaise pas, Nicole a également aimé donner de son temps pour sa commune et ses administrés. Désormais loin des couloirs politiques et communaux, Nicole nous partage le leitmotiv qui s’applique dans sa cuisine, son parcours professionnel et sa vie en général :

« On ne dit pas qu’on n’aime pas, tant qu’on n’a pas goûté. »

¹ Association des étudiants de Polynésie Française

Niuhiti Gerbier

Rédacteur

©Photos : Niuhiti Gerbier et Nicole Chagne-Edmunds pour Femmes de Polynésie

Pour plus de renseignements

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