Boogie Guéniot : ostéopathe confidente de l’âme
C’est dans sa maison d’enfance de Mahina que Boogie a ouvert son cabinet d’ostéopathe. Elle a accepté de nous y accueillir et nous invite à découvrir son univers. Femmes de Polynésie a pu capter sa passion pour son métier et son parcours, guidée par l’envie de partager et d’aider.
LE SOCIAL ET L'HUMAIN, SON ADN
Originaire de Mahina, Boogie grandit entourée de ses parents et de sa sœur. Depuis l’enfance, elle a toujours aimé les échanges humains, écouter les gens et découvrir leur façon de penser.
« J’ai toujours été touchée par les histoires de vie des gens, les expériences que l’on peut s’apporter mutuellement. »
À 17 ans, elle part, direction Bordeaux, afin de suivre des études d’éducatrice spécialisée, objectif de longue date.
LA DÉSILLUSION
Elle aime réellement ce qu’elle fait dans le cadre de ses études, mais se rend compte dès le début que c’est un milieu très dur.
« Ça m’a beaucoup appris sur la vie. En ayant grandi à Tahiti, dans de bonnes conditions, tu ne sais pas ce qui se passe ailleurs. »
Les situations familiales dont elle est témoin et les expériences difficiles qu’elle doit dénouer pèsent de plus en plus sur ses épaules. C’est cependant la rigidité du système mal adapté qui a finalement raison de son engouement pour ce métier.
« Ça a été une grosse désillusion pour moi, j’ai stoppé deux mois avant le diplôme.
J’étais trop touchée. »
Elle choisit d’arrêter et de lâcher prise. Sa famille ne comprend pas sa décision et son père essaie de la faire réfléchir.
« Mon père m’a dit : repense à tes premiers amours, les premières choses qui t’ont animée quand tu étais enfant. Pourquoi ne ferais-tu pas médecine ? »
Mais pour elle, reprendre des études en médecine est impensable.
L'OSTÉOPATHIE, LA RENCONTRE INATTENDUE
C’est en accompagnant sa sœur à une consultation chez l’ostéopathe que la magie opère. L’ostéopathe lui demande comment elle se sent. Elle lui confie qu’elle a de grosses migraines depuis plusieurs mois.
La praticienne jette un œil, puis en une manipulation, lui débloque une cervicale. Dès lors, Boogie n’a plus de migraines. Cette rencontre inattendue est une révélation.
UN NOUVEAU DÉPART
À 24 ans, armée d’un baccalauréat littéraire, Boogie reprend le chemin de l’école pour étudier l’ostéopathie. Grâce à sa persévérance et son travail, elle obtient son diplôme, après 5 ans d’études.
Boogie ne se voit pas ouvrir son cabinet autre part qu’à Tahiti. Elle revient alors dans sa maison familiale, où elle choisit d’installer son cabinet.
« J’ai ouvert mon cabinet à Mahina, c’était choisi.
Je suis de Mahina et j’y ai grandi. C’était important pour moi d’ouvrir mon cabinet là-bas. »
L'HUMAIN AU CŒUR DE SON MÉTIER
Son retour au fenua lui permet de se reconnecter à ses passions dont le ‘Ori tahiti et d’y ajouter l’expérience gagnée durant ses dix années d’absence. Elle s’éloigne peu à peu du côté formaté acquis lors de sa formation pour développer sa propre approche de son métier.
L’expérience se forge, sa vision se précise. Elle se rend compte que les émotions, les sujets intimes, ainsi que le regard que l’on porte sur soi-même influencent nos corps.
« Nos corps ne sont pas dissociés du mental, nous sommes une unité. Nos pensées et émotions peuvent amener à des blocages dans le corps. »
Elle privilégie l’échange, remet des sujets tabous au centre des conversations. Elle est particulièrement sensible aux problématiques touchant la femme, comme l’endométriose, le cycle hormonal, la grossesse ou le post-partum.
« La place de la femme est hyper importante. J’ai beaucoup de femmes en consultation. Je les sens libres de parler de sujets plus intimes, se sentant peut-être plus comprises. »
Boogie est également très à l’écoute de sa patientèle masculine.
« Je ne veux pas exclure les hommes de ma façon de traiter. J’aime beaucoup les consultations avec eux, c’est très différent. »
Dans son cabinet en bord de mer, Boogie guérit les maux physiques et souhaite offrir à ses patients un moment de douceur, en sécurité.
« C’est important pour moi de faire en sorte que si quelqu’un a envie de parler de ses difficultés, il soit assez à l’aise pour le faire dans mon cabinet. »
Hina Teata–Carreel
Rédactrice
©Photos : Hina Teata–Carreel pour Femmes de Polynésie