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    Dans les nœuds de Vaea, au coeur de ses macramés

    Publié le 16 décembre 2021

    Le vent se lève, faisant grincer les pins qui tanguent au rythme étourdi du niuhiti¹ incessant. Femmes de Polynésie s’est élancé dans le courant frais de Mahina pour voltiger aux côtés de Vaea, une femme de douceur et de création. À la rencontre et à l’écoute d’une reconversion, d’une flamme vacillante ne cessant d’évoluer dans un environnement en perpétuelle évolution, au gré des vents et de ce qui lui est offert.

    L'HÔTELLERIE PUIS LA RECONVERSION

    Enfant de Mahina, son cœur s’élève à l’Est, lorsque la bruine matinale s’appose sur les feuilles du verger. Elle grandit dans une famille où frère et sœur unis, s’élancent dans des voyages, créant un amour pour l’inconnu et la découverte.

    « J’ai toujours eu cette envie de bouger. En ce moment je suis ici mais peut-être que dans 2 ans je serais autre part et ça ne m’étonnerait pas. »

    L’esprit ouvert, elle prend le courant de la brise qui s’offre à elle dans le milieu de l’hôtellerie, faisant suite à ses études.

    « J’ai été acceptée dans des écoles de commerce en France et 2-3 mois avant de partir, je suis allée en Australie. J’ai fait ce choix alors que je ne connaissais rien ni personne. »

    En marche vers son voyage inattendu, elle se forme et forge son expérience dans l’hôtellerie de luxe.

    « C’était vraiment les 5 meilleures années de ma vie car j’avais à peine 18 ans, je partais de la maison et j’ai appris à être indépendante. »

    LE COVID ET LE MACRAMÉ

    Toute sa vie, l’hôtellerie l’a suivie jusqu’à l’année 2020 où le Covid lui offrit l’opportunité de réfléchir et de se remettre en question.

    « J’ai décidé de quitter l’hôtellerie parce qu’avec l’année passée et la fermeture des hôtels, c’était assez compliqué. »

    Et c’est durant une quarantaine effectuée au Canada qu’elle développe sa future passion.

    « Je me suis retrouvée toute seule dans mon appartement à me demander ce que j’allais faire pendant 15 jours. Je suis allée sur Amazon² où j’ai commandé des cahiers de coloriage et des cordes. »

    Sa créativité endormie s’agite et s’aiguise de jour en jour, faisant naître en elle un bien-être dans une activité manuelle qui, jadis, était impensable.

    « Comme pour beaucoup de personnes, le Covid m’a permis de prendre du recul et de réfléchir à ce que je voulais faire. J’ai trouvé une passion qui m’embrase avec patience et amour. »

    Sa technique se complexifie, rythmée par les commandes et les encouragements de son entourage. 2021 est un second chant de gong pour l’inciter à revenir sur sa terre natale avec une nouvelle activité professionnelle en mains.

    L’ÉPANOUISSEMENT DANS LA CRÉATIVITÉ

    De retour sur le Fenua, son entreprise de macramé naît. La confiance de ses clients lui insuffle une quiétude et lui permet de créer des pièces uniques.

    « J’ai commencé avec une petite pièce murale décorative, j’ai continué avec des suspensions pour plantes. Puis j’ai fait plus gros et plus compliqué comme des têtes de lit. »

    Elle continue à s’ouvrir à d’autres formes de macramé en créant des sacs et des pochettes, des objets dont l’élément de base est choisi pour sa qualité de son coton bio recyclé.

    « La pression est différente parce que je ne peux m’en vouloir qu’à moi si j’ai du retard. Ça m’apprend à gérer mon temps. »

    Pour Vaea, le macramé est un moment pour elle, la mettant dans un état méditatif où l’environnement dans lequel elle évolue n’est plus, un espace-temps où le lâcher prise est un psaume antique.

    « C’est vraiment ce que je vais ressentir autour de moi qui va m’inspirer. Lorsque je m’abandonne en montagne, je prends souvent un temps pour la méditation et ça m’inspire. »

    Vaea se démarque par sa différence dans sa recherche sempiternelle à se renouveler, mariant des composants locaux, miroir de ce que la nature peut lui offrir, écho de ses origines.

    « Quand je suis devant mon bout de bois, je me laisse porter par l’inspiration du moment. Je crée au fur et à mesure car j’ai beau me préparer avec des croquis, le résultat n’est jamais ce qui est prévu ! »

    Ce qui peut néanmoins lui manquer, c’est le contact avec les personnes. Mais les salons lui permettent de retrouver cette flamme sociale.

    « J’ai commencé avec le salon de la beauté et du bien-être cette année. C’était un vrai bonheur de rencontrer des gens, de communiquer et vendre mon produit. »

    Alors, dans un souffle de courage, Vaea nous quitte avec ces quelques mots, source d’une force d’âme.

    « Fais ce qu’il te plaît et ce qui te correspond, sans te mettre la pression. Sois la personne que tu es réellement. Il ne faut pas avoir peur du regard de la société et de ce qui est normalisé. »

    ¹ Vent d’Est Nord Est

    ² Entreprise de commerce en ligne.

    Manutea Rambaud

    Rédactrice

    ©Photos : Manutea Rambaud pour Femmes de Polynésie

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